Le bisphénol A a été interdit... mais "on n'est pas certain" que son remplaçant soit "sans danger" selon une chercheuse
Le bisphénol A était présent dans les biberons ou encore les tickets de caisse jusque dans les années 2010 en France. Suite à son interdiction, l'industrie du plastique a dû trouver des alternatives. Parmi elles : les autres bisphénols, qui eux sont autorisés. Ils "forment une grande famille constituée de nombreuses substances qui ont des structures chimiques et des utilisations similaires", précise le ministère de la Santé. Les substituts du bisphénol A pourraient donc avoir des conséquences similaires sur la santé.
Globalement, les bisphénols "sont considérés comme des perturbateurs endocriniens", d'après le ministère de la Santé, qui affirme que le bisphénol S (BPS) et le bisphénol F (BPF) "sont des perturbateurs endocriniens". En 2017, l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) appelait "à la plus grande prudence en matière de substitution" par les bisphénols. L'activité endocrinienne "qui est commune à cette famille de composés pourrait s'avérer néfaste pour le consommateur. Des études supplémentaires seraient nécessaires pour évaluer leurs dangers", d'après l'Anses.

Un avis partagé par l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA). "Nous devons améliorer notre compréhension du BPS et des autres bisphénols. Remplacer une substance dangereuse par une autre qui est également soupçonnée d'être dangereuse n'est pas ce que les régulateurs ou les citoyens de l'UE veulent voir", avait déclaré dans un communiqué en 2022 Peter van der Zandt, directeur de la gestion des risques à l'ECHA. Le BPS est celui qui a largement remplacé le BPA dans les tickets de caisse. Cette substitution "suscite des inquiétudes" pour l'ECHA.
Mais peu d'études ont été menées, et leurs dangers ne sont donc pas réellement connus. D'après la chercheuse, Dr Véronique Maguer-Satta, directrice adjointe du Centre de Recherche en Cancérologie de Lyon et directrice de recherche au CNRS, "on n'est pas certain que le bisphénol S soit sans danger. Le risque est probablement sous-estimé". Alors qu'il "n'était initialement pas considéré comme problématique", la chercheuse a justement mis en évidence un potentiel lien entre ce bisphénol et la transformation de certaines cellules en cellules cancéreuses.
Même s'il n'est pas encore prouvé que ces substances soient nocives, des données préoccupantes émergent, ce qui devrait inciter à la prudence. Individuellement, "des mesures de précaution existent et sont simples : il faut substituer le plastique par le verre quand cela est possible" pour limiter son exposition. On ne sait pas encore quel impact cela a, mais on sait que la quasi-totalité de la population européenne est exposée aux bisphénols S, F et aussi encore largement au bisphénol A, même s'il est interdit. Le plastique et autres produits qui contenaient du BPA avant son interdiction se dégradent aujourd'hui dans l'environnement, pour finir par nous contaminer.
"Les niveaux de BPA urinaire sont toujours prononcés dans toutes les régions européennes. Les niveaux des substituts urinaires du BPA (BPS et BPF) sont en augmentation dans certains pays européens, ce qui suscite une inquiétude croissante quant à l'exposition au BPS et au BPF en Europe", d'après le ministère de la Santé.