Reporty : comment fonctionne la nouvelle application qui fait débat

Reporty : comment fonctionne la nouvelle application qui fait débat REPORTY - Testée à partir de ce lundi à Nice, l'application Reporty permet de signaler une infraction en la filmant. L'utilisateur est alors en relation audio et vidéo avec le centre de vidéosurveillance de la police municipale. De la "délation généralisée", dénonce l'opposition.

[Mis à jour le 15 janvier 2018 à 18h16] Nice, ville qui détient le record du nombre de caméras en France avec 1950 appareils qui parsèment ses rues, se voit doter, à partir de ce lundi, d'un nouveau système de surveillance : Reporty. Cette application, qui arrive pour la première fois en France, permet à ses utilisateurs de filmer n'importe quelle incivilité afin que la scène soit transmise en direct au centre de vidéosurveillance de la police municipale.

"La personne qui appelle tombe directement sur le centre de supervision urbaine (CSU) et peut transmettre en direct des images de bonne qualité, ce qui permet de la géolocaliser, de cibler les caméras sur la zone et de dépêcher une patrouille", a fait savoir la mairie. "C'est un Facetime avec la police municipale", résume auprès de Nice-Matin Véronique Borré, en charge de la Sécurité à la mairie de Nice. Les images sont traitées comme celle des caméras classiques de la ville et peuvent faire l'objet d'une réquisition de la justice.

Reporty a été imaginée par un ancien Premier ministre israélien

En revanche, impossible pour l'utilisateur de garder la moindre trace de ce qu'il filme via l'application. "Le fait que ce soit en direct et que ce ne soit pas enregistré par celui qui appelle est une sécurité, les images ne pourront pas être manipulées, ni envoyées sur les réseaux sociaux", poursuit Mme Borré. Un premier test est effectué sur 2 000 personnes : des agents municipaux, des comités de quartier ou des membres du réseau " Voisins vigilants ". Ce service pourra également être utilisé par les touristes ne parlant pas le français. En effet, une traduction automatisée sera opérée lors de l'appel entre l'utilisateur non-francophone et le policier municipal en charge de l'appel vidéo.

L'application Reporty, imaginée par une start-up israélienne dirigée par l'ancien Premier ministre Ehud Barak, a apparemment séduit Christian Estrosi, maire de la Nice. Qualifiée de "révolutionnaire" par ce dernier, elle fait pourtant débat. Les élus PS de la cité niçoise parlent d'"une démarche contestable sur le fond et inadmissible sur la forme (...) qui ressemble à l'organisation d'un processus de délation généralisé".

Un premier bilan de Reporty attendu dans deux mois

Même son de cloche du côté de la Quadrature du Net, association de défense des droits et libertés des citoyens sur Internet, qui par la voix de son co-fondateur s'interroge sur la légalité de l'application. Selon Benjamin Sontaag, questionné par franceinfo, Christian Estrosi "ne se gêne pas d'expliquer à quel point c'est utile pour instaurer la délation dans toute la ville", même s'il précise attendre "de voir si c'est utile ou pas". Pour se défendre, le maire niçois a estimé que "chacun d'entre nous [devait] devenir un citoyen engagé acteur de sa propre sécurité, et donc de la sécurité collective". 

Serge Massierra, le directeur des systèmes d'information de la ville de Nice, met en avant l'aspect novateur du système. "Par exemple, quand une personne renverse un cycliste, il est paniqué et avec seulement l'audio, ne peut parfois pas donner sa position ou décrire la gravité de la situation", a-t-il confié à franceinfo. L'application peut également servir dans le cas d'un malaise, ajoute la mairie, qui précise qu'un manuel de déontologie a été fourni aux 2 000 testeurs de l'application. Dans deux mois, un premier bilan sera établi pour savoir si oui ou non Reporty fait diminuer les incivilités.