Il y a 50 ans, ce film était la risée des critiques, mais tous les Français ou presque l'ont vu et revu
Malgré de mauvaises critiques à sa sortie, cette saga qui a débuté il y a plus de 50 ans est devenue un classique indémodable et maintes fois rediffusé.
Lorsqu'on ne sait pas si un film vaut le coup de se déplacer dans une salle obscure, les critiques peuvent aider. Des points de vue avisés qui permettent bien souvent de rentabiliser son billet de cinéma. Mais il n'est pas rare que ces commentaires de professionnels divergent considérablement des avis du public.
La comédie à la française est d'ailleurs caractéristique de ce fossé entre critiques cinéma et grand public. Si la presse a pu saluer ou a fini par apprécier les oeuvres les plus réussies du genre (La Grande Vadrouille, Rabbi Jacob ou Intouchables), elle n'est pas toujours tendre avec l'exercice. La preuve avec l'une des sagas comiques les plus populaires en France.
Sortie il y a cinquante ans, la franchise La Septième compagnie n'a pas été appréciée par la critique, c'est peu de le dire. Cela ne l'a pas empêchée de rencontrer un énorme succès, jusqu'à devenir un classique du genre.

La trilogie, réalisée par Robert Lamoureux, débute lors de la débâcle de juin 1940. Suite à un raid aérien allemand, la septième compagnie se réfugie dans les bois et se retrouve prise en embuscade. Trois soldats (le sergent-chef Chaudard joué par Pierre Mondy, Pithivier par l'inénarrable Jean Lefebvre et Tassin par Aldo Maccione) en réchappent. Ils se retrouvent alors livrés à eux-mêmes au beau milieu d'une France en décrépitude.
A sa sortie en 1973, le premier épisode, Mais où est donc passé la septième compagnie, reçoit de très mauvaises critiques. Qualifié de "Petite Vadrouille" par Le Monde, il est accusé de "reprendre les recettes éculées du vaudeville militaire franchouillard" par Télérama. Mais le public se laisse séduire par la comédie, qui cumule plus de 3,9 millions d'entrées.
Deux ans plus tard, en 1975, sort le second opus. On a retrouvé la septième compagnie, dans lequel Henri Guybet remplace Aldo Maccione au pied levé après une histoire de sous, devient également un gros succès populaire avec 3,7 millions d'entrées. Cela justifie la sortie d'un troisième et ultime épisode, La Septième Compagnie au clair de lune en 1977, qui n'aura pas cette chance en revanche (1,79 million d'entrées). Le film déchaîne au passage les critiques : "à ne voir sous aucun prétexte" avertit Le Canard enchaîné, quand Télé 7 Jours rit "jaune tant cette médiocrité nous effare".
Mais le succès sera gigantesque à la télévision et dans les foyers français. En un demi-siècle, la franchise va devenir un véritable classique au gré de ses innombrables rediffusions. Elle continue d'ailleurs à faire de belles audiences : en avril 2025, la Septième compagnie permettait à TMC de réunir entre 1 et 1,5 million de téléspectateurs et d'aller flirter avec les géants de la TV que sont Grey's Anatomy ou Top Chef. Et quand c'est TF1 qui fait ses honneurs aux trois trouffions, en juillet 2024, ce sont plus de 4 millions de nostalgiques qui rappliquent. En plein confinement en 2020, la Une atteignait même jusqu'à 7 millions de curieux pour rire de leurs aventures. De quoi faire pâlir Mask Singer et The Voice...