Scandale Shein : des flops à la chaîne et une réaction du patron de la marque chinoise
VIDEO

Scandale Shein : des flops à la chaîne et une réaction du patron de la marque chinoise

Après des signalements, l'annonce de la suspension du site de Shein en France et des retours mitigés sur la boutique au BHV, la marque chinoise multiplie les déconvenues. Son patron, Donald Tang, réagit avec une lettre aux autorités françaises.

Le scandale autour de Shein se poursuit et le gouvernement a décidé de réagir. Après le signalement par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) sur des annonces de vente concernant des poupées sexuelles pédopornographiques révélées le samedi 1er novembre et celui d'un député sur d'autres annonces concernant des armes de catégorie A, le géant du e-commerce chinois cumule les fautes.

Le ministre de l'Economie avait mis en garde le site Shein contre une éventuelle interdiction d'accès au marché français si des annonces contraires à la législation française étaient répétées, le lundi 3 novembre sur le plateau de BFMTV. La mise en conformité de Shein sur l'affaire des poupées sexuelles avec la suppression des annonces concernant les objets illicites et le déréférencement de la catégories "objets pour adultes" semblait avoir suffit. Mais ce mercredi 5 novembre, quelques heures après le signalement portant sur les armes à feu, le gouvernement a annoncé "engager la procédure de suspension de Shein" sur "instruction du Premier ministre". La suspension n'est pas présentée comme définitive, mais devant durer "le temps nécessaire pour que la plateforme démontre aux pouvoirs publics que l’ensemble de ses contenus soient enfin en conformité avec nos lois et règlements". Concrètement, la suspension sera effective à compter du vendredi 7 novembre si Shein ne se met pas en conformité d'ici là.

Face à la décision du gouvernement, le patron de Shein, Donald Tang, a adressé une lettre au ministère de l'Economie promettant de "respecter toutes les lois françaises". Il confirme la suspension de son marketplace et a annoncé la suspension des ventes des produits natifs Shein ne relevant pas du secteur de l'habillement sont également suspendues. Assurant avoir "l'intention de créer les conditions nécessaires pour collaborer étroitement avec [la France] et les autorités compétentes, en veillant à ce que les mesures correctives que nous mettons en place soient à la fois robustes et transparentes", le patron de Shein a proposé une rencontre pour présenter le "cadre de conformité" et "les mesures fermes et immédiates" prises par le géant du e-commerce à Bercy..

Si le gouvernement réagit au scandale et prend des mesures contre Shein, Le Canard Enchaîné révélait le 4 novembre que la DGCCRF aurait pu se saisir de l'affaire plus tôt, car "elle a d'abord envoyé bouler une lanceuse d'alerte" écrit le journal. "Il a fallu que celle-ci dénonce l'affaire au magazine '60 millions de consommateurs' pour que le ministère se décide à réagir", apprend-on.  "Faux" selon Bercy. Même si la lanceuse d'alerte "a renseigné que l’entreprise se trouvait en Chine (...) lors du signalement, un message s’affiche pour indiquer que le signalement sera envoyé à la répression des fraudes". Voilà pourquoi, le signalement de la même consommatrice transmis par 60 millions de consommateurs à la DGCCRF a donc bien été pris en compte et fait l’objet immédiat d’un relais aux autorités compétentes", confie le ministère auprès de Libération.

Des prix plus élevés en magasin ? Des clients frustrés et mécontents

Bravant la polémique, de nombreux clients sont tout de même venus mercredi assister à l'ouverture de la boutique Shein au BHV. Mais pour certains, c'est la déception. En cause notamment, rapporte Brut, des prix jugés plus élevés que ceux pratiqués en ligne. "Il y a moins de modèles que sur le site et les prix sont assez gonflés", estime une cliente, qui regrette également le fait que toutes les tailles ne sont pas disponibles. Mais le patron du BHV du Marais défend les prix pratiqués. "On a mis des étiquettes avec un QR code pour vérifier le prix par rapport à Internet." Les petits prix disponibles sur Internet seraient liés, selon lui, aux nombreuses promotions commerciales mises en place sur la plateforme. Or, assure-t-il, des promotions seront aussi organisées en magasin.

"Je trouve que c'est une arnaque. C'est beaucoup plus cher (que sur le site). Les jeans, je les achètes 7-8 euros. Ici, ils sont à 25-30 euros", déplore Esther au micro de BFMTV. "Je pense que le site internet sera beaucoup plus avantageux", observe un autre client. "Je suis outrée. Les prix sont aberrants. Ce n'est pas Shein", déplore une troisième repartie les mains vides, toujours interrogée par la chaîne info.

Après des poupées sexuelles, des armes de catégorie A signalées sur Shein

Le scandale Shein a éclaté après que les services de l'Etat ont été prévenus le jeudi 30 octobre de la présence d'une offre commerciale illégale sur le site d'e-commerce : la vente d'une poupée sexuelle aux allures de petite fille tenant un ours en peluche. La description de l'objet et sa catégorisation "permettent difficilement de douter du caractère pédopornographique des contenus", a constaté la DGCCRF. Sur le site Shein, la poupée d'apparence enfantine est décrite comme mesurant 80 cm de haut et surtout comme un "jouet de masturbation masculine avec corps érotique et vrai vagin et anus" rapporte Le Parisien.

Dans un communiqué publié lundi soir, Shein a annoncé avoir interdit la vente de toutes les "poupées sexuelles" sur son site et avoir même temporairement déréférencé sa catégorie "produits pour adultes" en réponse à la saisie de la DGCCRF. "Il s'agissait de publications émanant de vendeurs tiers, mais j'en prends la responsabilité personnelle", a déclaré Donald Tang, président exécutif de Shein. Les responsables de Shein ont toutefois été convoqués devant les députés sous deux semaines dans le cadre d'une mission d’information de l'Assemblée sur les contrôles des produits importés en France. L'audition "doit permettre d'obtenir des réponses précises sur la transparence des chaînes d'approvisionnement de Shein, ses procédures de contrôle interne et les mesures correctrices mises en œuvre à la suite de cet incident particulièrement grave", a expliqué le rapporteur de la mission Antoine Vermorel-Marques, dans un communiqué.

Les poupées pédopornographiques pourraient bien ne pas être les seuls produits problématiques en vente sur la plateforme chinoise. Le mercredi 5 novembre, le député LR de la Loire Antoine Vermorel-Marques a annoncé avoir effectué un signalement à la procureure de Paris pour la mise en vente en libre accès d'armes de catégorie A sur le site de Shein. Il rappelle que "le fait de vendre ces armes est puni de 5 ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende. Un nouveau cap est franchi", dit-il sur X. "On est passé avec Shein de la fast fashion au fast crime!", lance-t-il dans les colonnes du journal Le Parisien. Des machettes et des coups de poing américains seraient notamment en vente sur la plateforme.

Des poupées disponibles sur d'autres sites d'e-commerce chinois

Si la présence de poupées sexuelles pédopornographiques a été signalée sur Shein, AliExpress proposait aussi des objets similaires à la vente. Ces derniers ont été retirés des plateformes françaises, a constaté franceinfo le lundi 3 novembre, mais RMC signale que les produits sont toujours disponibles sur les versions étrangères des sites accessibles avec un VPN. Des enquêtes confiées à l'Office des mineurs (Ofmin) ont été ouvertes par la justice française.

A noter que la vente de cette poupée sexuelle au caractère pédopornographique expose à de lourdes sanctions : "La diffusion, via un réseau de communications électroniques, de représentations à caractère pédopornographique, est passible de peines pouvant aller jusqu'à 7 ans d'emprisonnement et 100 000 euros d'amende" rappelle la DGCCRF. Les services soulignent par ailleurs dans leur communiqué que les signalements portent sur une marque pour laquelle "des pratiques commerciales trompeuses et des allégations mensongères ainsi que plusieurs non-conformités ont déjà été largement constatées et sanctionnées précédemment". L'entreprise de e-commerce a déjà été sanctionnée à trois reprises en France.

Des annonces hébergées par les plateformes Temu et Wish ont également été signalées. Celles-ci sont toutefois "seulement" accusées d'avoir diffusé des contenus pornographiques sans mesure de filtrage sur les mineurs. Des enquêtes portant sur la conformité des plateformes avec le droit français ont été ouvertes par la justice française lundi. La cellule d'investigation de Radio Classique indique par ailleurs avoir trouvé des annonces concernant des poupées sexuelles aux airs enfantins sur de nombreux sites : le sex-shop professionnel Sex Dolls Europe qui dans la catégorie des poupées de "moins d'1m25" proposent des objets pédopornographiques, mais aussi les sites de reventes comme Vinted ou Ebay avec de nombreuses annonces diffusées par des particuliers.

Après le scandale révélé sur Shein, la haute-commissaire à l'Enfance Sarah El-Haïry a annoncé convoquer "l'ensemble des grandes plates-formes" de commerce électronique et a promis de remonter jusqu'aux "fournisseurs". "Je veux comprendre qui a autorisé la vente de ces objets, quels sont les processus qui ont été mis en place, pour que ça ne se reproduise pas, (et) qui sont les fournisseurs parce qu'il y a bien des gens qui produisent ces poupées absolument ignobles", a-t-elle estimé dimanche 2 novembre sur RTL.

Les acheteurs des poupées retrouvés ? Un homme de 56 ans interpellé

Non seulement de vouloir remonter aux fournisseur, les autorités françaises ambitionnent de mettre la main sur les acheteurs ayant commandé les poupées sexuelles pédopornographiques. Sarah El-Haïry, la haute-commissaire à l'Enfance a évoqué la possibilité d'une "discussion" avec Shein pour obtenir les données concernant les acheteurs de ces poupées en France. "Les gens qui ont acheté ces poupées ont utilisé leur carte de crédit, ils se sont fait livrer à leur domicile ou à leur bureau", a-t-elle poursuivi sur Franceinfo. Le porte-parole de Shein en France, Quentin Ruffat, a fait savoir sur RMC que le site donnera les noms des acheteurs s'ils sont demandés : "Nous collaborerons à 100% avec la justice et répondrons à l'ensemble des questions qu'ils nous posent. Nous serons en totale transparence avec la justice".

Si les acheteurs de ces poupées sont recherchés, c'est parce que ces achats sont susceptibles de traduire des tendances pédophiles et punies par la loi. La haute-commissaire a indiqué sur Franceinfo que ces poupées pouvaient éventuellement servir à des pédocriminels avant que ces derniers ne s'en prennent à d'autres enfants. Une hypothèse également mentionnée par Arnaud Gallais, prédisent de Mouv'Enfants qui cite en exemple le cas de Joël Le Scouarnec, le médecin qui a fait plus de 300 victimes et chez qui "on a retrouvé une collection de poupées sexuelles à l'effigie d'enfants".

L'identification des acheteurs a porté quelques fruits puisque les employés d’un dépôt ont découvert lundi 3 novembre un colis qui contenait une "poupée en silicone" d'1m30 représentant une jeune fille, dans les Bouches-du-Rhône, révèle Le Parisien. Cette découverte a été signalée à la Brigade territoriale de Gardanne, et "le destinataire, demeurant à Bouc-Bel-Air, a été identifié", apprend-on. Le parquet d’Aix-en-Provence a ouvert une enquête en flagrance pour "importation, tentative acquisition et tentative de détention de l’image d’un mineur présentant un caractère pornographique". Le destinataire, "un homme de 56 ans, déjà condamné pour des affaires de mœurs, a été interpellé et placé en garde à vue", précise le quotidien francilien. Une perquisition a été réalisée à son domicile, son matériel informatique a été saisi et est en cours d’analyse.

Toutefois, l'objet ne provenait pas de Shein, comme annoncé dans un premier temps, mais d'un site français. Sur le carton est inscrit l'expéditeur, une société chinoise dénommée "ZECH", mais c'est bien sur un site français que la poupée a été commandée. Selon les informations de BFMTV, ce site, spécialisé dans les "poupées sexuelles" met en avant les poupées en les catégorisant par tailles. "Les poupées les plus petites commencent en 65cm. Poupées sans poitrine, en tenue d'écolière, en pyjama d'enfant ou encore présentées avec doudou et crayons de couleurs", est-il écrit sur le site, comme rapporté par le média. Ce fameux site ne comprend aucune mention légale, seule l'adresse d'une entreprise basée à Hong-Kong. Le site est inconnu des autorités françaises et le parquet d'Aix-en-Provence assure ne pas avoir ouvert d'enquête.

Dernières mises à jour

19:17 - "Une opération d'une ampleur exceptionnelle" : près de 200 000 colis Shein contrôlés à Roissy

Ce jeudi a été marqué par une "opération d'une ampleur exceptionnelle". À l'aéroport parisien Roissy-Charles de Gaulle, "100% des colis issus de la plateforme de e-commerce Shein" devaient être contrôlés, soit près de 200 000. Objectif : "vérifier la conformité des produits, la véracité des déclarations et le respect des obligations fiscales et douanières", a révélé sur X la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, qui remarquait à la mi-journée que "les premiers constats [faisaient] apparaître des produits non conformes et illicites : cosmétiques non autorisés, jouets dangereux pour les enfants, contrefaçons, appareils électroménagers défaillants".

17:42 - Une rencontre entre le patron de Shein et Bercy ?

Dans la lettre qu'il a adressé à Bercy, le patron de Shein propose une rencontre au ministère de l'Economie pour présenter le "cadre de conformité" et "les mesures fermes et immédiates" prises par la marque chinoise. Pour rappel, le géant du e-commerce est visé par trois procédures : la suspension du gouvernement français qui sera effective à compter de la journée de vendredi en l'absence de mise en conformité du site Shein aux lois françaises ; le demande de blocage de Shein demandé par le ministre de l'Intérieur la justice ; et une enquête sur les pratiques de la plateforme demandée à la Commission européenne par la ministre du Numérique Anne le Henanff.

17:18 - Le patron de Shein promet de se soumettre aux lois françaises et suspend la ventes de certains produits

Au lendemain de l'annonce de la suspension de Shein par le gouvernement, le patron du site chinois a envoyé une lettre à Bercy dans laquelle il s'engage à "respecter toutes les lois françaises". Donald Tang écrit également dans ce courrier, consulté par BFMTV, qu'en plus de suspendre tous les produits des vendeurs tiers, comme annoncé mercredi, il allait suspendre les ventes des produits natifs Shein ne relevant pas du secteur de l'habillement. Avec ces mesures, il indique avec "l'intention de créer les conditions nécessaires pour collaborer étroitement avec [la France] et les autorités compétentes, en veillant à ce que les mesures correctives que nous mettons en place soient à la fois robustes et transparentes".

09:02 - La poupée commandée par l’homme de 56 ans arrêté venait d’un site français

Un homme de 56 ans a été arrêté par les gendarmes après l’interception d’un colis contenant une poupée sexuelle à caractère pédopornographique, mercredi 5 novembre. Mais contrairement à ce qui avait été annoncé en premier temps, la poupée n’avait pas été achetée sur Shein. Sur le carton est inscrit l'expéditeur, une société chinoise dénommée "ZECH", mais c'est bien sur un site français que la poupée a été commandée. Selon les informations de BFMTV, ce site, spécialisé dans les "poupées sexuelles" met en avant les poupées en les catégorisant par tailles.

"Les poupées les plus petites commencent en 65cm. Poupées sans poitrine, en tenue d'écolière, en pyjama d'enfant ou encore présentées avec doudou et crayons de couleurs", est-il écrit sur le site, comme rapporté par le média. Ce fameux site qui affiche des délais de livraison de "7 à 15 jours" et une "expédition gratuite par DHL, Fedex ou UPS" ne comprend aucune mention légale, seule l'adresse d'une entreprise basée à Hong-Kong. Le site est inconnu des autorités françaises et le parquet d'Aix-en-Provence assure ne pas avoir ouvert d'enquête.

08:57 - "C'est une arnaque", des clients déçus par les prix en magasin

"Je trouve que c'est une arnaque. C'est beaucoup plus cher (que sur le site). Les jeans, je les achètes 7-8 euros. Ici, ils sont à 25-30 euros", déplore Esther au micro de BFMTV. "Je pense que le site internet sera beaucoup plus avantageux", observe un autre client. "Je suis outrée. Les prix sont aberrants. Ce n'est pas Shein", déplore une troisième repartie les mains vides, toujours interrogée par la chaîne info. Force est de constater que l'ouverture de Shein, au-delà des polémiques liées à la vente de poupées pédopornographiques, n'a pas vraiment produit l'effet escompté chez certains clients habitués aux prix pratiqués sur le web.

05/11/25 - 22:45 - La déception des clients après l'ouverture de la boutique Shein

De nombreux clients ont fait fi de la polémique ce mercredi et se sont rendus à l'ouverture de la boutique Shein au BHV. Pour certains, la déception a toutefois été grande face aux prix pratiqués sur place. Des prix souvent jugés supérieurs à ceux du site. "Il y a moins de modèles que sur le site et les prix sont assez gonflés", estime ainsi auprès de Brut une cliente, qui pointe aussi le fait que toutes les tailles ne sont pas disponibles. De son côté, le patron du BHV du Marais défend les prix pratiqués. "On a mis des étiquettes avec un QR code pour vérifier le prix par rapport à Internet." Les petits prix disponibles sur Internet seraient liés aux nombreuses promotions commerciales mises en place sur la plateforme. Or, des promotions seront aussi organisées dans le magasin, assure-t-il.

LIRE PLUS