Boualem Sansal gracié : une libération "retardée" à cause de Retailleau, accuse une source algérienne

Boualem Sansal gracié : une libération "retardée" à cause de Retailleau, accuse une source algérienne L'Algérie "accepte" de gracier l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, emprisonné depuis un an, indique la présidence du pays ce mercredi. Un dossier dans lequel Bruno Retailleau est ciblé par le pouvoir algérien.

L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal a été gracié ce mercredi 12 novembre par le président Abdelmadjid Tebboune. L'auteur de 80 ans était emprisonné depuis le 16 novembre 2024 pour "atteinte à l'unité nationale", "outrage à corps constitué", "pratiques de nature à nuire à l'économie nationale" et "détention de vidéos et de publications menaçant la sécurité et la stabilité du pays", et à 500 000 dinars d'amende (environ 3 500 euros).

Lors de sa condamnation en appel en juillet dernier, il était reproché à Boualem Sansal d'avoir défendu l'idée selon laquelle l'Algérie avait hérité de territoires appartenant initialement au Maroc lors de la colonisation française. Une injure pour Alger en conflit avec le Maroc depuis des années pour des questions territoriales. Le cas de Boualem Sansal a fait couler beaucoup d'encre depuis son arrestation par les autorités algériennes à son arrivée dans le pays le 16 novembre 2024. Depuis cette date, l'écrivain était retenu soit dans la prison de Kolea, soit dans l'unité de soins de l'hôpital Mustapha-Pacha d'Alger où il recevait un traitement pour son cancer de la prostate.

Sébastien Lecornu exprime le "soulagement" du gouvernement

Auprès de l'Agence-France-Presse (AFP), les avocats français de Boualem Sansal se sont exprimés ce mercredi après-midi. Ils se disent "heureux que l’humanité ait prévalu sur toute autre considération (...) Nous accueillons avec une profonde satisfaction la nouvelle de (sa) libération, après l’épreuve d’une trop longue détention. Nous avons toujours été convaincus que le sort de Boualem Sansal devait être dissocié des aléas diplomatiques", indiquent Me Pierre Cornut-Gentille et François Zimeray. "J’étais un petit peu pessimiste parce qu’il est malade, il est vieux et qu’il pouvait mourir là-bas. J’étais pessimiste mais j’y ai toujours cru. J’ai gardé l’espoir que ça arrive un jour" a de son côté déclaré à l'AFP, l'une des filles de Boualem Sansal par téléphone.

Le Premier ministre de la France, Sébastien Lecornu, a aussi pris la parole devant les députés ce mercredi après l'annonce de la grâce de l'écrivain Boualem Sansal par Alger. Le locataire de Matignon a exprimé son "soulagement à l’annonce des autorités algériennes, d’avoir gracié Boualem Sansal", souhaitant que l'homme de 80 ans "puisse rejoindre ses proches au plus vite" et "être soigné". Le chef du gouvernement remercie "du fond du cœur celles et ceux qui ont contribué à cette libération, fruit d’une méthode faite de respect et de calme".

L'Allemagne et l'Algérie, deux "pays amis"

Aujourd'hui, l'Algérie confirme sa décision de gracier Boualem Sansal, presque un an jour pour jour après le début de sa détention. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'Allemagne a joué un rôle décisif dans cette grâce. "Un tel geste serait l'expression d'une attitude humanitaire et d'une vision politique à long terme. Il refléterait ma relation personnelle de longue date avec le président Tebboune et les bonnes relations entre nos deux pays", déclarait ce lundi le chef de l'Etat allemand, Frank-Walter Steinmeier, dans un communiqué. 

Il a également proposé que Boualem Sansal soit "transféré en Allemagne pour y recevoir des soins médicaux", au vu de son âge avancé et de son état de santé, précise Le Figaro. Justement, un avion de l’armée allemande - numéro GAF630 - a décollé de Berlin pour Alger, mercredi après-midi, d'après un site de renseignement en source ouverte. Pour rappel, Abdelmadjid Tebboune doit se rendre en Allemagne pour une visite d'Etat début 2026, accentuant la fréquence des contacts entre l'Allemagne et l'Algérie. De plus, toujours selon une information du quotidien, l'Allemagne est considéré par l'Algérie comme un "pays ami" et "le meilleur partenaire consensuel pour clore ce dossier. Abdelmadjid Tebboune s'était par exemple fait soigner en Allemagne pendant l'épidémie de Covid.

Cette décision concernant Boualem Sansal est également l'aboutissement d'un travail diplomatique de longue haleine mené conjointement par Berlin et Paris. Jusqu'à présent, aucune demande de libération ou de grâce formulée par la France, y compris par Emmanuel Macron, n'avait été entendue par le président algérien. Le 1er juillet dernier, déjà, l'ancien Premier ministre français, François Bayrou, disait espérer "des mesures de grâce" de la part du président algérien. Il déplorait une "situation que tous les Français et le gouvernement français trouvent insupportable, à juste titre".

"Uniquement à cause des attaques répétées de Bruno Retailleau"

On apprend justement ce mercredi, jour de l'officialisation de la grâce de Boualem Sansal que les relations diplomatiques entre la France et l'Algérie ont pu retarder la décision d'Alger en faveur de l'écrivain de 80 ans. "Si cette libération a tardé, c’est uniquement à cause des attaques répétées de Bruno Retailleau lorsqu’il était ministre de l’Intérieur, mais aussi des prises de position de la droite et de l’extrême droite françaises, largement relayées par leurs médias", déplore plusieurs sources proches du pouvoir algérien, auprès du journal Le Figaro.

Depuis de longs mois, les relations entre Paris et Alger se sont enlisées au point de devenir plus que tumultueuses, rendant une libération de l'écrivain franco-algérien impossible. Également auprès du Figaro, Bruno Retailleau a cependant défendu mercredi soir sa ligne, "celle de la fermeté, de la défense des intérêts français comme de l’honneur de la France". Avant de déplorer : "Malheureusement, au plus haut sommet de l’État, cette ligne ferme n’a pas été suivie." Par ailleurs, Bruno Retailleau n'a pas jugé exact le fait que son action au ministère de l'Intérieur ait conduit à l'interruption des relations sécuritaires avec l'Algérie. "Avant même mon arrivée à Beauvau, la coopération entre nos services n’existait plus", s'est-il défendu.

Selon ces mêmes sources proches du pouvoir algérien, la remise en liberté de Boualem Sansal figurait depuis longtemps parmi les options envisagées. Alors, tant pis si la France ne récolte pas le fruit de son travail diplomatique mené de pair avec l'Allemagne. Tant pis si la France reste celle qui a "juste tenu un dialogue exigeant" avec l’Algérie, déclarait le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, la semaine passée. "Ceux qui font croire aux Français que le bras de fer et la méthode brutale sont la seule solution, la seule issue, se trompent" veut toujours croire le ministre de l'Intérieur, Laurent Nuñez. Justement, ce dernier a été invité en Algérie par son homologue homologue Saïd Sayoud avec l'objectif de rompre avec la stratégie agressive menée par Bruno Retailleau jusqu'alors. Voilà, peut-être, les prémices d'une relation un tout petit peu plus apaisée.

Lundi dernier, le patron de la DGSI, Nicolas Lerner reconnaissait au micro de France Inter avoir "des signaux qui viennent de la partie algérienne sur la volonté de la reprise du dialogue". "La France y est prête, elle a toujours été prête, à ses conditions", rappelait-il. De plus, les allers-retours entre Paris et Alger ont repris pour certains responsables français, "dont bientôt celui de la secrétaire générale des Affaires étrangères, Anne-Marie Descôtes", révèle Le Figaro. De quoi gagner en optimisme.

Dernières mises à jour

23:30 - Bruno Retailleau, responsable ? Il tempère

"Quand j’entends que c’est mon action au ministère de l’Intérieur qui a conduit à l’interruption des relations sécuritaires avec l’Algérie, ce n’est pas exact : avant même mon arrivée à Beauvau, la coopération entre nos services n’existait plus", estime ce mercredi soir encore Bruno Retailleau dans les colonnes du Figaro. Et de renchérir : "Pire : les services algériens considéraient la France comme leur terrain de jeu. Je rappelle qu’ils ont tenté d’enlever un opposant sur notre sol." Pour Bruno Retailleau, Emmanuel Macron a "une fois de plus fait du 'en même temps' : hausser un peu le ton tout en baissant pavillon, c’est illisible et donc inefficace".

21:36 - Bruno Retailleau défend sa "ligne ferme"

Alors que du côté algérien certains reprochent à l'ex-ministre de l'Intérieur d'avoir en partie contribué à retarder la libération de Boualem Sansal, Bruno Retailleau a tenu à défendre sa position mercredi soir dans un entretien accord au Figaro. "Il y a eu deux lignes politiques au gouvernement", a-t-il reconnu, évoquant "celle du 'pas de vague' diplomatique, qui est un renoncement", selon lui, et sa ligne, à savoir "celle de la fermeté, de la défense des intérêts français comme de l’honneur de la France". Bruno Retailleau le déplore : "Malheureusement, au plus haut sommet de l’État, cette ligne ferme n’a pas été suivie."

21:09 - Boualem Sansal est arrivé à Berlin

Il y a quelques minutes, l'avion transportant l'écrivain Boualem Sansal, tout juste gracié par Alger après une année de détention, a atterri à Berlin en Allemagne, apprend-on. 

20:34 - "Nous restons attentifs à la situation de Christophe Gleizes"

S'il s'est réjoui de la libération de Boualem Sansal, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a eu une pensée pour le journaliste sportif Christophe Gleizes, qui reste prisonnier en Algérie. "Boualem Sansal est libre ! J’accueille cette nouvelle avec soulagement et la satisfaction qu’une issue diplomatique et humanitaire ait pu être trouvée au regard de son âge et de son état de santé", a ainsi déclaré le ministre, avant de remercier l'Allemagne et de féliciter les diplomates et agents du ministère. Et de promettre : "Nous restons attentifs à la situation de Christophe Gleizes, dont nous espérons la libération prochaine."

20:02 - Emmanuel Macron s'est entretenu avec Boualem Sansal

Dans un communiqué, l'Élysée a révélé ce mercredi soir qu'Emmanuel Macron avait pu s'entretenir par téléphone avec l'écrivain franco-algérien. "Nous nous félicitons tous ensemble de la libération" de Boualem Sansal, déclare le palais présidentiel, insistant sur le fait que les Français ont "travaillé en transparence avec l'Allemagne", qui n'a pas agi "comme intermédiaire, mais en tiers de confiance". L'Élysée souligne par ailleurs que cette libération aura tout de même été "difficile à obtenir" au vu des "derniers mois tendus entre la France et l'Algérie".

19:31 - "C’est un immense soulagement et une très grande joie", déclare Bruno Retailleau

Alors que la libération de Boualem Sansal a "tardé" et cela, "uniquement à cause des attaques répétées de Bruno Retailleau lorsqu’il était ministre de l’Intérieur, mais aussi des prises de position de la droite et de l’extrême droite françaises, largement relayées par leurs médias", selon plusieurs sources proches du pouvoir algérien qui se sont confiées au Figaro, Bruno Retailleau lui-même s'est exprimé ce mercredi sur le retour à la liberté de l'écrivain. "Après un an de détention arbitraire, Boualem Sansal va enfin retrouver les siens et retrouver la France à laquelle il avait tant manqué. C’est un immense soulagement et une très grande joie", s'est-il ainsi réjoui sur X.

19:01 - Boualem Sansal "en route" pour l'Allemagne

Le président allemand, Frank-Walter Steinmeier, à qui l'on doit en partie la libération de Boualem Sansal ce mercredi 12 novembre a annoncé que l'écrivain franco-algérien était "en route pour recevoir des soins médicaux en Allemagne". Il a par ailleurs remercié le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, "pour ce geste humanitaire important", a-t-il fait savoir dans un communiqué, et estimé "très positif que Boualem Sansal soit libre".

18:37 - Emmanuel Macron salue la libération de Boualem Sansal

En déplacement à Toulouse ce mercredi, Emmanuel Macron a réagi à la libération de l'écrivain franco-algérien. "C'est le fruit des efforts constants de la France et d'une méthode faite de respect, de calme et d'exigence", a-t-il estimé. Remerciant le président algérien Abdelmadjid Tebboune, le chef de l'État s'est également dit "disponible" pour poursuivre le dialogue.

16:28 - "Aucun geôlier ne parviendra à embastiller la pensée humaine", se réjouit Raphael Glucksmann

"Quelle joie d’apprendre que Boualem Sansal va sortir de prison ! Et quel soulagement de savoir qu’il ne mourra pas dans une geôle pour le seul crime d’avoir parlé et écrit ! Merci à ceux qui ont œuvré à sa libération. Aucun geôlier ne parviendra à embastiller la pensée humaine", se réjouit le député européen Place publique, Raphael Glucksmann sur X.

16:20 - "Boualem Sansal est enfin libre", se félicite Yaël Braun-Pivet

Après une année d’emprisonnement arbitraire, notre compatriote Boualem Sansal est enfin libre. La liberté de penser, d’écrire, de douter et de critiquer triomphe aujourd’hui. Je salue le travail patient de celles et ceux qui ont rendu possible cette issue tant attendue, et je remercie l’ensemble des députés de l’Assemblée nationale pour leur mobilisation sans faille. Mes pensées vont à Christophe Gleizes, toujours retenu. Nous restons pleinement mobilisés pour sa libération", déclare la présidente de la Chambre basse du Parlement sur X, Yaël Braun-Pivet.

16:09 - "Le combat pour la liberté d'expression ne connaît jamais de cesse"

Dans un communiqué publié sur X, le Comité de soutien international à Boualem Sansal assure que "la nouvelle de sa libération (...) met fin à l'arbitraire de son incarcération et fait naître l'espoir qu'il pourra recouvrer la santé". "Le combat pour la liberté d'expression ne connaît jamais de cesse. La libération de Boualem Sansal n'en est pas la fin, elle lui donne sens", peut-on lire.

15:55 - Pourquoi Boualem Sansal était-il emprisonné ?

L'écrivain franco-algérien de 80 ans était emprisonné en Algérie, pour "atteinte à l'unité nationale", "outrage à corps constitué", "pratiques de nature à nuire à l'économie nationale" et "détention de vidéos et de publications menaçant la sécurité et la stabilité du pays", et condamné à verser 500 000 dinars d'amende (environ 3 500 euros). Lors de sa condamnation en appel en juillet dernier, il était reproché à Boualem Sansal d'avoir défendu l'idée selon laquelle l'Algérie avait hérité de territoires appartenant initialement au Maroc lors de la colonisation française. Une injure pour Alger en conflit avec le Maroc depuis des années pour des questions territoriales.

15:43 - Marine Tondelier remercie "ceux qui ont œuvré pour cette libération"

"Quel soulagement ! Boualem Sansal est libre après près d’un an de détention. Merci à toutes celles et ceux qui ont œuvré pour cette libération, avec calme et détermination. Une pensée pour Christophe Gleizes, toujours injustement détenu en Algérie pour avoir fait son travail de journaliste. La France doit tout faire pour sa libération", réagit de son côté Marine Tondelier, secrétaire nationale d'Europe Écologie Les Verts (EELV).

15:28 - Jordan Bardella exprime "un soulagement pour la Nation"

"La libération de l'écrivain Boualem Sansal, qui n’aurait jamais dû être emprisonné, est un véritable soulagement pour la Nation et pour ses proches. Pour rappel, le journaliste français Christophe Gleizes est toujours arbitrairement détenu par le régime algérien, et Alger devra également entendre raison sur ce dossier", écrit sur X le président du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella.

15:12 - Sébastien Lecornu dit son "soulagement"

Le Premier ministre de la France, Sébastien Lecornu, a pris la parole devant les députés ce mercredi après l'annonce de la grâce de l'écrivain Boualem Sansal par Alger. Le locataire de Matignon a exprimé son "soulagement à l’annonce des autorités algériennes, d’avoir gracié Boualem Sansal", souhaitant que l'homme de 80 ans "puisse rejoindre ses proches au plus vite" et "être soigné". Le chef du gouvernement remercie "du fond du cœur celles et ceux qui ont contribué à cette libération, fruit d’une méthode faite de respect et de calme".

LIRE PLUS