Attal dans l'ombre de Macron, ce sondage qui fragilise le Premier ministre

Attal dans l'ombre de Macron, ce sondage qui fragilise le Premier ministre Pour près de trois français sur quatre, le Premier ministre Gabriel Attal ne fait qu'appliquer les décisions du président de la République, Emmanuel Macron.

100 jours. Voilà maintenant plus de trois mois que Gabriel Attal a été nommé à Matignon. "De l'action, de l'action, de l'action", "des résultats, des résultats, des résultats" avait-il martelé lors de sa première interview dans la peau d'un Premier ministre. Depuis le début de sa mission, difficile de lui reprocher sa présence sur le terrain.

Il a multiplié les déplacements sur les thèmes de la sécurité, l'éducation, la santé ou encore la transition écologique. Certains le comparent même à Nicolas Sarkozy, ex-président de la République, pour sa capacité à tenter d'exister sur tous les fronts. Mais dans les faits, le plus jeune Premier ministre de la Ve République a semblé perdre en crédibilité dans l'esprit des français, semaine après semaine. 

72 % des Français estiment qu'il applique les décisions du président

Si Emmanuel Macron a nommé Gabriel Attal comme Premier ministre, c'était pour régénérer le mandat présidentiel. Ce dernier s'est construit dans l'ombre de son mentor, sans carrière politique réellement étoffée, et sans le moindre ancrage local. L'épisode de la crise des agriculteurs avec de nombreuses manifestations et blocages sur les routes de France, puis le couac des comptes publics avec un déficit de 5,5 % du PIB au lieu des 4,9 % initialement prévus ont légèrement fragilisé le locataire de Matignon. D'autant plus que, dans le second dossier, Emmanuel Macron et Bruno Le Maire ont repris les rênes, mettant Gabriel Attal au second plan.  

Cette nette mise en retrait de Gabriel Attal se traduit dans les sondages. Selon une nouvelle enquête "L'Opinion en direct" menée par Elabe pour BFMTV, l'opinion publique a le sentiment qu'il n'a pas de réelle influence sur les décisions qui sont prises. 72 % des Français estiment qu'il applique tout simplement les décisions d'Emmanuel Macron. De plus, ils sont 54 % de l'électorat du chef de l'Etat à partager cet avis. Un petit désaveu pour celui qui était qualifié "d'arme anti-Bardella" dans la course aux Européennes. Une campagne très délicate pour la majorité, la tête de liste Valérie Hayer est pour l'instant créditée de 16 % des intentions de vote, loin derrière la liste du RN menée par Jordan Bardella (30 %). Le scrutin aura lieu le 9 juin 2024.

"Gabriel Attal se situe dans les pas du chef de l'Etat"

Alors que l'agenda international continue de mettre Emmanuel Macron en avant, pas même les questions au gouvernement - dont Gabriel Attal est le seul à y répondre désormais - ne semble pouvoir remettre un peu de lumière sur son visage. Dans les colonnes du Progrès ce jeudi, le chercheur CNRS au Cevipov et professeur à Sciences Po Paris, Bruno Cautrès, estime que le Premier ministre n'a pas réussi à régénérer le quinquennat du président. "Malgré sa jeunesse, son talent et son dynamisme, il est malheureusement pour lui le porteur d'une histoire qui a maintenant une épaisseur de sept ans" explique-t-il.

Il poursuit : "On ne voit toujours pas non plus pour le moment quelle est la ligne directrice du second mandat d'Emmanuel Macron. Or Gabriel Attal se situe dans les pas du chef de l'État avec une forme de pragmatisme qui consiste à être une réponse spectaculaire, rapide avec beaucoup de communication sur les problèmes qui se posent sans que tout ce ceci ne dessine un horizon de 'où est-ce qu'on va ?' et 'qu'est-ce que le pays aura gagné au bout de dix ans de macronisme ?'". Ce jeudi 18 avril, Gabriel Attal se rendra à Viry-Châtillon pour annoncer des mesures sur "l'autorité", ville endeuillée par la mort de Shemseddine, 15 ans, passé à tabac près de son collège le 4 avril dernier.