Mort brutale de Charles Pasqua, ancien ministre de l'Intérieur

Mort brutale de Charles Pasqua, ancien ministre de l'Intérieur Charles Pasqua, ancien ministre de l'Intérieur, est mort. C'est Le Point qui révèle l'information ce lundi 29 juin 2015. Il avait 88 ans.

[Mis à jour le 30 juin 2015 à 00h01] La mort de Charles Pasqua, 88 ans, a été brutale si l'on en croit les premières informations publiées dans la presse. C'est un accident cardiaque qui aurait en effet emporté l'emblématique ministre de l'Intérieur de la droite, comme l'a confirmé sa famille au site Internet du Point en fin de journée lundi. Charles Pasqua est décédé à l'hôpital Foch, à Suresnes, en région parisienne. L'AFP indique que celui qui avait fondé le RPR avec Jacques Chirac en 1976 était profondément affaibli et attristé depuis le décès de son fils unique, Pierre Philippe, en février dernier.

Dans le communiqué diffusé par ses proches, est souligné l'engagement de Charles Pasqua pour la France et en particulier pour le département des Hauts-de-Seine, "qu’il avait façonné par sa ferme volonté d’inscrire l’action politique en réalisations concrètes et ambitieuses". Personnalité aussi marquante que contestée du paysage politique français du milieu des années 1970 à la fin des années 1990, ce gaulliste avait suivi un parcours politique complet.

Charles Pasqua a été successivement député de la 4e circonscription des Hauts-de-Seine après les événements de mai 1968 et jusqu'au 1er avril 1973, puis ministre de l'Intérieur du gouvernement Chirac de mars 1986 à la réélection de François Mitterrand en mai 1988. Il fut ensuite le président du conseil général des Hauts-de-Seine, un poste qu'il occupera jusqu'en mars 2004. Il fut de retour place Beauvau, dans le gouvernement d'Edouard Balladur, de 1993 jusqu'à la présidentielle de 1995. Elu député européen en 1999, il sera le leader du groupe de "l'Union pour l'Europe des nations" au Parlement européen jusqu'en 2004. Il sera aussi sénateur des Hauts-de-Seine par intermittence de 1977 à 1986, puis de 1988 à 1993 et enfin de 2004 à 2011, date de son retrait de la politique.

"Charles Pasqua, résistant et homme de bons mots, s'est éteint"

Charles Pasqua : mort d'un homme d'influence

Résistant à l'âge de 15 ans, Charles Pasqua sera un proche du Général de Gaulle et un dirigeant du SAC (Service d'action civique), service de protection du général autant qu'organisation chargée de la lutte secrète contre ses opposants, dont l'OAS. Il contribuera ensuite grandement à l'ascension de Jacques Chirac, de la prise de l'UDR à la création du RPR, jusqu'à jouer, dit-on, un rôle dans la défaite de Valery Gisard-d'Estaing en 1981. Mais il soutiendra Edouard Balladur lors de la présidentielle de 1995 et sera écarté du pouvoir par le clan Chirac après cet épisode. Il fut aussi le mentor de Nicolas Sarkozy dans les années 1980, en particulier à Neuilly-sur-Seine. A la mort du maire Achille Peretti, un proche aux origines corses comme lui, en 1983, il sera finalement "doublé" par son dauphin et c'est Nicolas Sarkozy qui deviendra l'édile de la richissime commune de l'ouest parisien, débutant alors une ascension politique qui le mènera jusqu'à l'Elysée.

A droite, une pluie d'hommages a accompagné l'annonce de son décès ce soir, dont celui de Nicolas Sarkozy et des Républicains.

Ministre de l'Intérieur à la politique musclée

Lors de ses deux passages à l'Intérieur, la politique de Charles Pasqua, souvent qualifiée de "sécuritaire", sera contestée. Il est l'auteur de plusieurs textes restreignant l'accès des étrangers au sol français et l'acquisition de la nationalité. Il est aussi considéré comme ayant supervisé le démantèlement du groupe Action directe et la lutte contre le terrorisme et le grand banditisme jusqu'au milieu des années 1990 (Carlos, GIA...). Adepte de la méthode musclée lors des divers mouvements sociaux - et notamment étudiants - qu'il a eu à affronter, il se verra reprocher la responsabilité de la mort d'un étudiant, Malik Oussekine, en 1986, lors des manifestations contre la loi Devaquet. Hors de la place Beauvau, Charles Pasqua a également été accompagné d'une image sulfureuse pour ses prises de position, notamment en faveur d'alliances de la droite avec le FN, ou du retour de la peine de mort.

Eurosceptique et souverainiste

Autre facette de ce personnage haut en couleur et élément complémentaire de son profil politique : Charles Pasqua fut classé parmi les souverainistes convaincus, en particulier dans la lutte contre le traité de Maastricht en 1992 et contre toute "ingérence" de l'UE dans les affaires françaises. Il créera notamment deux mouvements politiques pour défendre ce point de vue eurosceptique : Demain la France avec Philippe Séguin et Philippe de Villiers, puis le Rassemblement pour la France (RPF) avec le même Philippe de Villiers. Une alliance de courte durée.

Charles Pasqua et les affaires

Homme de réseau et de secret, figure de la Françafrique, mais aussi personnalité populaire et adepte des bons mots, Charles Pasqua sera enfin rattrapé à la fin de sa vie par les affaires. Il aura notamment été cité dans une demi-douzaine de dossiers dont les affaires pétrole contre nourriture, des ventes d'armes à l'Angola  ou encore de la Fondation Hamon récemment. Il a été condamné dans cette dernière à la prison avec sursis en 2013 (un nouveau jugement en appel doit être prononcé dans cette affaire en septembre 2015). Charles Pasqua fut aussi condamné à 18 mois de prison avec sursis dans l'affaire dite du casino d'Annemasse, pour le financement illégal de sa campagne européenne de 1999, et à un an avec sursis dans l'affaire de la Sofremi, pour détournements de fonds.