Macron tacle l'écriture inclusive, les réactions de féministes se multiplient
"Dans cette langue, le masculin fait le neutre. On n'a pas besoin d'y ajouter des points au milieu des mots, ou des tirets ou des choses pour le rendre visible", a lâché Emmanuel Macron lundi 30 octobre 2023 dans son discours d'inauguration de la Cité internationale de la langue française. Une critique à peine voilée de l'écriture inclusive dont l'utilisation fait régulièrement débat ces dernières années, les uns jugeant qu'elle permet de mieux inclure les femmes et les personnes non genrées, les autres dénonçant une écriture peu lisible qui complique la lecture aux personnes ayant déjà des troubles du langage écrit, tels que la dyslexie ou la dysorthographie.
Alors que les sénateurs devaient justement se pencher en fin de journée sur une proposition de loi visant notamment à interdire certains éléments de l'écriture inclusive, comme le mot "iel" (contraction des pronoms personnels masculin et féminin "il" et "elle"), Emmanuel Macron a appelé à "garder les fondements" et à "ne pas céder aux airs du temps". Des propos du chef de l'État largement applaudis par son auditoire, mais, sans surprise, peu goûtés par les féministes. Rapidement, les critiques ont fusé sur le réseau social X (ex-Twitter).
Écriture inclusive: Emmanuel Macron appelle à "ne pas céder aux airs du temps" pic.twitter.com/6hApRZTVRK
— BFMTV (@BFMTV) October 30, 2023
"La langue française est vivante, en constante évolution"
Parmi les féministes vent debout contre les propos d'Emmanuel Macron, l'écologiste Sandrine Rousseau, qui s'est contentée de commenter la prise de parole d'Emmanuel Macron en ces termes : "Tout est une dinguerie dans ce discours…" De son côté, la conseillère de Paris et porte-parole d'EELV, Aminata Niakate, a pointé le fait que "la langue française est vivante, en constante évolution. C'est sa richesse". Estimant que "l'écriture inclusive est l'une de ses réalités, n'en déplaise à certains", elle a invité les détracteurs de l'écriture inclusive à relire le précieux guide du Haut Conseil à l'égalité.
La langue française est vivante, en constante évolution. Cest sa richesse. Lécriture inclusive est lune de ses réalités, nen déplaise à certains.
— Aminata Niakate (@aminataniakate) October 30, 2023
Pour une communication égalitaire et non sexiste, je vous invite à relire le précieux guide du @HCEfhhttps://t.co/TLeeYZb8Ra https://t.co/qpboteyQkE
Un document auquel s'est également référée la militante féministe Marylie Breuil. "Il y a un an, le Haut Conseil à l'égalité sortait la V2 de son guide pour l'écriture inclusive. Si vous l'aviez lu, vous sauriez que le sexisme de la langue française est à la base de tous les stéréotypes, et donc des inégalités, et participe à l'invisibilisation massive des femmes", a-t-elle mis en avant. Présidente d'HES LGBTI+, Sophie Roque a déclaré sur le réseau social X que, selon elle, "considérer que le masculin fait le neutre est en soi le problème. Que le Sénat souhaite légiférer contre l'écriture inclusive et que le président de la République ait les mêmes arguments en disent beaucoup des mécanismes trop bien ancrés du patriarcat". Enfin, la conseillère de Paris Raphaëlle Rémy-Leleu a tenu à rappeler ce qu'est, d'après elle, l'écriture inclusive, à savoir : "Une évidence, un projet de société, une pratique quotidienne de l'égalité, un élan militant, artistique, intellectuel, politique."