La fin de la 5ème semaine de congés payés ? Ce qu'implique la "monétisation" proposée par le gouvernement

La fin de la 5ème semaine de congés payés ? Ce qu'implique la "monétisation" proposée par le gouvernement La monétisation de la cinquième semaine de congés payés a été évoquée par l'exécutif dans sa feuille de route pour le budget 2026. On vous explique ce mécanisme controversé.

Si cette ligne du plan de redressement des finances publiques par François Bayrou est d'abord passée inaperçue, c'est bien elle qui cristallise toutes les critiques - et les attentions - en cette fin de semaine : la monétisation de la cinquième semaine de congés payés. La ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet parle d'une "piste" à étudier avec les partenaires sociaux. Un document d'orientation devrait justement leur parvenir, début août.

Alors, que signifie vraiment la "monétisation" des congés payés ? La ministre défend sa proposition comme un "droit nouveau". Concrètement, un salarié qui le souhaite pourrait renoncer à sa cinquième semaine de congés payés en échange d'une rémunération. Ce qui est déjà le cas depuis 2022 pour les RTT. Ces jours-là sont payés avec une majoration horaire et les sommes perçues sont exonérées d'impôt sur le revenu et de cotisations vieillesse.

Un objectif : "augmenter le temps de travail"

Pour défendre sa proposition, la ministre du Travail assure qu'il ne s'agit pas d'une décision unilatérale du gouvernement, dont les paramètres sont fixés à l'avance", mais plutôt d'une négociation avec les partenaires sociaux, "s'ils le souhaitent, sur son principe et sur les modalités". Une idée qui séduit particulièrement la CGPME (Confédération des petites et moyennes entreprises). "Si cela correspond aux envies du salarié d'avoir davantage de rémunérations, je ne vois pas où est le problème", explique son vice-président Eric Chevée, dans les colonnes du Parisien. 

La ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet indique avoir "un objectif d'augmenter le temps de travail dans un contexte où déjà quatre salariés sur dix font des heures supplémentaires". Face à cette proposition, des voix s'élèvent déjà. La CFDT - par l'intermédiaire de sa secrétaire générale Marylise Léon, jeudi matin au micro de France Inter - dénonce une idée issue du "musée des horreurs", refusant que les salariés sacrifient leurs congés pour leur pouvoir d'achat.

De son côté, le patron du Parti communiste français, Fabien Roussel, s'indigne d'un retour aux années Giscard et d'un affaiblissement des acquis sociaux. À titre de comparaison, seuls quatre Etats membres de l'Union européenne (UE) disposent de davantage de congés payés que les 25 jours des Français : le Luxembourg (26 jours), l'Estonie (28), l'Espagne et Malte (30).

Une proposition "politiquement suicidaire"

Pour éteindre l'incendie, Astrid Panosyan-Bouvet assure que cette monétisation de la cinquième semaine de congés payés pourrait s'effectuer "sans remise en cause des droits et protections actuelles", mais qu'elle resterait bien "à la main de chaque salarié". "Il faut que l'employeur et le salarié soient d'accord pour le rachat de tout ou partie de cette cinquième semaine", abonde-t-elle. Mais visiblement, tous les membres du gouvernement ne sont pas à la page. Ce jeudi, le ministre de l'Economie Eric Lombard semblait découvrir la mesure : "Je n'ai pas vu ça dans nos propositions, ce n'est pas dans le plan", concédait-il lors d'une visite en Moselle.

Pour rappel, la cinquième semaine de congés payés a été instaurée par Pierre Mauroy, dans le gouvernement de François Mitterrand, en 1982.  S'attaquer "à ce tabou lié à l'histoire de la gauche et du syndicalisme", c'est "politiquement suicidaire, notamment dans la perspective d'une possible motion de censure", alerte Jean Garrigues, historien et président du Comité d'histoire parlementaire et politique, chez 20Minutes. À ce stade, le gouvernement n'a pas donné davantage de détails sur le nombre de salariés concernés, et les secteurs d'activités qui pourraient faire partie des volontaires. Ce qui ne permet pas de chiffrer les bénéfices d'une telle mesure.