Gouvernement Bardella : qui seraient les ministres du patron du RN ?

Gouvernement Bardella : qui seraient les ministres du patron du RN ? Jordan Bardella assure pourvoir être nommé Premier ministre après avoir obtenu une majorité absolue à l'Assemblée nationale à l'issue des législatives. Se voyant à Matignon, le président du RN peaufine son équipe ministérielle.

Jordan Bardella s'est avancé un peu plus vers Matignon avec la victoire du Rassemblement national (RN) au premier tour des élections législatives. Il espère faire un nouveau pas vers la fonction de Premier ministre au soir du 7 juillet. Alors que les sondages sur les législatives sont encore favorables au parti d'extrême droite qui a des chances d'obtenir une majorité au moins relative, le président du parti à la flamme s'est dit prêt à s'installer à la tête d'un nouveau gouvernement si son camp devient bien majoritaire, avec au moins 270 députés selon Marine Le Pen, à l'Assemblée nationale. 

"J'entends être le Premier ministre de tous les Français" a déclaré Jordan Bardella après l'annonce des résultats des législatives dimanche soir. Et le jeune politique de 28 s'imagine tellement à Matignon, qu'il a déjà un "gouvernement en tête" comme il le confiait au JDD le 23 juin. Entre membres de son parti, alliés, experts et membres de la société civile, qui pourrait faire partie de la possible équipe ministérielle de Jordan Bardella ?

Des ministres issus de la droite et d'ailleurs...

Le président du Rassemblement national a commencé les prospections il y a plusieurs mois avec la mise en place d'un "plan Matignon" et c'est d'abord dans son propre camp qu'il a cherché des personnalités ministrables. Des entretiens ont été menés par le député européen du RN, Philippe Olivier, auprès de différents élus du parti dans le but de former un gouvernement officieux prêt à être nommé selon La Provence. Une mission commanditée par Marine Le Pen elle-même pour former des "spécialistes" pour chaque portefeuille gouvernemental à pourvoir.

Mais s'il devait être prochainement formé, le gouvernement Bardella ne contiendrait pas uniquement des ministres issus du Rassemblement national souligne Marine Le Pen qui ne cesse de dire que Jordan Bardella sera à la tête d'un gouvernement d'union nationale comprenant "des gens qui ont envie de participer au redressement du pays, qu'ils soient de gauche ou de droite". Les ministres viendraient toutefois surtout de droite compte tenu de l'alliance formée avec Eric Ciotti, le président depuis contesté des Républicain, à qui de "grandes responsabilités" ont été promises. D'autres membres des Républicains ayant suivi ou rejoint Eric Ciotti pourraient prétendre à des fonctions ministérielles.

...même de la gauche ?

Le Rassemblement national envisagerait de recruter des ministres jusque dans la moitié gauche de l'échiquier politique. "Il y a des cadres de ces mouvements [de gauche] qui font le même chemin que leurs électeurs. D'autant que l'association avec la France Insoumise crée quand même un certain nombre de questionnements" indiquait Marine Le Pen dans un entretien pour La Voix du Nord

En dehors des considérations politiques, "des personnalités de la société civile, sélectionnées non seulement pour leur compétence, leur sérieux et leur expertise" pourraient être nommées au sein du gouvernement si Jordan Bardella devenait Premier ministre, comme il l'a lui-même indiqué au JDD. "On ne s'interdit rien. Jordan Bardella choisira les personnes les plus compétentes et qui partagent notre philosophie" expliquait plus tôt Marine Le Pen au Monde.

Qui pourrait devenir ministre sous Jordan Bardella ?

Les différentes prospections et les nouvelles alliances ont permis au Rassemblement national de dessiner les contours d'un gouvernement. Quelques noms de possibles futurs ministres circulent pour différents ministères : 

  • Ministre de l'Intérieur : Eric Ciotti serait envisagé pour s'installer place Beauvau dans les plans de Jordan Bardella, mais l'ancien patron de l'agence européenne Frontex Fabrice Leggeri est aussi une option. Thibault de Montbrial, avocat et président du think thank Centre de réflexion sur la sécurité intérieure (CRSI) est aussi cité parmi les ministrables comme le vice-président du parti Sébastien Chenu.
  • Ministre de la Justice : Jean-Paul Garraud, magistrat de profession et ancien membre de l'UMP, tient la corde pour devenir le garde des Sceaux du RN.
  • Ministre de l'Economie : Jean-Philippe Tanguy se serait positionner pour hériter de Bercy, mais ne serait pas le premier choix de Marine Le Pen. Le député de la Somme aurait même été recalé selon Le Figaro. D'autres noms sont cités notamment celui de François Durvye, le financier qui a conseillé le RN sur son programme économique, ou celui d'Henri Proglio, ancien président-directeur général d'EDF. Les noms d'autres financiers et banquiers ont circulés, mais tous ont démenti avoir été approchés par le RN. Ce n'est pas une, mais trois personnes qui pourraient être nommées à Bercy selon les déclarations de Jordan Bardella au Figaro : "un ministre des Finances et des Comptes publics" en plus d'un "ministre en charge spécifiquement de la Croissance". Le chef du parti a assuré avoir des noms en tête et avoir eu des réponses positives des intéressés.
  • Ministre de la Défense : Laurent Jacobelli parait en bonne position pour le ministère des Armées selon La Provence. L'expérience de l'élu à la commission de la défense nationale et des forces armées en tant que député français et sa rédaction d'un rapport en conclusion d'un mission d'information sur la Loi programmation militaire (LPM) de 2019 à 2025 explique pourquoi son nom est cité. Mais Eric Ciotti pourrait aussi prétendre au ministère des Armées.
  • Ministre des Affaires étrangères : plusieurs noms sont évoqués pour le poste de chef de la diplomatie française dont celui d'Eric Ciotti, de Sébastien Chenu qui était membre de la commission permanente des affaires étrangères de l'Assemblée nationale, ou de Thibault François qui s'est imposé comme un important conseiller de Marine Le Pen et de Jordan Bardella, au point de se voir confier le rôle de délégué aux affaires européennes du Rassemblement national. L'ancien diplomate et ambassadeur de la France en Algérie, Xavier Driencourt, est également présenté comme un prétendant à ce maroquin.
  • Ministre de l'Ecologie : sur le sujet peu de noms se démarquent, mais le conseiller régional d'Auvergne Rhône-Alpes Andréa Kotarac est parfois évoqué selon L'Opinion.
  • Ministre de l'Agriculture : à ce poste le député vigneron Grégoire de Fournas parait être une option après son investissement sur le sujet à l'Assemblée. Mais il pourrait être disqualifié par sa sortie à l'hémicycle qui lui avait valu une exclusion de 15 jour. Il avait lancé "qu'il retourne en Afrique" lors de l'intervention du député noir Carlos Martens Bilongo (LFI) sur un bateau de migrants, mais avait tout racisme assurant parler du bateau. 

Jordan Bardella dit vouloir former un "gouvernement d'union nationale, resserré dans son organisation" et soutenu par "des secrétaires d'État et des ministres délégués de mission".  De nombreux autres postes seraient donc à pouvoir, dont les maroquins de premier plan comme l'Education ou la Santé. Pour ceux-là peu de noms s'imposent pour le moment, mais le RN chercherait à placer des "spécialistes" à la tête des ministères. La députée Joëlle Melin qui est une ancienne médecin libérale pourrait donc être pressentie pour la Santé. Les députées Laure Lavalette et Edwige Diaz pourraient également se voir confier des portefeuilles selon L'Opinion.

Le RN est prêt à piocher parmi tous ses élus, même ceux qui viennent d'être nommés au Parlement européen : Malika Sorel ou Pierre Pimpie, respectivement 2ème et 25ème sur la liste des européennes, seraient ainsi considérés comme de potentiels ministres. Le Rassemblement national pourrait aussi décider de revoir le nombre de ministères ou leurs champs d'action, notamment pour créer un ministère de la fiscalité et de la fraude à la tête duquel s'imagine bien le député Franck Allisio.

Des noms écartés pour être ministre

Le nom de Thierry Mariani, par moment cité comme ministrable et plus particulièrement aux Affaires étrangères, ne serait plus dans les petits papiers du RN pour intégrer un éventuel gouvernement. Questionné par TF1Info sur la possible nomination de l'eurodéputé réputé proche de Vladimir Poutine, Jordan Bardella a répondu : "Ce n'est pas prévu". Pourtant l'élu, qui a été ministre des Transports sous Nicolas Sarkozy, est un des rares au RN à avoir une expérience gouvernementale.

Marion Maréchal ne serait pas non plus considérée comme une personnalité ministrable par le Rassemblement national, malgré le rapprochement de celle-ci avec le parti de sa tête, Marine Le Pen, qui lui a valu d'être officiellement exclue de Reconquête.

Et quid de Marine Le Pen ? La cheffe de file de l'extrême droite et mentor de Jordan Bardella a déjà renoncé à Matignon, laissant la place à son bras droit, elle devrait également refuser une place de ministre. Au sein du RN, chacun sait que Marine Le Pen se réserve pour une seule fonction et pour la plus importante de l'Etat : la présidence. Elle a elle-même indiqué qu'"être ministre ne me [permettrait] pas de continuer à travailler ma stature présidentielle."

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