"Un goût de vinaigre..." Un moucheron asiatique contamine les cerises françaises et il est quasi-impossible de le détecter
C'est la hantise des amateurs de cerises l'été venu : le ver qui envahit et colonise le fruit au point de faire douter le consommateur au moment de croquer dans ce petit fruit rouge savoureux. Pour ne pas gâcher le plaisir de la dégustation, il existait jusque-là plusieurs moyens.
Le premier est de traiter l'arbre s'il est issu d'un verger sauvage, le deuxième est tout simplement d'acheter des fruits chez un primeur, les traitements phytosanitaires des producteurs garantissant un risque très limité de tomber sur un fruit véreux. Le troisième est de surveiller l'apparence du fruit, un petit trou jaune en surface permettant de détecter la ponte par une mouche du cerisier.
Hélas, un nouvel insecte a fait son apparition et ravage les récoltes françaises. De la Corse, le Drosophila suzukii, venu du Japon, est remonté dans le Sud-Est avant d'être signalé dans le bassin rhodanien, en Ile de France ou en Alsace. Il est désormais presque partout en France. Les principaux bassins producteurs de cerises, en Ardèche, dans le Vaucluse ou dans la Drôme par exemple, en sont aujourd'hui envahis.
"Toute la production est immangeable : ça donne un goût de vinaigre"
Cette petite mouche asiatique fait des ravages en colonisant les fruits à peine murs pour y pondre ses minuscules oeufs. Les larves se développent ensuite au coeur du fruit et les dévorent de l'intérieur. La cerise devient alors molle et liquide, devenant impropre à la consommation pour finalement tomber de l'arbre. La récolte est rapidement ravagée et les signes pour repérer une cerise colonisée sont extrêmement réduits, alertent les producteurs qui ont tiré la sonnette d'alarme. "Quand la suzukii attaque un verger, toute la production de cerises est immangeable : ça donne un goût de vinaigre et la cerise est fichue...", note un arboriculteur du Rhône, Alain Coquard interrogé par France 3.
Les producteurs français se disent aujourd'hui démunis pour combattre cette invasion, surtout depuis l'interdiction d'un pesticide en 2016 en raison d'une concentration trop importante du produit sur le fruit puis d'une molécule, le Phosmet, par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa). L'instance a motivé sa décision en 2022 par "un risque aigu et chronique élevé pour les consommateurs".
"A partir de la mi-juin, on ne pourra plus ramasser de cerises"
Privé de ce moyen chimique controversé, les producteurs en sont réduits à installer des filets coûteux et pas toujours faciles à installer ou à utiliser des produits qu'ils jugent moins efficaces. Comme ces mouches se reproduisent à un rythme élevé, particulièrement quand il fait chaud et humide, certains avertissent les consommateurs. "A partir de la mi-juin, on ne pourra plus ramasser de cerises", assurait en début d'année Florian Minodier, arboriculteur ardéchois interrogé par l'AFP. A moins d'une météo favorable, seuls les fruits les plus précoces comme les cerises de variété Burlat pourraient être épargnés. Si vous aimez les cerises, mieux vaut donc ne pas traîner pour en déguster...