Quel ministre des affaires étrangères RN ? Thibaut François en pole position
Alors que le Rassemblement national pourait remporter les élections législatives anticipées ce dimanche 7 juillet 2024, la question de la constitution d'un hypothétique gouvernement Bardella commence à gagner les rangs du parti lepéniste. Et le portefeuille des affaires étrangères n'échappe pas à la règle : pas de communication du RN sur le sujet, pourtant, deux profils semblent tenir la corde pour occuper le poste, et notamment un spécialiste des relations internationales.
De son côté, Marine Le Pen répète à qui veut l'entendre et avant même le début de la campagne officielle des élections législatives : le Rassemblement national (RN) est "prêt à exercer le pouvoir", à "redresser le pays" et à "faire revivre la France". Dans cette optique, la composition d'un gouvernement, au moins en coulisses devra s'opérer. Elle l'assure, son camp a "la possibilité de faire un gouvernement d'union nationale". Pour le ministère des affaires étrangères, si Thibaut François, proche de Marine Le Pen et fin spécialiste des relations et connexions entre dirigeants européens apparaît comme le grandissime favori, un autre profil plus connu du grand public pourrait tirer son épingle du jeu.
Thibaut François, le discret mais essentiel négociateur de Marine Le Pen
Né le 10 décembre 1989, Thibaut François occupe la fonction de conseiller municipal de la ville de Douai avant d'être élu comme député français de la 17e circonscription du Nord en 2022 sous la bannière RN. Peu à peu, l'homme gagne la confiance du président du parti, Jordan Bardella, qui lui confie le rôle de délégué aux affaires européennes du Rassemblement national. De 2019 à 2022, il est également secrétaire général de la délégation RN au Parlement européen. Il est aussi le secrétaire général adjoint du groupe Identité et Démocratie (ID), de quoi développer un solide réseau à l'échelle européenne et tisser des alliances précieuses avec les autres partis d'extrême droite.
D'après les informations de La Lettre, Thibaut François "est à l'origine de la première rencontre, informelle, en 2021, entre Jordan Bardella et Fabrice Leggeri (3e sur la liste RN aux Européennes, et donc, élu)". "Marine Le Pen et Jordan Bardella ont d'ailleurs consulté Thibaut François à propos de tous les eurodéputés sortants, dont seuls huit ont été reconduits à une position assurant leur élection" précise le média. De quoi placer relativement haut, le curseur de l'estime des deux décideurs RN au sujet du nordiste.
Hongrie, République tchèque, Espagne, Portugal : d'innombrables connexions
Au fil des années, Thibaut François a su gagner la confiance de la droite dure européenne, par exemple avec Balazs Orban bras droit du dirigeant hongrois ou les ténors du Fidesz, le parti conservateur et populiste hongrois, comme sa vice-présidente Kings Gal. La Lettre nous apprend aussi que Thibaut François traite "directement avec les chefs de partis", comme avec Tomio Okamura, de Liberté et Démocratie directe en République tchèque ou encore André Ventura, boss de Chega au Portugal. De quoi donner davantage de poids, si cela était nécessaire, à son CV pour tenter de glaner un poste de ministre des affaires étrangères si le RN venait à remporter les élections législatives 2024.
Il a aussi été un acteur majeur dans l'entreprise de désolidarisation du RN du parti allemand AFD, après les révélations du projet de "remigration" de citoyens d'origine étrangère dont le parti allemand était à l'origine. Si Jordan Bardella n'avait pas réellement pris la mesure d'un tél évènement, Thibaut François, l'homme de l'ombre de Marine Le Pen, oui. Libération rappelle également qu'il avait fait la "chasse aux éléments jugés insuffisamment lepénistes" avec Philippe Olivier et Jérôme Rivière lors de la présidentielle 2022. L'objectif ? Ecarter les membres tentés par une aventure avec le parti d'Eric Zemmour, Reconquête. Ses nombreuses relations, auxquelles s'ajoutent des connexions certaines avec les Espagnols de Vox font de Thibaut François, un profil plus que sérieux si les dirigeants du RN devaient entrevoir l'idée de la composition d'un gouvernement dans les prochaines semaines.
Ténor du RN, Sébastien Chenu peut-il créer la surprise ?
La stratégie du "cabinet fantôme" semble avoir porté ses fruits puisque plusieurs noms d'élus du Rassemblement national jugés ministrables circulent alors que l'hypothèse d'un gouvernement Bardella doit être envisagée au vu des résultats des sondages sur les législatives. Ces derniers donnent le RN en tête et en mesure de devenir le groupe majoritaire à l'Assemblée nationale. Des entretiens ont d'ores et déjà été menés par le député européen du RN, Philippe Olivier, auprès de différents élus du parti dans le but de former un gouvernement selon La Provence. Une mission commanditée par Marine Le Pen elle-même pour former des "spécialistes" pour chaque portefeuille gouvernemental à pourvoir. Alors, le nom de Sébastien Chenu figure-t-il dans les petits papiers ? Rien n'est moins sur, mais son profil pourrait séduire Jordan Bardella, mêlant expérience, confiance et pratique.
Membre de la commission permanente des affaires étrangères de l'Assemblée nationale, jusqu'à la dissolution d'Emmanuel Macron, Sébastien Chenu présente l'avantage de baigner dans les sujets en enjeux continentaux. Récemment, il a notamment participé à l'examen du projet de loi pour contrôler l'immigration, améliorer l'intégration ainsi qu'à la commission d'enquête relative aux ingérences politiques économiques et financières de puissances étrangères - Etats, organisations, entreprises, groupes d'intérêts, personnes privée - visant à influencer ou corrompre des relais d'opinion, des dirigeants ou des partis politiques français. Voilà pourquoi le vice-président du RN pourrait se voir confier un ministère, et plus particulièrement celui des affaires étrangères. D'après les informations de BFMTV, l'homme de 51 ans pourrait bien espérer une promotion dans les rangs du parti lepéniste. Au sujet d'un éventuel poste de ministre si le Rassemblement national venait à l'emporter lors des prochaines Législatives, le principal intéressé préfère jouer la carte du pragmatisme : "Marine Le Pen va se préparer à devenir présidente de la République" durant les deux prochaines années. "Je serai ce que Marine Le Pen veut" a-t-il précisé.