Plus de 7000 amendements sur la réforme des retraites, que proposent la Nupes et la droite ?

Plus de 7000 amendements sur la réforme des retraites, que proposent la Nupes et la droite ? La réforme des retraites arrive à l'Assemblée nationale le 30 janvier et pour animer les débats la Nupes a déposé des milliers d'amendements en plus des rectifications déposées par la droite et la majorité. Vont-elles aboutir ?

L'Assemblée nationale se prépare pour des débats mouvementés. La réforme de la retraite arrive dans l'hémicycle le lundi 30 janvier et les groupes politiques avaient jusqu'au jeudi 26 janvier pour déposer leurs amendements sur le projet de loi. Avec des débats limités à 50 jours et seulement une vingtaine de séances à l'Assemblée, les députés ont revu le nombre d'amendements déposés à la baisse. Ce sont tout de même 7 241 retouches qui sont proposées par les forces de l'opposition. Un nombre conséquent malgré l'abandon de la stratégie de l'obstruction d'abord envisagée par les élus de gauche.

La Nupes est l'auteur de la grande majorité des amendements avec plus de 6 200 modifications suggérées pour "disposer du temps nécessaire pour mettre en lumière l'immense régression sociale imposée par cette réforme", selon les membres de l'union de la gauche. Parmi eux, les insoumis ont été les plus prolifiques avec plus de 3 300 amendements contre un peu plus de 1 200 dans le camp des écologistes et celui des socialistes. Etonnement, la majorité présidentielle a elle aussi déposé des amendements sur son propre texte, 185 au total.

Si plusieurs textes visent la suppression de la réforme de retraites vue par Emmanuel Macron, d'autres sont des propositions d'alternatives et/ou d'améliorations du projet de loi pour coller aux revendications des Français et des syndicats qui s'opposent fermement à la réforme. Que proposent les politiques de l'opposition ?

LR prêt à voter la réforme des retraites sous conditions

Les Républicains, d'abord présentés comme des soutiens de la majorité présidentielle pour faire adopter la réforme des retraites, ne sont plus aussi unanimes sur le projet de loi. Les élus de la droite militent depuis longtemps pour reculer l'âge légal de départ à la retraite, déjà en 2010 ils étaient à l'origine du report de la retraite à 62 ans au lieu du 60 ans. La force de la contestation menée par les syndicats contre la réforme semble toutefois avoir effrité leurs certitudes. Plusieurs députés LR ont affirmé qu'ils ne voteront pas le texte en l'état. Ceux-là et d'autres ont donc déposé des amendements avec des propositions comme : la retraite permise des 63 ans pour les actifs qui travaillent depuis l'âge de 20 ans ou la revalorisation des pensions de retraite à 1 200 euros brut minimum.

Olivier Marleix, président du groupe LR à l'Assemblée, a assuré le 23 janvier sur Franceinfo que tous les députés auront "toujours la liberté de vote", sans qu'une consigne générale ne dicte l'orientation de leur voix. Outre la droite, le centre fait des propositions pour rendre plus juste la réforme des retraites. Le MoDem notamment, membre de la majorité présidentielle, milite pour l'ajout d'un trimestre pour les femmes pour chaque naissance afin d'essayer de contrebalancer le phénomène des carrières hachées.

A gauche, la Nupes contre la réforme des retraites multiplie les amendements

La réforme des retraites révulse les partis politiques de gauche. Sur les quelques 6 200 amendements déposés, une grande partie a pour but de faire échouer la réforme des retraites jugée "profondément injuste" et "brutale".

Quelques textes visent tout de même à nourrir le débat pour améliorer la réforme des retraites. Dans ce sens le PS a suggéré plusieurs exceptions sur l'âge de départ à la retraite pour les métiers dits pénibles comme les déménageurs, les exploitants agricoles et bien d'autres. Les écologistes ont pensé un mécanisme pour permettre un départ à la retraite avant 64 ans à tous les salariés. Les autres modifications déposées par les communistes et les insoumis portent sur la pension de retraite. Le PCF souhaite le porter au niveau du Smic tandis que LFI milite pour un montant au moins égal à 1 600 euros net pour une carrière complète.

  • La France insoumise (LFI) : le maître à penser de LFI, Jean-Luc Mélenchon, qualifie de "grave régression sociale" la réforme des retraites d'Emmanuel Macron. Le parti défend une toute autre gestion des retraites et souhaite plus tôt abaisser l'âge légal de la retraite avec un retour à 60 ans plutôt qu'un report à 64 ans. Derrière cette position, l'argument de l'ancien député selon lequel "pour vivre plus longtemps dans des conditions dignes et en bonne santé, il faut pouvoir s'arrêter de travailler suffisamment tôt". En plus de baisser l'âge de la retraite, l'insoumis aimerait abaisser le nombre d'annuités de 43 à 40. Enfin, il faudrait selon lui revaloriser le montant des pensions de retrait au niveau du Smic et indexer les retraites sur les salaires. C'est là une politique coûteuse estimée à plus de 70 milliards d'euros par an qui serait, toujours d'après Jean-Luc Mélenchon, financée par l'augmentation du taux de cotisation vieillesse et de nouvelles contributions prises sur les "revenus d'intéressement, de participation, d'épargne salariale, ainsi que les revenus financiers des entreprises".
  • Le Parti socialiste (PS) : les socialistes qui défendaient le statu quo sur la question de l'âge de départ à la retraite à 62 se sont alignés sur le retour à 60 ans lors de la signature des accords de la Nupes avant les élections législatives de 2021. Dans un cas comme dans l'autre, ils s'opposent au recul de départ à la retraite au-delà de 62 ans. Quant au montant des pensions, là encore beaucoup d'élus votent pour une revalorisation des pensions au niveau du Smic.
  • Europe-écologie-Les Verts (EELV) : sur la question des retraites, les écologistes s'alignent sur l'âge du départ à la retraite et le montant des pensions. Ces élus accordent aussi de l'importance à la prise en compte de la pénibilité pour que certains travailleurs puissent échelonner leur départ à la retraite dès 55 ans, notamment en élargissant les critères de pénibilité avec le rajout de quatre critères supprimés par Emmanuel Macron en 2017, que le même homme veut aujourd'hui réintégrer dans le calcul, et des facteurs supplémentaires.
  • Le Parti communiste français (PCF) : la vision des retraites pour les communistes c'est le départ à 60 ans et à taux plein. Une position diamétralement opposée à celle d'Emmanuel Macron et justifiée par l'analyse faite par le PCF en 2021 : "Les dépenses de retraites ont été revues à la baisse, [...] les études indiquent qu'elles sont aujourd'hui autour de 13,7 %. La nuance (- 0,3) est importante, d'autant que les trajectoires indiquent que la part des retraites dans le PIB continuera de baisser dans les années à venir."

Le RN décidé à faire bloc contre la réforme des retraites

Si la gauche fait front commun et appelle à "rejoindre l'intersyndicale" pour combattre la réforme des retraites, elle n'est pas la seule. De l'autre côté de l'échiquier politique, à l'extrême droite, le Rassemblement national est aussi farouchement opposé à la vision du gouvernement. Côté âge, le projet de Marine Le Pen consiste a laissé l'âge de départ à la retraite à 62 ans et de permettre un départ "progressif" dès 60 ans aux actifs ayant commencé à travailler avant 20 ans. Un projet qui coûte 9,6 milliards d'euros selon la patronne du RN et qui pourrait être financé en grande partie par des économiques sur les dépenses liées à l'assurance-chômage et l'assurance-maladie. Mais après vérification des calculs par l'Institut Montaigne, le coût de cette mesure est plutôt estimé à 26 milliards d'euros.