Jean-Marie et Marine Le Pen : les détails sulfureux de leur dernière dispute
Ce fut un échange tendu. Le dernier en date qui a opposé, frontalement, Jean-Marie Le Pen et sa fille, Marine. L’Obs raconte. Ce lundi 4 mai, à Nanterre, en marge de la tenue du bureau exécutif qui doit statuer sur le sort du vieux fondateur, c’est le "Menhir" de 86 ans qui dégaine le premier. Il estime que ses propos, qualifiés de "dérapages", n’ont jamais nui au parti. Son exemple se veut imparable : n’a-t-il pas gagné des millions de voix après avoir qualifié, pour la première fois, en 1987, les chambres à gaz de "détail de l’histoire" ? Dans le camp mariniste, c’est la stupeur, raconte le magazine. S’en suit un débat sur qui a eu les meilleurs résultats : Marine ou Jean-Marie ? Le Breton remet en cause la percée de sa fille depuis quelques années. Et émet même des doutes sur sa capacité à gagner la présidentielle de 2017. Il finit par en venir au sujet qui fâche : il n’a nullement l’intention de renoncer à sa liberté de parole.
Cette "dédiabolisation" entamée par Marine Le Pen, et son influent numéro 2, Florian Philippot, Jean-Marie Le Pen n’en a jamais voulu. Marine contre-attaque : "Tu ne supportes pas que je fasse plus que toi ! La répétition de tes provocations est insupportable". Les chambres à gaz "détail de l’histoire" ? Marine Le Pen assure en avoir beaucoup souffert, toute sa vie. "J’ai porté ça au lycée, à la fac, au barreau, je t’ai toujours défendu…" dit-elle. "J’ai connu cette période", se défend Le Pen-père. "Ah parce qu’il y avait des chambres à gaz à la Trinité ?", ironise Marine Le Pen. "Est-ce que tu crois que les gens qui sont dans la difficulté aujourd’hui sont intéressés par ce débat ?" l’interroge également l'ancienne avocate. L’assistance, qui réunit des cadres du parti, est médusée. Elle assiste en silence à cette joute verbale qui ressemble à un règlement de compte familial. Le Pen-fille accuse son géniteur d’avoir un "ego surdimensionné", lequel lui rétorque qu'elle est paranoïaque… Ambiance.
Le compagnon de Marine Le Pen, Louis Aliot, tente finalement de calmer le jeu. Il suggère à Jean-Marie Le Pen de renoncer à sa fonction symbolique de président d’honneur, comme le souhaite le camp mariniste. Réponse du vieux patriarche : "Never! [Jamais !]" Quelques heures plus tard, le bureau exécutif du FN décidera de suspendre Jean-Marie Le Pen.