Nicolas Sarkozy : son comportement écoeure ses "amis" Républicains

Nicolas Sarkozy : son comportement écoeure ses "amis" Républicains Fillon, Le Maire, Juppé, NKM... Les cadres les plus aguerris des Républicains ne sont pas satisfaits du comportement de Nicolas Sarkozy. La colère à son égard déstabilise clairement le fragile rassemblement.

[Mis à jour le 4 juin à 12h52] Le président des Républicains a réussi son coup : exit l'UMP, désormais, la marche vers l'alternance, c'est son nouveau parti qui la portera. Jamais l'ancien chef de l'Etat n'était apparu comme leader aussi installé de l'opposition. Sauf que la grand-messe organisée samedi dernier n'a pas été le grand nouveau départ annoncé, et tout le monde, au sein du parti, peut le déplorer. "Alors qu'il se posait en rassembleur, Sarko est conscient d'avoir proposé un congrès de merde. L'image laissée par les sifflets est déplorable" explique un "sarkozyste" dont les propos sont rapportés par Le Canard Enchaîné. L'hebdomadaire satirique de cette semaine livre de nombreux témoignages et des anecdotes des coulisses de l'événement. Et manifestement, aucun cadre, aucune figure du parti ambitionnant de concurrencer son président, n'a apprécié l'exercice.

A commencer par François Fillon, hué par des militants lors de sa montée à la tribune. De quoi exaspérer l'ancien Premier ministre, furieux devant ses troupes : "Il y en a marre des coups fourrés à l'ancienne. Les militants des Hauts-de-Seine ont été bien chauffés. On les a poussés à siffler. Mais il ne l'emportera pas au paradis" a-t-il prévenu selon le célèbre palmypède. Bruno Le Maire, lui-aussi s'estime lésé, car selon lui, la sono a été trafiquée juste avant son intervention : "On avait l'impression de parler dans un hall de gare. Seul Sarkozy a eu droit à une retransmission impeccable". Le jeune député de l'Eure, qui a martelé la nécessité du renouveau, du renouvellement des idées et des visages, n'a donc pas été entendu comme il l'aurait tant souhaité.

Autre prétendant déclaré à l'investiture pour les présidentielles 2017, Alain Juppé, qui ne dissimule plus son malaise au sein du parti de Nicolas Sarkozy. "Moi, j'ai l'opinion" a-t-il assuré dimanche sur Europe1/iTélé/Le Monde, admettant que "Nicolas Sarkozy, lui, a le parti". Une manière de relativiser les sifflets des militants au congrès. "Je ne savais pas que j'allais assister à un congrès de bolchevique" a-t-il lâché après sa prestation à la Villette selon Le Canard. Entre le maire de Bordeaux et le patron des Républicains, les tensions sont palpables, manifestes. Le premier reproche au second sa méthode et le ton qu'il emploie : "On n'est pas obligé de traîner ses adversaires dans la boue pour critiquer les projets qu'on considère comme inadaptés" clame-t-il.

EN VIDEO - Le congrès n'a pas fait disparaître les tensions. Bien au contraire :

"Congrès des Républicains : Sarkozy triomphe, Juppé hué"

"Sarko, un homme pathétique"

Ni Alain Juppé, ni François Fillon, ni Bruno Le Maire n'ont souhaité se rendre au pot organisé par Nicolas Sarkozy en clôture du congrès. Comme rassemblement, on a connu mieux. Pire, la désunion, la colère et l'agressivité sont même présentes au sein de l'appareil du parti, au sein de la direction de l'état major. Renouvelée à son poste de vice-présidente des Républicains, Nathalie Kosciusko-Morizet s'est tout de même vu privée de sa charge de déléguée générale au projet, au profit d'Eric Woerth.

Après le congrès, elle avait fait part de ses sérieux doute sur l'attitude du président du parti. "Il fait n'importe quoi. Ne pas aller au Panthéon, c'était stupide. Prendre un jet privé pour aller au Havre, vu l'état des finances du parti, c'est lamentable. Faire huer ses adversaires, quand on aspire au rassemblement, c'est débile" aurait-elle analysé devant ses proches, selon Le Canard, qui rapporte aussi ces propos : "Comme homme politique, Sarko est formidable, mais, comme homme tout court, il est pathétique".

"Je ne souhaite pas que mon pays soit brutalisé"

Le parti est-il vraiment en ordre de marche pour préparer le retour de la droite à l'Elysée ? Le rassemblement est-il vraiment solide ? Alors que les primaires ne sont pas encore ouverte, difficile d'y croire tant la fragilité du mouvement est ostensible. "Mon dieu, c’est reparti comme avant !" juge Xavier Bertrand, autre candidat à la primaire. Interrogé sur iTélé mercredi soir, son appel à l'union ressemble à une nouvelle mise en garde à l'endroit de Nicolas Sarkozy : "On n’a pas besoin de critiquer pour exister et pour grandir. On n’a pas besoin de rabaisser les autres".

Autre soutien de la première heure à l'ancien chef de l'Etat, qui aujourd"hui lui adresse un message plein de sous-entendus, Rachida Dati, qui considère dans Le Parisien qu'elle ne refera pas "une campagne sur la burqa, le halal ou les menus de substitution". Et d'ajouter : "Mon pays est plus important que mes affinités. Je ne souhaite pas que mon pays soit brutalisé, que les Français soient opposés les uns, aux autres".