Monique Olivier : condamnée à la perpétuité, pourra-t-elle un jour sortir de prison ?

Monique Olivier : condamnée à la perpétuité, pourra-t-elle un jour sortir de prison ? Aujourd'hui âgée de 75 ans, l'ex-épouse du violeur et tueur en série Michel Fourniret a été condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 20 ans.

Le verdict est tombé. Après trois semaines de procès, Monique Olivier a été condamnée ce mardi 19 décembre 2023 à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 20 ans et non de 22 ans, comme cela avait été requis lundi. Sur le papier, Monique Olivier, qui est aujourd'hui âgée de 75 ans, ne devrait donc pas pouvoir sortir avant 2043 et ses… 95 ans. Encore faut-il qu'elle vive jusqu'à ce grand âge. Mais il est néanmoins possible pour un condamné de demander une libération conditionnelle durant la période de sûreté. 

Ainsi, selon l'article 720-1-1 du Code de procédure pénale, un condamné dont l'état de santé, physique ou mental, ne serait plus compatible avec les conditions de détention peut bénéficier d'une suspension de la peine. La décision se base sur un certificat médical délivré par le médecin de la structure sanitaire où le condamné est pris en charge. À l'inverse, cette mesure de suspension peut être révoquée par le juge dans le cas où le détenu ne remplit plus les conditions de la mise en suspension.

Jugée pour complicité dans les affaires Marie-Angèle Domèce, Joanna Parrish et Estelle Mouzin

Depuis le 28 novembre dernier, Monique Olivier comparaissait devant la cour d'assises des Hauts-de-Seine à Nanterre pour complicité dans les enlèvements et meurtres de Marie-Angèle Domèce, de Joanna Parrish et d'Estelle Mouzin. Certaines affaires sont vieilles de trente-cinq ans et les familles des victimes attendaient encore parfois des réponses. Son ancien mari, Michel Fourniret, étant décédé en 2021, Monique Olivier a comparu seule devant la cour d'assises. 

L'accusée de 75 ans a apporté peu d'éléments nouveaux au cours des trois dernières semaines. Elle a principalement livrée des réponses confuses et prétexté que sa mémoire lui faisait défaut. Elle a en revanche exprimé des regrets et présenté ses excuses aux familles ce mardi pour sa dernière prise de parole avant le rendu du verdict : "Je demande pardon aux victimes, aux familles des victimes tout en sachant que c'est impardonnable tout ce que j'ai fait."

Les questions qui demeurent encore en suspens à ce jour concernent les affaires d'Estelle Mouzin, âgée de 9 ans lors de sa disparition en 2003, et de Marie-Angèle Domèce décédée en 1988, dont les corps n'ont jamais été retrouvés. Bien que la question lui a été posée maintes fois, l'accusée a toujours affirmé ne pas savoir où se trouvent les corps des deux femmes et a ajouté qu'elle l'aurait communiqué si elle le savait. Des imprécisions persistent aussi sur les circonstances du décès des deux enfants. Présent au procès, le père d'Estelle, Éric Mouzin, a confié à la presse ce lundi 18 décembre que les parties civiles n'avaient "pas eu toutes les réponses". Il a également ajouté, comme relayé par franceinfo : "Mais nous savions que ces réponses étaient dures à obtenir." 

La peine maximale requise lundi

Lundi, les avocats généraux avaient réclamé la réclusion criminelle à perpétuité avec l'ajout d'une période de sûreté de vingt-deux ans, soit la peine maximale, "au vu de la gravité exceptionnelle des faits commis, de la nécessaire protection de la société". L'avocate générale a déclaré : "Madame Olivier, vous n'êtes pas complice à ce moment-là, vous êtes auteure du choix de vous taire." Me Seban, l'avocat des familles Parrish et Mouzin, a pris la parole après les réquisitions du ministère public : "C'est la peine maximale qui a été demandée, parce que les crimes commis le justifient. Pour moi, les réquisitions du parquet vont dans le sens de ce que demandaient les familles de victimes que je représente."

Le verdict de ce mardi 19 décembre vient s'ajouter aux précédentes condamnations attribuées à Monique Olivier. Elle a en effet déjà été condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité avec une période de sûreté de 28 ans en 2008 par la cour d'assises des Ardennes. Une sentence qui faisait suite à sa complicité dans le meurtre de quatre personnes et un viol commis par son ex-mari. Lors d'un autre procès tenu en 2018 à la cour d'assises des Yvelines, l'accusée avait également été condamnée à 20 ans de prison, elle était alors âgée de 70 ans.