Hollande sur France 2 : le FN s'incruste dans l'émission télé

Le président est interrogé par quatre Français, en direct, sur France 2, dont un partisan du Front national. Le parti frontiste et Marine Le Pen sont donc très attentifs à cette interview politique un peu atypique.

[Mis à jour le jeudi 14 avril 2016 à 22h55] C'est assez habituel : lorsque François Hollande prend la parole, les réactions du Front national se suivent et se ressemblent. Les lieutenants de Marine Le Pen - si ce n'est elle même - ironisent dans les médias de l'inutilité de ses prises de parole, de la vacuité de ses propos, de ses annonces, etc. Ce jeudi 14 avril, c'est un peu différent. La direction du Front national a des raisons d'être très attentif à l'émission, et ce pour plusieurs raisons. La première d'entre elles est que parmi les Français sélectionnés pour interroger le président, ce soir dans "Dialogues citoyens", figure un électeur frontiste. Antoine Demeyer, un conducteur d'autocar vivant dans le Nord, et qui a glissé dans les urnes un bulletin Marine Le Pen lors des dernières élections régionales. Il sera ce soir un porte-parole de cet électorat qui ne cesse de se renforcer et qui pourrait, selon presque tous les pronostiques des instituts de sondage, porter Marine Le Pen au second tour de l'élection présidentielle de 2017. Il a largement abordé la question des migrants avec François Hollande. 

"Je suis responsable de la montée du FN", a reconnu le président, suite au passage d'Antoine Demeyer. Concernant son vote frontiste, François Hollande lui a dit "comprendre sa colère" mais lui a conseillé de "faire attention à ne pas prendre un médecin qui peut tuer le malade". "Il ne faut pas aller vers le remède qui est pire que le mal", a-t-il poursuivi. 

Marine Le Pen entend par ailleurs obtenir des réponses lors du passage de François Hollande sur France 2. Elle a en effet réclamé dans un post publié sur son blog lundi soir que le président instaure la proportionnelle pour les prochaines élections législatives. "Le chef de l'Etat peut prendre une décision jeudi soir pour résorber en partie cette crise démocratique", écrit la patronne du FN qui demande une proportionnelle "intégrale bien sûr". "La démocratie ne se marchande pas, ne se découpe pas en doses, et les Français ne se contenteraient pas de miettes qui leur seraient jetées", explique-t-elle. Avec ce mode de scrutin, le parti frontiste espère en effet multiplier son nombre d'élus. Personne ne peut encore dire si François Hollande répondra ce soir à l'injonction de Marine Le Pen, mais on peut en tout cas être sûrs que la présidente du FN suivra avec attention l'émission sur France 2.