Femme voilée à Marseille : les policiers en cause ?
Une enquête administrative a été ouverte à Marseille après un contrôle de police qui a mal tourné dans la nuit de mardi à mercredi. Vers 0h45, deux gardiens de la paix veulent contrôler une jeune femme entièrement voilée près d'une mosquée de la ville. Ils se voient immédiatement opposer un refus. La jeune femme de 18 ans aurait notamment répondu qu'elle ne respectait pas les lois de la République. Très vite, le ton monte. La jeune femme aurait commencé à frapper les agents de police. Son compagnon serait ensuite intervenu lui aussi pour empêcher le contrôle. L'affaire s'est terminée par une altercation dans laquelle plusieurs autres personnes s'en sont pris aux policiers. Bilan : les deux gardiens de la paix ont été blessés, tout comme une fonctionnaire de la BAC, arrivée en renfort et mordue au bras. Plusieurs personnes ont été interpellées puis relâchées dans la nuit.
L'affaire n'aura pourtant pas de suite judiciaire, le but étant de jouer l'apaisement, en plein ramadan. Selon d'autres sources, l'enquête ne serait pourtant pas terminée. Le couple, qui s'est rendu librement au commissariat, pourrait être reconvoqué prochainement. L'enquête administrative concerne quant à elle les méthodes des gardiens de la paix. Plusieurs personnes se seraient plaintes "de violences illégitimes de la part des policiers". Le choix d'effectuer un contrôle de police près d'une mosquée en plein ramadan serait lui aussi en question. Le parquet informe qu'il a saisi le cabinet de discipline de la Direction départementale de la sécurité publique. De quoi indigner les syndicats policers comme Alliance, qui déplore un "sentiment d'indignation".
Que dit la loi sur le voile intégral ?
La loi de 2010 qui interdit le port du voile intégral dans l'espace public permet un contrôle de police pour les personnes voilées. Si l'agent ne peut "en aucun cas" contraindre une personne à se découvrir ou à sortir, il peut en revanche dresser un procès-verbal et contrôler l'identité de la personne. Dans le cas où celle-ci refuse de montrer son visage lors de ce contrôle, elle doit être emmenée au poste de police. Mais il existe de cas particuliers où la sensibilité des forces de police est mise à contribution : les "processions religieuses" et "manifestations traditionnelles" échappent en effet à la règle. Une exception qui rend encore un peu plus difficile l'interprétation de la loi.
L'altercation a eu lieu près de la mosquée es-Sunna, située dans le 3e arrondissement de la cité phocéenne. Un lieu qui, selon Nora Présozi, l'adjointe au maire de Marseille, "regorge de femmes voilées". Selon la même élue citée par Le Point, "beaucoup de femmes vêtues de burqa cherchent l'affrontement avec les forces de l'ordre". Depuis 2010 et le débat sur le voile, la sphère politique est divisée entre défense de la laïcité et des femmes et respect des libertés religieuses. L'affaire marseillaise pourrait bien relancer une polémique alors que le voile intégral est interdit depuis avril 2011 dans l'espace public.
VIDEO - En 2010, la loi en préparation sur le voile intégral avait provoqué un vif débat en France