Test Metal Gear Solid Delta : Snake Eater, un grand remake qui ne plaira pas à tout le monde
Metal Gear Solid 3 : Snake Eater s'impose sans doute comme l'un des jeux les plus appréciés de la saga de Konami. Loué pour son aspect novateur, notamment en termes de furtivité et de survie, cet opus sorti en 2004 revient sous le feu des projecteurs à travers un remake intitulé Metal Gear Solid Δ : Snake Eater, toujours développé par l'éditeur japonais.
Officialisé pour la première fois en mai 2023, MGSΔ est le second jeu Metal Gear à être développé après le départ de Hideo Kojima, son concepteur historique, en 2015.
Revenir avec un remake de MGS3 est donc une façon peu risquée de faire revenir la licence Metal Gear aux yeux des joueurs, désabusés depuis l'échec commercial de Metal Gear : Survive en 2018. Konami a-t-il réussi son pari, ou bien MGSΔ se présente-t-il comme un nouveau malheur vidéoludique ? Nous avons pu tester ce nouveau titre, et notre avis est partagé.
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Un scénario identique en tous points
Malgré le terme de "remake", associé à Metal Gear Solid Δ : Snake Eater, le nouveau jeu de Konami se présente plutôt comme un remaster. De fait, l'éditeur japonais a fait le choix de copier-coller en tout point le scénario original de MGS3, sorti en 2004. L'intrigue est inchangée, sans doute pour susciter chez les joueurs une certaine nostalgie.
Comme dans MGS3, MGSΔ permet au joueur d'incarner Naked Snake, un agent américain infiltré sur le territoire russe en pleine Guerre Froide afin de saboter le développement d'une arme à propulsion nucléaire capable d'engendrer une Troisième Guerre mondiale.
Il va sans dire que MGSΔ est très fidèle au jeu originel. Tout, même les détails les plus anodins, sont réemployés dans le " remake ". Mentionnons tout d'abord les cinématiques, qui adoptent les mêmes plans de caméra, bien que parfois désuets. Évoquons également les voix de doublage, inchangées. Concluons enfin sur les fondus au noir, omniprésents pendant les cinématiques et les missions de Naked Snake dans la jungle russe.
Sans conteste, MGSΔ vise directement les joueurs ayant connu MGS3 en 2004. Malgré la désuétude de l'intrigue originale, Konami a copié trait pour trait ses péripéties, ses retournements de situation et ses thèmes. Une fidélité que l'éditeur japonais assume en partie, puisqu'il précise en introduction du jeu que certains thèmes évoqués pendant le scénario peuvent être mal perçus dans le monde contemporain.
Les antagonistes (et même les protagonistes) de MGS3 conservent donc toujours dans MGSΔ ce côté caricatural et théâtral qu'on ne retrouve plus forcément dans les jeux contemporains. Avec leurs rires machiavéliques et leurs ambitions malveillantes, les méchants deviennent ubuesques, même si l'objectif de Konami est clairement de reposer sur la nostalgie des joueurs.
Des graphismes grandement améliorés mais toujours imparfaits
Le grand atout de Metal Gear Solid Δ réside principalement dans ses graphismes. Si Konami a joué la carte de la fidélité absolue, une refonte visuelle de taille a été appliquée au jeu. En 21 ans, le monde vidéoludique a grandement évolué, et les graphismes de la PS5 sont incomparables à ceux de la PS2.
MGSΔ tourne sous Unreal Engine 5, un moteur de jeu vidéo dernier cri capable d'afficher des détails complexes et de gérer un système d'éclairage plus réaliste que jamais. Cette nouvelle technologie se ressent une fois la manette en main. Il est clair que MGSΔ est un beau jeu, encore plus lorsqu'il est comparé à son ancêtre.
Les environnements sont très détaillés, notamment en extérieur. Les feuilles se soulèvent derrière votre passage, l'herbe se courbe si vous la frôlez… Le grain de la peau, la texture des cheveux ou encore la constitution des tissus sont parfaitement réalisés. Les éléments naturels comme les roches, les arbres ou les herbes sont très convaincants, même si l'ensemble peine à être impressionnant.
Les décors de MGSΔ ne sont jamais admirables de beauté, sans doute à cause du parti-pris de Konami à rester fidèle aux cartes de jeu originelles, celles-ci ayant été conçues selon les performances des consoles de l'époque. Les décors intérieurs sont encore moins immersifs, la luminosité semblant artificielle et les graphismes étrangement moins travaillés.
Le motion-design de MGSΔ est encore plus à la peine, les visages conservant une impression " plastique " qui ne laissent pas de place au réalisme. Les regards semblent vides et les expressions faciales plutôt figées. Comparé à MGS3, nous ne pouvons que souligner malgré tout l'évolution graphique.
Un gameplay uniquement adressé aux joueurs vétérans
De rares nouveautés pour un jeu toujours vieillot
Malgré la fidélité absolue de Konami à l'égard de MGS3, Metal Gear Solid Δ cherche à moderniser son gameplay en proposant deux modes de jeu juste avant le lancement de la partie. Un mode conservant les contrôles de caméra de l'époque et un autre instaurant une certaine modernité, avec une vue à l'épaule. Une proposition qui cherche à satisfaire tout le monde : les vétérans comme les néophytes.
Malgré une modernisation du gameplay, MGSΔ demeure difficile à manipuler. Contrôler Naked Snake s'avère parfois une véritable confusion. C'est le cas lorsqu'il s'agit de s'adosser contre un élément du décor pour s'y cacher. Au lieu de se coller à la structure, Naked Snake peut patiner et demeurer accroupi en plein milieu d'un couloir.
Autre contrôle gênant : le protagoniste ne cesse de s'allonger à même le sol après avoir pris un coup. Snake décide alors de ramper par terre : à peine cherchons-nous à le remettre sur pied qu'un nouveau coup le fait s'allonger contre le carrelage. Nous aurions également apprécié que le protagoniste ait la capacité de courir ou de nager rapidement, puisqu'il est parfois long de traverser un endroit.
La caméra est aussi un défaut important de MGSΔ, pour son côté peu pratique et vintage. Notez que si la vue à l'épaule est omniprésente, elle est souvent perturbée par une vision à la première personne. Viser avec une arme, ramper, nager… de nombreuses actions changent subitement le point de vue du joueur, et ce de manière maladroite.
Des tactiques de combat recherchées
Comme pour le bon vieux Metal Gear Solid 3, Metal Gear Solid : Δ repose surtout sur la furtivité et la discrétion de Naked Snake. Le joueur dispose toujours d'une catégorie d'objets et d'armes très fournis pour s'infiltrer dans les bâtiments sans éveiller les soupçons. Clairement, la dimension de furtivité est très plaisante, bien que difficile.
MGSΔ permet au joueur de constamment changer le camouflage de Naked Snake, afin que celui-ci se fonde dans les différents décors. Toutefois, même caché dans les fougères ou en haut des arbres, les ennemis parviennent inlassablement à vous repérer. Se cacher est très difficile, d'autant plus que les adversaires ne disposent pas de jauge : une fois l'œil posé sur vous, vous êtes repérés par tous.
Les cartes de jeu étant identiques à celles de MGS3, les néophytes critiqueront, à juste titre, certains défauts des différentes zones du jeu. Konami n'a transformé aucun environnement, pour le plus grand bonheur des vétérans, conservant ainsi d'innombrables couloirs courts saccadés par des fondus au noir. Le studio japonais a décidé de séquencer ses cartes de jeu comme à l'époque : chaque passage vers une autre zone demande un temps de chargement de quelques secondes.
La plupart des cartes de MGSΔ sont des zones de combat. Autant dire que si celles-ci regorgent de cachettes et sont bien pensées, confronter les ennemis n'est pas forcément une partie de plaisir. Les IA sont ridicules et loin d'être réalistes. Leurs comportements sont très robotiques et stupides, cassant régulièrement l'immersion du joueur. Cette dernière est également souvent perturbée par les corps des ennemis, qui tantôt disparaissent, tantôt optent pour rester indéfiniment au sol.
Les ennemis affichent tous un visage similaire, bien qu'ils ne soient, de toute évidence, pas frères jumeaux. Malgré la volonté d'être fidèle, Konami aurait pu développer des traits faciaux différents afin d'éviter la redondance et le côté vintage. Malgré tout, des détails très appréciables parsèment le jeu pendant les combats : notamment les blessures restant sur le corps de Snake pendant votre partie, les ennemis boitant après avoir reçu une balle dans la jambe, ou la parfaite réactivité des vitres lorsque l'on tire dessus.
Les outils utilisés par Naked Snake étant variés et nombreux, chaque joueur peut terminer une mission selon une stratégie qui lui est propre. Cet aspect unique est on ne peut plus plaisant.
Nous avons pu, lors de notre test, rencontrer quelques bugs, comme une mission restée en suspens malgré les objectifs atteints et accomplis. Ces problèmes demeurent toutefois rares.
Une dimension " survie " toujours aussi plaisante
Comme c'était le cas dans Metal Gear Solid 3, Metal Gear Solid Δ intègre une dimension de survie très aboutie, forçant le joueur à récupérer sur place sa propre nourriture. La faim est un élément essentiel du jeu, Naked Snake pouvant faire l'objet de gargouillements de ventre si celui-ci n'est pas rempli, auquel cas votre position peut être repérée par les ennemis.
MGSΔ permet donc de chasser et cueillir d'innombrables aliments aux fonctions variées. Certaines plantes peuvent fournir des moyens de soigner le personnage en cas de blessure ou d'empoisonnement.
Encore une fois, Konami n'a pas retouché ce système de nourriture, quitte à le laisser aussi vintage et désuet que le reste du jeu. Il aurait été pertinent de moderniser le comportement des animaux, comme les crocodiles ou les lapins, qui ne fuient pas ni ne vous attaquent lorsque vous les assenez de coups de couteau. Les animaux restent sur place, immobiles, se contentant de pousser de simples rugissements de douleur.
Notre conclusion au test de Metal Gear Solid Delta : Snake Eater
Ainsi, Metal Gear Solid Δ est un copier-coller de son ancêtre de 2004, Metal Gear Solid 3. Malgré une refonte visuelle réussie quoique perfectible dans certaines zones de jeu, le nouveau jeu de Konima demeure identique en termes de gameplay et de scénario.
Il est donc logique que cette fidélité absolue accouche d'une certaine désuétude une fois manette en main. Si Metal Gear Solid 3 était un jeu novateur et apprécié au début des années 2000, son descendant de 2025 risque de ne plaire qu'aux joueurs vétérans. Les néophytes pointeront sûrement du doigt le caractère vintage de ce " remake ", tant concernant les cartes de combat, les contrôles et les personnages.
L'expérience de jeu s'avère incomparable pour ce qui est de nostalgie, mais peu de joueurs néophytes sauront retrouver en MGSΔ la splendeur caractérisant MGS3 à son époque.