Il suffit de lâcher son téléphone pendant cette courte durée pour constater des effets positifs sur le cerveau

Il suffit de lâcher son téléphone pendant cette courte durée pour constater des effets positifs sur le cerveau Des scientifiques ont mis au jour des modifications de l'activité cérébrale provoquées par la privation de téléphone. Les effets ont été très rapides.

Lâcher son téléphone est devenu de plus en plus difficile et rare. Les Français passent en moyenne 5 heures et 7 minutes par jour sur leur téléphone, hors activité professionnelle, selon le rapport de Data.ai, soit près de 2 heures de plus qu'il y a dix ans. D'après une enquête de l'Observatoire santé PRO BTP, 21% des Français se déclarent incapables de s'en passer ne serait-ce qu'une journée. Alors imaginez trois jours !

C'est pourtant l'expérience qu'ont récemment menée des chercheurs de l'université de Heidelberg et de l'université de Cologne en Allemagne. Pour leur étude publiée dans la revue Computers in Human Behavior, ils ont privé 25 jeunes adultes, âgés entre 18 et 30 ans, de téléphone. Ils n'avaient le droit de l'utiliser que pour des tâches essentielles comme le travail ou des communications indispensables.

72 heures plus tard, ils ont participé à des tests, dont les résultats ont été comparés à ceux réalisés en amont. Ils ont été confrontés à différentes images telles que des téléphones allumés ou éteints, des fleurs ou encore des bateaux. Les chercheurs ont analysé à ce moment-là, grâce à une IRM, leur activité cérébrale. Face aux images de smartphone, deux zones du cerveau ont particulièrement réagi : le noyau accumbens et le cortex cingulaire antérieur. Le premier est lié à la production de dopamine, molécule de la récompense et du plaisir, et le second est davantage associé à l'autocontrôle et à la résistance. 

Ces signaux sont similaires à ceux liés à la dépendance à l'alcool ou à la nicotine. "Des associations entre les changements d'activation cérébrale au fil du temps et les systèmes de neurotransmetteurs liés à la dépendance ont été trouvées", avancent les chercheur. La privation de téléphone favorise donc des réactions neurologiques similaires à celle du sevrage de substances addictives. Certains participants ont par ailleurs déclaré avoir ressenti une légère amélioration de leur humeur pendant cette période. Il semblerait donc que le cerveau traite aussi le "sevrage" au téléphone rapidement, avec des effets positifs.

Les chercheurs nuancent cependant en expliquant que toutes les activités sur téléphones ne sont pas aussi addictives les unes que les autres. "Nos données ne font pas la distinction entre le désir d'utiliser un smartphone et le désir d'interaction sociale, deux processus aujourd'hui étroitement liés". "Bien que nos données montrent des résultats relativement solides sans pour autant démêler ces processus, les études futures devraient clairement viser à aborder cet aspect", ajoutent-ils.