Mayotte : "loi d'urgence", électricité, écoles... Ce qu'il faut retenir du plan d'aide annoncé par François Bayrou
Lors de sa visite à Mamoudzou, le Premier ministre a listé plusieurs mesures qui devraient faire partie du plan "Mayotte debout". La mise en place de celui-ci devrait débuter dès le 3 janvier.
Il est temps de reconstruire Mayotte et François Bayrou a fait part de son plan "Mayotte debout" pour y parvenir. Le Premier ministre était en déplacement à Mamoudzou, chef-lieu de Mayotte, lundi 30 décembre, pour rendre visite aux sinistrés et aux élus locaux. Il leur a promis des "décisions précises et claires", seize jours après le passage du cyclone Chido qui a fait au moins 39 morts à Mayotte, selon le dernier bilan qui reste provisoire.
Le rétablissement des infrastructures
L'une des principales demandes des Mahorais est le rétablissement de l'eau et de l'électricité partout sur l'île. En effet, les sinistrés se sont plaints du contenu des aides envoyées à Mayotte, puisqu'elles ne pouvaient pas être utilisées sans eau ou électricité, comme de la farine.
"L'électricité doit être rétablie dans chaque foyer fin janvier", a assuré le Premier ministre. Aujourd'hui, à peine plus de la moitié de la population de l'archipel y a accès, selon un point transmis par l'Élysée. "200 agents de plus" devraient être affectés à Électricité de Mayotte, selon François Bayrou, qui précise que "la main d'œuvre locale serait engagée". Deux cents groupes électrogènes, soit "une dizaine par commune" devraient également être acheminés.
L'eau est également une source d'inquiétude pour les Mahorais qui n'y ont accès que "deux jours sur trois pendant huit heures", selon les informations du gouvernement. François Bayrou a annoncé faire appel à des unités spécialisées de l'armée afin d'aider à la remise en état du réseau d'eau. Il a promis que la "production d'avant Chido", soit "38 000 m³ par jour" serait "atteinte dès la semaine prochaine" et qu'elle serait portée à "40 000 m³ par jour" avant "le 30 juin 2025".
La communication rétablie grâce à Starlink
Les réseaux de communication ont largement été endommagés par le passage de l'ouragan et n'ont pas encore été rétablis. Le Premier ministre a annoncé le déploiement de 200 antennes Starlink, la technologie développée par Elon Musk permettant d'accéder à Internet. Celle-ci, également utilisée en Ukraine, permettra d'assurer " les communications en urgence " à Mayotte. François Bayrou a aussi annoncé le déploiement d'une "solution 5G" d'ici six mois avec un investissement de "200 millions d'euros sur deux ans" afin de déployer la fibre optique à Mayotte.
Quelle solution pour les élèves ?
La rentrée scolaire a lieu le 6 janvier pour tous les enfants scolarisés en France, mais les écoles de Mayotte ont été quasiment toutes détruites, et celles encore debout servent de lieux d'accueil pour les sinistrés. "La rentrée ne pouvant se faire dans des conditions normales, elle se fera établissement par établissement", explique le Premier ministre, à partir du 13 janvier. Une rentrée retardée d'une semaine, ce qui laisse plus de temps aux familles pour s'organiser. "Une scolarisation temporaire pourra être organisée dans l'Hexagone" pour les familles qui le souhaitent. Des "évacuations des collèges, écoles et lycées" occupés par les sinistrés devraient être organisées.
Mais pour cela, il va falloir trouver des solutions d'hébergement aux personnes qui ont tout perdu. Pour cela, François Bayrou s'appuie sur un constat qu'il a fait le 31 décembre, devant la presse en visite à La Réunion. Il estime qu'une personne sur quatre serait présente de manière illégale sur le territoire. Le Premier ministre parle donc de "reconduite à la frontière pour celles qui seraient en situation irrégulière", ce qui diminuera largement le nombre de personnes à mettre "à l'abri".
Les bidonvilles et l'immigration dans le viseur de François Bayrou
"L'État et les pouvoirs publics locaux s'accordent pour interdire et empêcher la reconstruction des bidonvilles", promet le Premier ministre, "il y aura des interventions pour qu'on sorte de ce cycle infernal, on ne peut pas laisser Mayotte devenir la capitale des bidonvilles". Il faut dire qu'une grande partie des habitations qui ont été détruites au passage du cyclone font partie de ces bidonvilles géants qui recouvraient l'île, symbole de la précarité d'une partie de ses habitants.
À La Réunion, le 31 décembre, pour rendre visite aux équipes de secours qui transitent par cette île voisine, François Bayrou s'est à nouveau exprimé devant la presse. Il assure que les bidonvilles de Mayotte sont "les plus dangereux et les plus meurtriers qui soient présents sur la planète". Il considère insupportable cette situation, au même titre que l'immigration, principalement venue des Comores, "incontrôlée et incontrôlable". Il a été très ferme en assurant qu'il "n'acceptera jamais qu'on dise qu'on n'a pas les moyens" de lutter contre cette immigration.
La loi spéciale
Toutes ces mesures vont être votées avec la fameuse loi spéciale, promise par Emmanuel Macron après sa visite à Mayotte. François Bayrou a annoncé qu'elle serait présentée en Conseil des ministres le 3 janvier "avec une présentation au Parlement sous quinze jours". Une autre loi "programme de refondation de Mayotte" sera préparée avec les élus locaux sous trois mois. Un nouveau recensement sera également enclenché pour permettre "de sortir des ambiguïtés et des incohérences sur l'appréciation numérique de la population".
François Bayrou a également annoncé la réouverture de l'aéroport aux vols commerciaux le 1er janvier, l'envoi de gendarmes et de policiers supplémentaires, avec la "formation de 300 gendarmes et auxiliaires mahorais", ainsi que des mesures pour développer le système de santé.