Retailleau laxiste ? En prenant son temps, il permet à Marine Le Pen de rester élue locale

Retailleau laxiste ? En prenant son temps, il permet à Marine Le Pen de rester élue locale Onze jours après sa condamnation à 5 ans d'inéligibilité, Marine Le Pen occupe toujours son poste de conseillère départementale du Pas-de-Calais. Une anomalie dénoncée par un député d'Eure-et-Loir.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, Marine Le Pen est toujours conseillère départementale du Pas-de-Calais. Condamnée à une peine de 5 ans d'inéligibilité avec exécution immédiate pour détournement de fonds publics dans l'affaire des assistants parlementaires du FN (désormais Rassemblement national), en première instance, la triple candidate à l'élection présidentielle occupe toujours son poste, à Hénin-Beaumont, comme révélé par Le Parisien, onze jours après sa condamnation.

Si la peine d'inéligibilité prononcée contre la présidente du RN à l'Assemblée nationale ne s'applique pas à son mandat de députée, elle est en revanche bien effective pour ce mandat local qu'elle occupe depuis 2021 dans son fief d'Hénin-Beaumont. Une situation dénoncée par le député d'Eure-et-Loir et porte-parole du groupe LIOT, Harold Huwart : "J'ai saisi Bruno Retailleau sur l'inexécution de la peine d'inéligibilité de Marine Le Pen comme conseillère départementale. Le ministre de l'Intérieur ne peut prêter le flanc à aucune accusation de laxisme en n'appliquant pas une décision de Justice", écrit-il sur X. 

"Que se passe-t-il ? Ces décisions sont prises en 48h d'habitude ! Est-ce si compliqué d'appliquer une décision de justice aussi simple dans les délais ?", s'interroge-t-il dans les colonnes du quotidien, qui s'est procuré le courrier envoyé au ministère de l'Intérieur par l'élu. "Plus d'une semaine après cette décision de justice, il semble qu'aucune mesure n'a été prise par le préfet du Pas-de-Calais, territorialement compétent", regrette Harold Huwart. 

À titre de comparaison, "dans les 48 heures suivant cette condamnation, le préfet de Mayotte a pris un arrêté le déclarant démissionnaire d'office de ses mandats électoraux", rappelle-t-il, en référence à Rachadi Saindou, condamné le 25 juin 2024 à quatre ans d'inéligibilité avec exécution provisoire pour détournement de fonds, recels et prise illégale d'intérêt. Alors, quel sera l'avenir de Marine Le Pen dans le Pas-de-Calais ? "La prise des arrêtés préfectoraux est une histoire de jours et ils sont à la validation du cabinet du ministre", explique le ministère de l'Intérieur auprès du Parisien. De son côté, la préfecture assure que "la procédure est en cours de finalisation", sur la base de la "notification du jugement", reçue ce mardi.

Dernières mises à jour

14:18 - Marine Le Pen bientôt déchue de son mandat de conseillère départementale

Après sa condamnation, Marine Le Pen va perdre son mandat de conseillère départementale. La préfecture du Pas-de-Calais annonce ce jeudi 10 avril finaliser la procédure pour déchoir l'ancienne présidente du RN de son mandat local à Hénin-Beaumont. "Nous avons reçu la notification du tribunal vendredi ou lundi. Donc les préfets, conformément à la loi, prendront leurs arrêtés. Simplement, j’ai demandé que ces arrêtés ne soient pas pris dans le désordre, mais qu’il y ait un aller-retour avec (l’administration) centrale évidemment", précise de son côté Bruno Retailleau. En revanche, Marine Le Pen conservera son mandat de députée du Pas-de-Calais, comme le veut la jurisprudence du Conseil constitutionnel, mais ne pourra pas se représenter si des législatives anticipées sont convoquées après une nouvelle dissolution.