Chloé Delaume "Les représentants de qualité ? Marguerite Duras, Christine Angot..."

L'Internaute Magazine : Qui est à l'origine de "La Règle du Je" ?

Chloé Delaume : C'est Laurent de Sutter qui m'a demandé d'écrire ce petit livre dans sa nouvelle collection "Travaux Pratiques" où est également publié Camille de Toledo qui a écrit "Visiter le Flurkistan ou les illusions de la littérature monde". L'écriture de "La Règle du Je" a été difficile. La rédaction du livre m'a pris une année entière. J'ai fait des études de Lettres Modernes mais je n'avais pas forcément le bagage pour rédiger un essai ou théoriser, du coup c'était difficile. J'ai essayé de traiter le sujet à ma manière, comme je sais le faire en m'appuyant sur quelques références comme Serge Doubrovsky ou Roland Barthes.

Comment expliquez-vous que l'autofiction soit considérée comme un sous genre, plutôt dénigré ?

Des reproches, l'autofiction en a subi dès le début, mais actuellement on a tendance à faire un parallèle avec la télé-réalité, et ce principe d'exposition de l'intime dans l'espace public. C'est fréquent qu'on compare spontanément mes romans à la télé-réalité. Ce que décrit le terme "autofiction" en général, c'est une littérature qui n'est pas toujours de la littérature car il n'y a pas forcément de travail formel ou sur la langue, et en général ce sont de petites tranches de vie, or ça, ce n'est pas de l'autofiction. Et ce n'est pas parce que l'éditeur le met sur le livre ou que le critique le dit, que ça devient de l'autofiction. La plupart du temps, dans les romans étiquetés "autofiction" ne contiennent pas de "fiction", ce n'est que de "l'auto".

Qui sont les bons représentants de l'autofiction ?

Parmi les représentants de qualité il y a Marguerite Duras, Hervé Guibert, Christine Angot, Philippe Forest, Roland Barthes dans un de ses livres, Bourjade et Pierre Michon. On peut même considérer, sans aller trop loin, que le dernier Olivier Rolin "Bakou, derniers jours" en fait partie aussi.