Evasion de Mohamed Amra : les complices motivés par l'argent ?

Evasion de Mohamed Amra : les complices motivés par l'argent ? Quelque 350 enquêteurs traquent le moindre indice permettant de retrouver le commando qui a attaqué le convoi pénitentiaire dans l'Eure, mardi 14 mai, pour libérer Mohamed Amra. Les motivations de ses complices posent question.

Les images ont terrifié la France, mardi 14 mai. Des assaillants munis d'armes lourdes ont ouvert le feu sans sommation sur des agents pénitentiaires dans l'attaque de deux fourgons pénitentiaires transportant le détenu Mohamed Amra à un péage d'Incarville dans l'Eure. En quelques minutes, le commando tue deux agents, Fabrice Moello et Arnaud Garcia, et en blessent grièvement trois autres, avant de prendre la fuite avec le prisonnier. Mohamed Amra et ses complices sont en cavale. La traque des fugitifs ne fait que commencer. Une opération minutieusement préparée, mais l'on ignore encore les motivations du commando. Gérald Darmanin a indiqué que 350 enquêteurs sont mobilisés pour rechercher les auteurs de cette attaque. Le lendemain, Interpol a diffusé une notice rouge à la demande des autorités françaises. 

Si le moindre indice permettant de retrouver le commando est recherché par les enquêteurs, les raisons de cette évasion restent, pour le moment, inexpliquées. Un avocat, qui a auditionné Mohamed Amra quelques jours avant l'attaque de son fourgon, s'interroge. "Il ne m'a pas paru comme quelqu'un bénéficiant encore de liquidités susceptibles d'être mobilisées pour pouvoir organiser ça, et donc je m'interroge si en réalité il ne serait pas un élément essentiel au grand banditisme, qui aurait eu besoin de le récupérer pour l'interroger sur un sujet. Si l'objectif c'était de l'empêcher de parler, il l'aurait tué sur place", explique Maitre Grégory Kagan, avocat au barreau de Paris auprès de France 3.

Plusieurs motivations possibles

Les enquêteurs disposent de divers éléments pour leurs investigations : le bornage des téléphones, l'audition des proches et anciens codétenus de Mohamed Amra, ou encore les analyses ADN sur les lieux de l'attaque. "Les complices ont déployé beaucoup de moyens. Ce qui veut dire soit que c'est quelqu'un digne d'intérêt, soit qu'il ne doit pas être en prison pour maîtriser un certain nombre de choses. Même s'il n'est pas défini comme un caïd de première, c'est quand même un mec qui doit avoir une importance notable", précise une source à 20 minutes.

Pour le journaliste Brendan Kemmet, trois motivations pourraient expliquer le passage à l'acte du commando. La première est liée à l'amitié avec "d'anciens camarades prêts à risquer leur vie ou des années de prison pour faire ça", indique le spécialiste du banditisme et des affaires criminelles auprès de 20 minutes. La deuxième motivation, "c'est celle d'une rémunération". "Il peut s'agir de gens payés pour faire ça. On sait que le trafic de drogue génère énormément d'argent. Or, on trouve des tueurs dans les rues de grandes villes de France employables pour pas très chers, comme on l'a vu notamment dans l'affaire Pastor ", poursuit-il. Dernière option avancée par le spécialiste, un "retour de service".  "On peut imaginer qu'il s'agisse d'un retour de service. C'est une piste qu'il ne faut pas oublier. On ne sait pas quels services Mohamed Amra a pu rendre dans sa carrière", souligne Brendan Kemmet.