Trump officialise son souhait de ravir le Groenland, que peuvent faire la France et l'UE pour l'en empêcher ?

Trump officialise son souhait de ravir le Groenland, que peuvent faire la France et l'UE pour l'en empêcher ? Donald Trump a répété ses ambitions expansionnistes concernant le Groenland. "D'une manière ou d'une autre, nous l'obtiendrons", a-t-il assuré devant le Congrès américain. Des velléités combattues par l'UE, dont la France.

Donald Trump n'a jamais caché ses ambitions sur le Groenland. Devant le Congrès, ce mardi 4 mars 2025, le président américain a une nouvelle fois fait part de son désir d'annexer l'île. Ce dernier entend récupérer cette terre de glace "d'une manière ou d'une autre". Grand comme quatre fois la France, ce territoire attire les convoitises d'abord pour les ressources minières dont il dispose, mais pas que.

"J'ai également un message à adresser ce soir à l'incroyable peuple du Groenland. Nous soutenons fermement votre droit à déterminer votre propre avenir et, si vous le souhaitez, nous vous souhaitons la bienvenue aux Etats-Unis d'Amérique", a lancé l'ex-magnat de l'immobilier. Pour rappel, la plus grande île arctique est pour l'instant un territoire autonome danois. 

"Nous en avons vraiment besoin pour la sécurité internationale et je pense que nous allons l'obtenir", abondait Trump dans son premier discours de politique générale depuis son retour au pouvoir le 20 janvier dernier. "Nous assurerons votre sécurité, nous vous rendrons riches et, ensemble, nous mènerons le Groenland vers des sommets que vous n'auriez jamais imaginés possibles", a-t-il promis. Le 11 mars prochain, des élections législatives se dérouleront au Groenland. Les revendications indépendantistes des habitants inuits du territoire pourraient justement donner du crédit aux appels du pied à répétition de Donald Trump.

Une situation géostratégique idéale et un sol (très) riche

Au Groenland, les Etats-Unis ont déjà une base aérienne et spatiale, qui avait été autorisée en pleine guerre froide par le Danemark, allié de Washington. Le Groenland est aussi géographiquement stratégique, alors qu'il est situé sur la route la plus courte entre l'Amérique et l'Europe. Justement, cet espace maritime représente un enjeu fondamental pour Donald Trump. Avec la fonte des glaces, ce genre de passages permettra de raccourcir les distances à l'échelle mondiale. D'où l'intérêt pour les Etats-Unis de disposer d'un tel territoire pour le transport naval et le commerce. Ces nouvelles routes "pourraient réduire les temps d'acheminement entre l'Amérique du Nord, l'Europe et l'Asie de 30 % à 50 %", indique Forbes.

Mais cet acharnement de Donald Trump sur le Groenland - qui avait déjà fait une offre similaire en 2019 - a de quoi agacer le gouvernement danois. "Nous ne sommes pas à vendre," assurait en décembre dernier le Premier ministre du Groenland. Le ministre danois de la Défense, Troels Lund Poulsen, annonçait lui l'augmentation considérable des dépenses de défense pour l'île, équivalant à 1,5 milliard d'euros.

Mais ce n'est pas tout. Le Groenland, c'est aussi d'importantes réserves d'hydrocarbures et des gisements de terres rares comme du dysprosium et du néodyme, utilisés pour "fabriquer ou presque, des téléphones portables aux voitures en passant par les équipements militaires", selon The Wall Street Journal. D'après le quotidien américain, l'île "détient 1,5 million de tonnes de réserves de ces matériaux, ce qui n'est pas loin des 1,8 million de tonnes des Etats-Unis". Forbes ajoute de son côté que si les Etats-Unis venaient à faire main basse sur le Groenland, ils pourraient réduire nettement leur dépendance "à l'égard de la Chine qui contrôle actuellement plus de 80 % de la production mondiale de terres rares". 

Les mises en garde franco-allemandes

Que peuvent bien faire la France et l'Union européenne pour tenter de raisonner la président américain et l'empêcher de ravir le Groenland ? La question est délicate et freiner les velléités expansionnistes de la première puissance mondiale n'est pas une mince affaire. Le chancelier allemand Olaf Scholz a déclaré que "le principe de l'inviolabilité des frontières s'applique à tous les pays... qu'il soit très petit ou très puissant".

De son côté le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot rappellait en janvier que "les frontières de l'Union européenne ne sont pas négociables" et que "si le Danemark sollicite la solidarité des États membres de l'UE, la France répondra présente". "Faut-il se laisser intimider et s'inquiéter, ce n'est clairement pas le cas. Il faut se réveiller, se renforcer", lançait-il.

Malgré des sorties plutôt autoritaires, hostiles au président Trump, il est "difficile d'imaginer comment l'UE pourrait empêcher toute attaque potentielle. Elle ne dispose d'aucune capacité défensive propre et là plupart de ses 27 Etats membres font partie de l'OTAN"... comme les Etats-Unis, rappelle la BBC. D'autant plus que Donald Trump n'exclut pas de recourir à la force militaire pour s'emparer du Groenland : "Non, je ne peux vous garantir ni sur l'un, ni sur l'autre", l'autre étant le canal de Panama, tout aussi convoité par les Etats-Unis. Malgré les mises en garde de la France et de l'Allemagne, la marge de manœuvre de l'UE apparaît aujourd'hui toute relative face à la force de frappe démesurée américaine.