Bruno Le Roux : "Des mesures concrètes sur le service civique dans 15 jours"
Après une séquence politique chargée, le patron des élus socialistes a tenté d'expliquer comment se concrétiseront les mesures annoncées la semaine dernière par François Hollande et Manuel Valls, notamment la suppression de la première tranche de l'impôt sur le revenu ou le développement du service civique. Il a aussi livré des informations clés sur les sanctions contre les députés socialistes frondeurs, sur le calendrier de la réforme territoriale, sur l'abandon de la réforme fiscale, sur la lutte contre le terrorisme, ou encore sur la PMA.
Otage français : "L'Etat Français met tout en œuvre pour le retrouver"
Alors qu'un Français a été pris en otage par un groupuscule lié à l'Etat islamique en Algérie, Bruno Le Roux affirme que la France "met tout en oeuvre" pour le retrouver et le "tirer des griffes de ce groupe sanguinaire". "La vie d'un otage est quelque chose d'extrêmement importante" estime le député de Seine-Saint-Denis qui reprend cependant les propos du ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve : "ce ne sont pas les menaces de groupes terroristes qui dictent la politique de la France".
Frappes en Irak : "Nous serons amenés à voter à l'Assemblée"
"Les paroles demain seront des paroles de soutien", affirme Bruno Le Roux au sujet du débat sans vote organisé à l'Assemblée mercredi 24 septembre sur les frappes aériennes françaises en Irak. Si le gouvernement n'a pas besoin de la validation du Parlement pour des opérations militaires de moins de trois mois, le socialiste anticipe une "opération qui ne se passera pas en quelques jours ni en quelques semaines". Il l'affirme donc : "Nous serons amenés à voter à l'Assemblée".
Bruno Le Roux en appelle également à l'Union européenne pour apporter sa contribution à la coalition contre l'Etat islamique.
Voir aussi : "Les autres pays européens doivent nous prêter concours"
Frondeurs : "Je ne distribuerai pas les sanctions publiquement"
Après la fronde de 31 députés socialistes qui se sont abstenus lors du vote de confiance à Manuel Valls, aucune sanction formelle n'a été prise dans le groupe PS. Bruno Le Roux l'assure pourtant : "Il y aura des conséquences" pour ces rebelles de la majorité, notamment dans l'attribution des missions et des postes à responsabilités dans le groupe. "Je ne veux pas aller plus loin", dit encore Bruno Le Roux. Le chef des députés socialistes estime en effet que des sanctions "publiquement" infligées seraient autant de sanctions que "certains s'accrocheraient comme des médailles".
S'il n'est pas certain que tous les députés socialistes voteront le budget de l'Etat et le budget de la Sécurité sociale à l'automne, Bruno Le Roux affirme que la majorité sera réunie pour les faire adopter.
Voir aussi : "Il y aura une majorité pour voter le budget de la sécurité sociale"
Suppression de la première tranche de l'impôt sur le revenu : "Il n'y aura pas d'augmentation des autres tranches"
Manuel Valls a intrigué plus d'un commentateur politique en annonçant la suppression prochaine de la première tranche de l'impôt sur le revenu. Comment sera-t-elle supprimée ? Selon quelles modalités ? Quelles seront les conséquences pour les contribuables s'acquittant des tranches supérieures ? "C'est une mesure qui sera financée par une baisse des dépenses publiques [...] pas par les classes moyennes", complète le député qui affirme encore que "dans le barème de l'impôt, il n'y aura pas d'augmentation des autres tranches".
Interrogé sur la grande réforme fiscale promise par François Hollande en 2012, Bruno Le Roux se dit favorable à "une refonte globale de la fiscalité", autrement dit à la "remise à plat fiscale" telle que préconisée par Jean-Marc Ayrault en 2013. Mais le chef de file du PS au Palais Bourbon l'admet : "ce n'est pas un chantier de deuxième partie du quinquennat". Une phrase qui sonne comme la confirmation d'une réforme fiscale désormais enterrée depuis longtemps.
Voir aussi : "Il faudrait une refonte globale de notre fiscalité"
Service civique : "Je veux qu'il y ait des réponses dans les prochains jours"
Bruno Le Roux a réagi pendant l'émission à la promesse de François Hollande de muscler le service civique d'ici la fin de son quinquennat. Pour le député socialiste, il faut aller vite.
"Je trouve cette annonce particulièrement importante et je veux que nous y consacrions des moyens", a-t-il déclaré sur notre plateau, mentionnant qu'un groupe de travail avait été mis en place au sein de son groupe. Le député est prêt à trouver un moyen de financer le permis de conduire pour les jeunes effectuant un service civique : "Je regarde si nous pouvons mettre des fonds demain à disposition de l'agence nationale
qui gère le service civique". Et Bruno le Roux de prendre date : "S'il y a besoin d'un texte je le déposerai".
Réforme territoriale : le texte sur les compétences des départements "pas forcément adopté" avant les élections
Le calendrier de la réforme territoriale est de plus en plus contesté, dans les collectivités, mais aussi au Sénat, où le redécoupage des régions doit passer en seconde lecture à l'automne, avec une majorité sans doute chamboulée. "Il faut que, d'ici la fin de l'année, nous ayons déterminé le découpage des régions", martèle Bruno Le Roux, alors que les élections départementales sont fixées en mars 2015 et les régionales en décembre de la même année. Le second volet de la réforme, portant sur les compétences des collectivités - et en particulier sur celles des départements - ne sera quant à lui examiné que plus tard. Le patron des députés PS l'avoue donc : le volet compétences ne sera "pas forcément adopté" avant les départementales. De quoi parasiter la campagne ? "Ce sera projet contre projet", élude le députés de seine-Saint-Denis.
PMA : "Il n'est envisagé de légiférer sur aucun texte dans les prochains mois"
Quelques heures avant la décision de la Cour de cassation autorisant l'adoption d'un enfant issu d'une PMA à l'étranger au sein d'un couple homosexuel, Bruno Le Roux rappelait son "regret" de na pas avoir tranché cette question au moment de la loi sur le mariage pour tous. Sans attendre la décision de la Cour de cassation, il l'assurait cependant : "Il n'est envisagé de légiférer sur aucun texte dans les prochains mois".
Internet : "La loi antiterroriste n'est en rien liberticide"
La loi anti-terroriste, adoptée la semaine dernière avec un rare consensus à l'Assemblée nationale, a pourtant fait des vagues sur Internet, celle-ci autorisant le blocage administratif des sites Internet présumés dangereux, sans la décision d'un juge. Bruno le Roux, qui indique que "des précautions ont été prises", balaye les critiques. "Cette loi n'est en rien liberticide [...] On aurait tort d'être naïfs et, au prétexte de liberté, autoriser ce qui se retournerait contre nous."
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#DirectPolitique avec Bruno Le Roux
Jamais sans doute rentrée politique n'aura été si difficile pour un chef de l'Etat et une majorité. Au déballage médiatique sur sa vie privée, François Hollande a vu se succéder sous ses yeux une nouvelle série d'indicateurs illustrant la dégradation de la France sur le plan économique et social puis un vote à l'Assemblée qui, tout en actant une confiance de façade à la politique de son gouvernement, laissait transparaitre une nette défiance chez les élus présents. Il s'est ensuite employé à faire bonne figure face à des journalistes qui, tout en soulignant son talent de débatteur lors de sa conférence de presse semestrielle, sont tous repartis sans avoir été convaincus sur le fond. François Hollande a enfin vu son poids médiatique fondre instantanément quand le retour de Nicolas Sarkozy a été annoncé sur toutes les ondes et tous les plateaux.
Le chef de l'Etat peut-il encore donner un second souffle à son quinquennat à mi-parcours ? Comment répondre à la réelle défiance des Français contre la politique menée depuis plus de deux ans ? François Hollande peut-il encore remporter l'adhésion des Français, a la présidentielle 2017, mais aussi et surtout pour agir jusqu'à la fin de son mandat ? La majorité est-elle encore suffisamment solide pour engager les réformes nécessaires ? Le cœur y est-il encore chez les députés socialistes qu'on sent déboussolés ? Sur le fond enfin, que peuvent encore faire et proposer aujourd'hui les parlementaires pour le redressement du pays ? Bruno Le Roux, députés PS de Seine-Saint-Denis et patron du groupe socialiste à l'Assemblée nationale était l'invité de #DirectPolitique mardi 23 septembre à 8h30 sur Linternaute.com, 20 Minutes et Ouest-France.
Bruno Le Roux
Proche de François Hollande et fidèle parmi les fidèles du chef de l'Etat, Bruno le Roux ne cherchait ouvertement pas à devenir ministre après la victoire de 2012, préférant aider le président de la République à mobiliser sa majorité à l'Assemblée. L'objectif de devenir président du groupe PS atteint, il a depuis été confronté à plusieurs soubresauts parmi les quelques 290 députés dont il doit assurer la cohésion. Dernier en date : la "fronde" désormais très médiatique d'une trentaine de députés socialistes contre la politique de Manuel Valls. Une fronde qui illustre la réelle coupure qui existe dans la majorité entre les tenants de la rigueur budgétaire et du soutien aux entreprises et ceux qui réclament une politique plus "à gauche" de soutien à la demande et au pouvoir d'achat. Bruno Le Roux s'est également exprimé sur son soutien indéfectible au chef de l'Etat et à la ligne de Valls sur notre plateau.
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