Un avis tranché sur la comédie et un petit regret : Alain Chabat révèle les secrets de ses films
Le public a bravé la pluie pendant une heure. Mais malgré le retard, Alain Chabat a été accueilli par une salle comble, comme un roi. Ce mardi, le réalisateur a eu l'honneur d'une conversation, organisée par l'une des sections parallèles du Festival de Cannes, la Quinzaine des Cinéastes. Pour mettre à l'honneur la comédie, genre rare en sélection, celui qui réunit les générations a été invité à s'exprimer sur ses goûts en matière de cinéma, d'humour, mais également sur ses secrets de création.
Après que le public a crié un "ça va être tout noir !", la rencontre a débuté par la projection du film Tin Men, film de Barry Levinson aux personnages "très sympathiques" selon le cinéaste aux films cultes (Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre, La Cité de la Peur, Didier...). Il a également dévoilé des extraits de ses films préférés du genre, comme Groove Tube (1974), Top Secret ("un chef d'oeuvre absolu de tout"), Le shérif est en prison ("je me suis dit avec ce film 'on a tous les droits'") ou Tonnerre sous les tropiques ("peut-être qu'il est difficile à faire aujourd'hui, peut-être que non, je pense que le message du film est très clair").

Alain Chabat explique alors que chacun de ses films correspond à une période très particulière de sa vie, et que ses idées naissent de colères ou d'agacement : "Ce qui est beau avec la comédie, c'est qu'on entend mieux les messages que dans un film très sérieux. Si je le dis normalement je vais le dire en gueulant et c'est nul, j'ai l'impression de pas être entendu. La comédie était un moyen pour moi de raconter des choses plus audibles".
Ce qui compte pour le cinéaste, c'est la musicalité de l'écriture, notamment des dialogues et le timing comique... Sans oublier qu'un film doit divertir le public : "Je sais pas pourquoi j'ai toujours besoin de mettre beaucoup beaucoup de bordel dans mes films parce que j'aime bien le spectacle. Je me dis toujours que j'ai envie d'en balancer pour le spectateur. Dans Didier, je veux rajouter le match de foot à la fin. Dans Santa et cie, j'ai envie d'aller dans le pays du Père Noël et d'avoir un traineau qui vole."
Mais alors, est-ce qu'on peut tout dire et tout faire avec la comédie ? Y a-t-il des limites ? "Il ne faut pas aller trop loin, ou blesser les personnes. Avec les Nuls, après coup, on s'est rendu compte qu'on a pu le faire, parce que quand tu produis de la comédie tous les jours, tu finis par avoir moins de recul. Parfois, tu trouves un truc marrant et tu te rends compte que finalement le fond pue un peu. Et inversement, le fond pouvait être super, mais on se demande parfois si la forme passe ou pas. Parfois, tu rates ton truc, ça arrive." Si on se fie aux nombreux rires du public, cette rencontre, elle, était loin d'être ratée.