Derrière la démission de Martine Aubry à Lille, un plan bien ficelé pour les municipales

Derrière la démission de Martine Aubry à Lille, un plan bien ficelé pour les municipales Martine Aubry annonce démissionner de la mairie de Lille ce jeudi 6 mars, après avoir passé 24 ans à sa tête et à seulement une année des prochaines élections municipales. Un calendrier qui n'est pas dû au hasard.

"Je pense qu'il est grand temps de laisser la place à une nouvelle génération." Martine Aubry a décidé de tirer sa révérence en tant que maire de Lille après avoir passé 24 ans à la tête de la Métropole européenne de Lille (MEL) et 30 ans au sein du Conseil municipal. C'est dans les colonnes du Monde que la socialiste indissociable de la préfecture du Nord a annoncé sa démission à seulement quelques mois de la fin de son quatrième mandat : "J'ai décidé de partir un an avant les municipales de 2026". Martine Aubry prévoit de démissionner à la mi-mars.

Un point qui peut surprendre : pourquoi avancer son départ à seulement un an des prochaines élections ? L'élue socialiste de 74 ans estime avoir fait sa part et avoir rempli tous les engagements qu'elle avait pris pour Lille. "La ville se porte bien. Les engagements qu'on avait pris auprès des Lillois sont soit réalisés, soit en passe de l'être. Je laisse les clés d'une ville à la fois transformée et bien gérée", a-t-elle déclaré dans Le Monde.

Mais le sentiment d'accomplissement n'est pas la seule explication à la démission de la maire de Lille qui avait succédé à Pierre Mauroy en 2001. Derrière cette décision se cache aussi une stratégie politique. Martine Aubry prépare sa succession et elle a déjà désigné son poulain : "Je souhaite que le Conseil municipal élise maire le premier adjoint, Arnaud Deslandes. Il connaît très bien la ville et a une belle vision pour l'avenir". Membre de la majorité et appuyé par la maire elle-même, l'élu socialiste profite ici d'un tremplin sans pareil et l'édile le sait : "Je suis convaincue que, après un an, les Lillois auront envie de le conserver comme maire."

Une succession assurée et un poulain désigné

Martine Aubry ne s'est pas contenté de son entretien dans la presse pour annoncer sa démission, elle a officialisé la chose lors d'une conférence de presse devant les Lillois. "On a réfléchi au meilleur dispositif pour Lille", a-t-elle promis, expliquant qu'après l'acceptation de sa démission par le préfet, "un Conseil municipal extraordinaire pourrait se tenir le 21 mars" pour élire son successeur. Et là encore elle a rappelé sa préférence pour le premier adjoint à la mairie de Lille, Arnaud Deslandes.

L'élu socialise devrait, sauf surprise, confirmer cette candidature soutenue par celle qui règne sur Lille depuis près de 25 ans. "Je suis à la disposition du collectif", indiquait-il sur le plateau de BFM Lille en octobre dernier sans pour autant se porter officiellement candidat. "Les élus choisiront. Il faut d'abord penser aux projets et à la ville que nous voulons construire après Martine Aubry. [...] Prenons le temps de travailler sur le fonds avant la forme, pensez aux idées avant les egos", ajoutait-il estimant qu'il n'y avait "aucune urgence" et que "le choix du candidat viendra en son temps".

Maintenant que son nom a été avancé, l'heure du choix d'un candidat semble se rapprocher, à un an des élections municipales. D'autant qu'Arnaud Deslandes a été nommé par Martine Aubry, et que le même assurait en octobre que l'édile socialiste "aura évidemment et légitimement son avis à donner" sur son successeur. Le voilà tout désigné, mais pas encore élu.

Aubry ne prend pas sa retraite politique

Si Martine Aubry annonce sa démission de la mairie de Lille, elle assure ne pas prendre sa retraite politique. "J'ai encore de l'énergie et beaucoup d'idées pour Lille", déclare-t-elle dans Le Monde. "Je ne souhaite aucune fonction, mais je veux continuer à réfléchir avec d'autres et à m'exprimer à chaque fois que ce sera utile, y compris au sein de mon parti", à l'échelle de la municipalité ou de la politique nationale. "Je souhaite continuer à travailler avec la gauche et le PS. (...) La menace de l'extrême droite nous impose d'agir : les Français en ont marre, on veut de la stabilité", a ajouté l'élue lilloise lors de la conférence de presse dans sa ville. D'ailleurs, si elle quitte la mairie, la femme politique ne quitte pas Lille pour autant, elle prévoit de rester "vivre à Lille" auprès de ses habitants "chaleureux et solidaires".