Romain Régnier : "Mangas.io a vocation à devenir le Netflix ou le Spotify du manga"

Romain Régnier : "Mangas.io a vocation à devenir le Netflix ou le Spotify du manga" Romain Régnier revient sur la naissance de l'application Mangas.io, un pari fou et un rêve de lecteur, qui propose aujourd'hui un catalogue de plus de 6000 chapitres et compte plusieurs milliers d'abonnés actifs. Quel est l'avenir à moyen et long termes pour la plateforme française qui songe déjà à s'internationaliser ?

Pari fou à l'époque, la plateforme Mangas.io a réussi à convaincre de nombreux éditeurs depuis son lancement, jusqu'aux mastodontes Ki-oon et Kana, qui ont légitimé la vision des équipes pilotées par Romain Régnier. Dans la lutte contre les scans illégaux, l'arrivée d'alternatives légales constitue un pilier essentiel pour les éditeurs, et si Piccoma, Manga UP ! et d'autres acteurs ont fait le choix d'un modèle au paiement à l'acte, la plateforme Mangas.io elle mise sur une formule à l'abonnement. Son fondateur explique à L'Internaute pourquoi ce choix était pour lui une évidence.

Linternaute.com : Pourquoi cette plateforme ?

Né en 89, je suis un fan de manga typique de cette génération : j'ai grandi avec le Club Dorothée, j'ai lu énormément de manga à la Fnac, debout pendant des heures, et comme beaucoup, j'ai ensuite découvert la scantrad qui permettait de lire beaucoup de mangas sur internet gratuitement, mais illégalement.

En 2014, j'ai réservé le nom de domaine mangas.io, après avoir dû vendre ma collection de mangas suite à un séjour à l'étranger, et il y avait assez peu de solutions numériques qui existaient légalement. C'est à ce moment-là que j'ai découvert Netflix et je me suis demandé s'il n'y avait pas une opportunité de créer une plateforme comme Netflix, ou Spotify, pour lire du manga en mobilité et en rémunérant les ayants droit.

Ce qui n'était encore qu'une intuition à l'époque est aujourd'hui devenu une plateforme complète. Aujourd'hui, je peux le dire fièrement : Mangas.io a vocation à devenir le Netflix ou le Spotify du manga.

© Mangas.io / Tous droits réservés aux ayants-droit des images ici utilisées

Mangas.io n'a vu le jour qu'en 2019, 5 ans plus tard. Que s'est-il passé pendant ce temps ?

En 2014, je travaillais dans ma première entreprise, que j'avais montée avec Yun (aujourd'hui directeur des opérations de Mangas.io, NDLR). C'était un réseau social pour artistes, mais on avait déjà cette passion pour le manga. Je gardais ça dans un coin de ma tête et je me disais qu'un jour je ferais quelque chose de ce nom de domaine. J'ai ensuite créé une autre société, une plateforme de livraison de repas pour les PME à Paris, et cela m'a pris du temps entre 2016 et 2018. Quand j'ai revendu mes parts de cette société en 2018, je me suis dit que j'avais ce nom de domaine et qu'il n'y avait toujours pas de plateforme qui me plaisait pour lire du manga, pas de plateforme internationale comme Netflix avec un système d'abonnement, et donc je me suis lancé.
 

En avril 2018, je suis parti au Japon rencontrer les éditeurs. Pour préparer ce voyage, j'avais préparé un document de présentation complet avec des écrans de la plateforme, des analyses sur le marché illégal de lecture sur les plus grosses plateformes internationales. J'avais aussi négocié des engagements de principe avec plusieurs éditeurs français, qui me disaient être d'accord pour venir sur cette plateforme sous réserve d'accord avec les ayants droit japonais. Ces lettres n'avaient pas de valeur contractuelle, mais elles ont été un atout pour convaincre du sérieux de notre projet.

Au moment de rencontrer les éditeurs japonais, je leur ai dit que sur le marché occidental, la consommation numérique était éminemment illégale et qu'il y avait donc un potentiel de marché.

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Les ayants droit nippons ne semblent pas friands du modèle d'abonnement. Soit on achète les tomes en numérique, soit c'est gratuit et financé par un modèle publicitaire. Comment ont-ils accueilli votre proposition ?

En fait, l'accueil a été très positif par l'ensemble des éditeurs japonais parce que le piratage est un problème énorme en Occident. D'ailleurs, au Japon, Shueisha (l'éditeur du célèbre Weekly Shônen Jump qui a vu naître tant de best-sellers, NDLR) avait déjà commencé à tester des formules d'abonnement. L'angle que j'ai présenté, c'est que le marché occidental aime les modèles de souscription. On l'a vu avec la montée de Netflix, Deezer, Spotify, et cela a drastiquement fait baisser le piratage. Je pense que c'est un modèle très puissant pour réussir à récupérer cette audience pirate, qui aujourd'hui refuse de payer, pour la faire venir sur une plateforme légale. Derrière il faut calculer le taux de lecture, regarder comment ça vit, afin de garantir des reversements qui sont honorables pour les éditeurs. C'est ce que l'on constate aujourd'hui.

C'est quoi un versement honorable ?

Aujourd'hui, si on regarde les prix de vente en numérique d'un manga, on constate qu'en moyenne un chapitre de 20 pages coûte 49 centimes. Une fois les divers coûts et taxes pris en compte, cela équivaut à un revenu de 20 centimes par chapitre pour l'éditeur.

De notre côté, avec l'abonnement, chaque lecture génère des droits d'auteurs, On reverse 70% des revenus des abonnements aux éditeurs.

Ce que l'on voit sur nos reversements aux éditeurs, c'est que l'on est autour de 15 à 30 centimes par chapitre lu de 20 pages. On est dans les mêmes clous que la vente à l'acte mais, en réalité, quand vous avez un abonnement à 6,90 € et que vous pouvez lire ce que vous voulez, vous pouvez découvrir plus facilement des titres que vous n'auriez pas nécessairement achetés à l'unité, car il n'y a pas l'hésitation à rajouter un tome dans son panier. On travaille beaucoup sur cette expérience de découverte sur la plateforme. L'idée, c'est de dire que le numérique est là pour compléter l'offre papier, et de se focaliser sur la découverte alors que le papier est focalisé sur la collection.

Pour nous, si vous hésitez entre acheter un manga en numérique ou en papier à cause du prix, alors il y a une forme de concurrence. Grâce à l'abonnement, vous pouvez lire en mobilité mais vous ne possédez rien, et vous pouvez toujours acheter votre manga en papier : l'abonnement ne phagocyte pas les ventes physiques.

Comment mesurez-vous la lecture ?

On mesure toutes les pages qui sont lues et on considère qu'un chapitre est lu entièrement dès que 30% des pages ont été vues, mais on rémunère toutes les pages qui sont lues dès la première page.

On mesure le nombre de chapitres moyens lus par les abonnés sur la plateforme pour voir si notre niveau de prix est bien calculé. On surveille combien ça rapporte à la consultation puisqu'on est vraiment sur un modèle de streaming et pas sur un modèle d'achat. C'est un peu comme une bibliothèque, vous payez l'accès et ensuite chaque consultation d'un chapitre génère un revenu pour l'ayant-droit. C'est comme une location courte durée. Si vous lisez plusieurs fois le même chapitre vous allez ouvrir des droits à plusieurs rémunérations, contrairement à un achat à l'unité. Quand vous achetez à l'unité votre chapitre, vous pouvez le lire autant de fois que vous voulez, prêter votre tablette à des amis, mais cela ne va compter que comme une seule lecture. Sur un modèle comme le nôtre, chaque lecture est comptabilisée. On surveille énormément les taux de lecture des lecteurs sur la plateforme, la moyenne, le nombre d'abonnés, le nombre de personnes qui créent des comptes pour découvrir l'expérience avant de s'abonner.

Nous sommes dans une phase principalement de découverte et de croissance.

Nous avons plein de lecteurs qui créent des comptes pour tester gratuitement, et nous avons beaucoup travaillé pour les encourager à prendre un abonnement au-delà de la période d'essai gratuite. Et ce modèle séduit massivement : aujourd'hui, on est quasiment à 80% de taux de conversion sur notre période d'essai, c'est ce qui est énorme ! On espère garder une métrique aussi positive.

Quel est le churn moyen ? (taux de désabonnement)

Cela dépend de la période. L'année dernière on avait un churn qui était assez élevé, autour de 10% en moyenne par mois. On était sur une période de "proof of concept", avec un plus petit catalogue. Aujourd'hui c'est radicalement différent: avec l'arrivée de Kana, on a beaucoup plus de titres. On voit que la rétention a considérablement augmenté, ce qui permet derrière d'avoir une rémunération pour les éditeurs qui augmente de manière significative.

Pour les comptes créés gratuitement, avez-vous envie d'ajouter un modèle publicitaire ?

Depuis le début de l'aventure, cela a été totalement proscrit par les éditeurs français et japonais. Pour l'instant, on propose le premier chapitre gratuitement. On verra si un jour il y a une volonté de changement sur ce point.

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La taille du catalogue est importante. Combien est-ce qu'il y a de chapitres sur Mangas.io ?

Aujourd'hui, on a 600 volumes, ce qui fait à peu près 6000 chapitres. On a 150 séries différentes. On va avoir des séries fleuves comme Naruto avec beaucoup de chapitres, des one-shots, donc il y a une variété très intéressante. L'objectif, c'est de proposer un catalogue exhaustif mais aussi de qualité. De plus, les éditeurs ne sont pas obligés de laisser la série tout le temps disponible. Ils peuvent la laisser trois mois pour donner une fenêtre d'opportunité pour le lecteur pour la découvrir et ensuite elle disparaît.

Le premier chèque officiel qu'on a fait, c'était plusieurs milliers d'euros pour la série Old Boy chez Naban après seulement quelques mois d'exploitation

En parlant de revenus pour les éditeurs, quel est le premier chèque de reversement que vous avez fait ?

Le premier éditeur avec lequel on a signé, c'est Black Box, mais c'est un peu particulier car ils négocient très souvent en direct avec les auteurs. Le premier chèque officiel qu'on a fait, c'était plusieurs milliers d'euros pour la série Old Boy chez Naban, après seulement quelques mois d'exploitation. C'était assez intéressant, sur un titre où il n'y avait aucune ambition numérique, de voir des reversements qui étaient largement supérieurs à ce qui avait pu être obtenu par Naban sur des plateformes de vente à l'unité. Aujourd'hui encore, on voit que Old Boy, qui reste un titre confidentiel au regard des ventes, reste dans le top 20 des lectures de la plateforme Mangas.io. C'est une vraie success story !

Quelle est la totalité des droits d'auteurs que vous avez reversés ?

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Sur l'année 2021, nous avons reversé jusqu'à plusieurs dizaines de milliers d'euros par éditeur. Je ne peux pas donner le montant exact pour des raisons contractuelles mais deux informations sont, je trouve, intéressantes. La première, c'est que ces revenus ont touché des titres très variés et qu'on ne constate pas la même domination des blockbusters sur notre plateforme qu'en librairie. La seconde, c'est que l'on a reversé des sommes parfois cinq fois supérieures à nos concurrents pour des titres dits de fond de catalogue.

Qu'est-ce que vous partagez avec les éditeurs ?

On analyse toutes les données de manière anonymisées, donc on sait là où les gens s'arrêtent dans leur lecture, s'ils vont lire trois-quatre pages ou X chapitres. On est en train de mettre en forme ces données et l'objectif est de proposer dans l'année une plateforme, Mangas.io PRO qui permettra aux éditeurs d'avoir ces outils statistiques facilement accessibles, pour voir comment vivent leurs séries sur la plateforme. On construit aussi avec eux un planning éditorial, en fonction des publications papier, des promotions que l'éditeur est en train de faire, il y a toute une sérialisation qui permet aux lecteurs de rentrer dans des séries avec des rendez-vous de lecture quotidien. Cela permet aux éditeurs de tester des œuvres petit à petit et de ne pas être dans une logique de poser tous les titres sur une étagère et d'attendre de voir comment les gens achètent.

Comment gérez-vous les séries qui ne sont plus imprimées ?

C'est une des premières choses qu'on a dites aux éditeurs sur l'intérêt du modèle à l'abonnement. Pour des titres qui ont vécu, c'est très intéressant de pouvoir les refaire découvrir à travers une offre qui est peu onéreuse. Par exemple cela a été le cas pour Psyren (Kana) que j'avais adoré, qui n'a pas été réédité depuis longtemps et qui cartonne sur Mangas.io. On pense que le modèle d'abonnement est parfait pour cette typologie de titres. En enrichissant notre catalogue avec des titres de fond de catalogue, cela permet aux gens, une fois qu'ils sont venus pour lire un blockbuster, de découvrir d'autres choses.

Les éditeurs génèrent des PDF. Comment faites-vous pour les traiter ?

On a dû créer un ensemble d'outils du côté utilisateur avec la plateforme de lecture, mais aussi du côté administration. On reçoit des fichiers qui sont soit des epub, soit des PDF, et ensuite ça passe dans une sorte de petite moulinette qui nous permet de découper les volumes en chapitres et même de fusionner les doubles pages pour un meilleur confort de lecture. On fait valider par les éditeurs ces nouveaux fichiers. Une fois que c'est validé, on les met en ligne. On fait le découpage au chapitre parce que, souvent, c'est commercialisé au tome. Sur des plateformes comme la nôtre et sur internet en général, on a vu que c'est la consultation au chapitre qui est en vogue. Ce standard au chapitre est intéressant parce que, comme il y a moins de page, vous savez plus facilement où vous en êtes. C'est aussi plus proche de la conception initiale des auteurs et de la logique des prépublications par chapitre dans les périodiques japonais.

Quelle est la volonté derrière le nom Mangas.io ?

C'est de devenir, un peu comme Netflix, une plateforme internationale de lecture de mangas à l'abonnement. En réalité, au départ, c'était un peu un nom de code… mais finalement c'est resté.

Sur l'international, pour l'instant, on est vraiment français. Si on se développe, ce sera à partir de 2023 et on ciblera plutôt des pays européens comme l'Espagne, l'Italie, l'Allemagne, en nous appuyant sur les éditeurs locaux. S'attaquer au marché anglophone est plus problématique en termes de géolocalisation des droits.

L'application est-elle disponible à l'étranger ?

La plupart du catalogue est disponible dans les pays francophones (Belgique, Suisse, Andorre, etc.) mais on respecte la géolocalisation du catalogue des éditeurs en termes de distribution. Si votre compte sur smartphone est associé au magasin d'application français alors vous pouvez installer l'application, sinon elle n'est pas disponible.

N'êtes-vous pas tenté de vous lancer comme éditeur ?

Ce n'est pas notre métier et nous travaillons très bien avec les éditeurs français. On reste une plateforme de distribution et on n'a pas l'intention de se lancer sur le papier.

Plusieurs verticales restent intéressantes pour nous, par exemple, nous avons été contacté par un éditeur taïwanais qui nous a proposé de publier en numérique des titres qui n'étaient pas disponibles en France, ce qui fait une vraie force que nous avons en tant que plateforme.

Aussi, je peux vous annoncer en exclusivité que deux mangas, " Make A Wish ! " et " Why Not ? " de la mangaka multi-primée Cory seront disponibles cet automne, uniquement sur Mangas.io

Cela sera un test très intéressant pour nous pour voir comment on peut travailler directement avec un ayant droit pour proposer des exclusivités numériques, mais nous n'avons aucune vocation à supplanter les éditeurs français.

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Si un titre est en arrêt de commercialisation, pouvez-vous proposer à l'éditeur de racheter ses fichiers et de renégocier les droits numériques ?

C'est une idée que nous avons en tête. Nous sommes avant tout des passionnés et des gros lecteurs de mangas.  Mais dans ce type de configuration, ce que l'on propose en premier lieu à l'éditeur, c'est de renouveler les droits lui-même. Comme il a déjà les contacts et les fichiers, c'est plus simple pour lui de renouveler les droits, même uniquement numérique, quitte à nous associer financièrement. C'est quelque chose qui nous intéresse et on sait qu'il y a un potentiel énorme, surtout avec le revival actuel.

Qu'en est-il du webtoon ?

Sur le marché du webtoon il y a Naver (Webtoon), Kakao (Piccoma) et d'autres plateformes portées par des gros acteurs étrangers, avec un modèle qui repose essentiellement sur la gratuité. De plus, on constate une sorte d'inflation, voire de spéculation, sur le prix des licences, auquel nous ne souhaitons pas participer. Nous préférons concentrer nos efforts sur des mangas populaires, exclusifs ou encore des licences qui sont en arrêt de commercialisation, qui sont ceux les lecteurs attendent. Aujourd'hui on ne se positionne pas sur des licences webtoon, mais peut-être qu'un jour on le fera.

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Est-ce qu'il y aura à terme un mode hors-ligne ?

C'est prévu, il faut qu'on travaille très bien la sécurité au niveau des fichiers quand on les envoie sur l'appareil. A priori on aura un mode hors ligne qui sera temporaire, un peu comme ce que fait Netflix. C'est vraiment pour les gens qui veulent se déplacer ponctuellement et qui veulent sauvegarder une dizaine de chapitres sur leur appareil. Une fois qu'ils l'ont lu, le chapitre est supprimé.

Pensez-vous à faire des packs famille ?

À partir de 2023, on veut mettre en place un abonnement famille, en interne on appelle ça l'abonnement " Nakama " (NDLR : désigne une famille ou des amis très proches en japonais). On aura un compte avec trois ou quatre profils, on va faire des enquêtes pour choisir la bonne valeur. L'inclusion d'une formule multi-compte enrichi non seulement l'offre, mais permet aussi d'améliorer le churn.

Aujourd'hui, quel est le lectorat de Mangas.io ?

Sur les derniers mois, on avait à peu près 70% de public déclaré masculin et 30% déclaré féminin. Je ne fais pas de préjugé de genre, mais on avait un catalogue qui était plutôt, dans le sens japonais, orienté vers un éditorial plutôt adolescent masculin. Dans nos campagnes de communication, on a plutôt ciblé cette audience-là.

En termes d'âge, la majorité de notre audience se situe entre 18 et 35 ans, avec une force concentration autour des 18 ans (42%)

Pour lire du manga, une offre comme Mangas.io est hyper intéressante pour ce lectorat, parce que cela permet de redécouvrir des classiques ou des nouveautés, et donc quelque part choisir ce que je vais acheter en physique.

Il n'y a pas de contenu adulte. Est-ce qu'il y a une demande ?

On a eu plusieurs fois la demande mais la difficulté, c'est qu'on est une plateforme de distribution grand public, on est sur des stores qui ont des règles à respecter. C'est quelque chose que l'on peut envisager sur une marque un peu différente, une plateforme séparée. Il faudrait que l'on creuse un peu plus, notamment avec des filtres.

Combien avez-vous de nouveaux utilisateurs par mois ?

Cela varie, c'est très compliqué de communiquer des chiffres parce que Kana est arrivé il y a juste trois-quatre mois et que les chiffres ont été multiplié par trois depuis leur arrivée. On n'est pas encore à un stade où on est véritablement assis en termes de notoriété, mais on a dépassé les 50.000 comptes créés sur la plateforme depuis quelques mois, avec plusieurs dizaines de milliers de personnes cumulées qui ont pris un abonnement sur Mangas.io et qui après sont restés abonnés au fil du temps.
Pour vous donner un exemple, nous avons eu au mois de juillet plus de lectures que sur l'ensemble de l'année dernière ! Pour une jeune entreprise, financée en France, cela augmente très vite ! Notre défi est maintenant de réussir à ajouter de nouveaux gros éditeurs à notre catalogue rapidement.

Une croissance continue du catalogue est-elle à prévoir ?

En deux ans, nous sommes passés d'un éditeur partenaire à dix éditeurs partenaires en France et, si on compte l'étranger, on est à 16 dont la Shueisha. Cela montre bien qu'on a eu une progression rapide et importante, jamais vue auparavant sur de l'abonnement. On est passé d'une quarantaine de titres à plus d'une centaine de titres sur la plateforme et de nos 200 premiers abonnés à plusieurs milliers d'abonné, et on est en discussion avec la quasi totalité des éditeurs français. On va continuer à agrandir notre catalogue, étape après étape, c'est notre objectif n°1 !