Jean-Philippe (Koh Lanta) : "Je n'ai pas abandonné, on m'a contraint d'arrêter"

Jean-Philippe (Koh Lanta) : "Je n'ai pas abandonné, on m'a contraint d'arrêter" Placé en observation à l'infirmerie dans l'épisode 5 de Koh Lanta, le totem maudit, Jean-Philippe n'a pas pu réintégrer l'aventure en raisons d'inquiétudes sur son état de santé. Il revient pour nous sur son parcours. Interview.

Arrivé dans l'aventure Koh Lanta pour se confronter aux meilleurs mais aussi se prouver qu'il en était capable, Jean-Philippe a remporté la première épreuve de la saison avec Alexandra, ce qui lui a permis de créer l'équipe verte selon son bon vouloir. Il avait ensuite intégré l'équipe rouge et en était devenu un des cadres. Son fort caractère a pu en agacer certains mais sa bonne volonté et sa sympathie ont fini par en faire un candidat apprécié. Malheureusement, dans l'épisode 5, Jean-Philippe a été transféré à l'infirmerie de l'émission en raison d'inquiétudes quant à ses pieds gonflés. Au début de l'épisode 6, il apprend qu'il ne pourra pas réintégrer l'aventure. En interview, Jean-Philippe a accepté de revenir pour nous sur son parcours dans Koh Lanta.

Pourquoi avez-vous choisi de participer à Koh Lanta ?

Je vais être un peu bateau dans ma réponse mais, un peu comme tous les autres, je pense qu'on a envie de se tester, de se défier, de se mesurer face à soi-même, face aux éléments, se sortir un peu de notre quotidien, de se faire violence finalement.

Dans quel état d'esprit êtes-vous arrivé dans l'aventure quand vous avez découvert pour la première fois les autres aventuriers ?

Je suis arrivé dans une bulle, dans une sphère de verre où je m'étais mis tout seul. Je m'étais dit "il faut accepter, il faut endurer. Ça va être d'une difficulté inouïe." J'avais compris qu'il pleuvait énormément, dès le départ. Je ne savais pas combien de temps ça allait durer. Je peux vous assurer qu'on en a pris plein la face durant toute l'émission, vous l'avez vu cette année. En les voyant, je me suis dit "oulah, y a du lourd. Y a du Yannick, du François, du Fouzi... Y a du costaud dans l'aventure et il va falloir composer avec ça parce que OK, je me pense costaud, je me sais moralement dur mais qu'est-ce que ça va être ces mecs là !" Et ensuite, j'ai eu la chance d'être désigné comme le premier homme à avoir gagné la première épreuve. Avoir la chance de pouvoir composer l'équipe avec des éléments forts physiquement mais aussi moralement. J'avais compris en ayant pu discuter avec les femmes sur le bateau qu'il y avait des gros tempéraments. Et j'avais envie d'en découdre avec tous ces gens-là.

Vous êtes contraint à l'abandon par l'équipe médicale. Comment avez-vous réagi à la fin brutale de votre aventure ?

J'ai été vexé, bien sûr. J'ai été frustré, triste de ne pas pouvoir aller me défier encore plus loin. Ne pas pouvoir prouver une fois de plus à mes fils que j'en avais encore sous le pied. Vous me pardonnerez l'expression, mais avec des pieds comme ça, j'en avais encore sous le pied pour pouvoir aller physiquement et moralement beaucoup, beaucoup plus loin. J'en suis persuadé.

Quand vous êtes arrivé à l'infirmerie, vous étiez inquiet ou vous vous disiez que c'était l'affaire de deux-trois jours avant de rattaquer ?

Même pas. Dans ma tête, deux-trois jours c'était même pas envisageable. Je me disais que Jean-Charles avait vécu une grosse coupure deux-trois jours avant. C'était pour moi énorme en tant que blessure. Je me suis dit "s'ils l'ont requinqué au bout de 6-7 heures, moi ça va être la même idée". Je pensais passer la nuit à l'infirmerie, qu'on me donnerait deux, trois cachets car je pensais m'être fait piquer par une araignée. Je pensais revenir sur l'épreuve de confort du lendemain matin. J'ai vu que ça durait un peu, je me suis dit "OK, je serai là pour l'immunité" et ainsi de suite. On m'a fait des analyses sanguines et autres divers examens. Il s'est avéré que je restais de plus en plus donc ça a commencé à m'inquiéter mais, au début, je n'étais pas inquiet du tout. Je me suis dit "la production va tout de suite trouver ce que j'ai et ça va le faire."

Est-ce que tout est rentré dans l'ordre pour vous à votre retour en France ?

Oui, complètement. J'ai été transféré pour d'autres examens complémentaires à l'hôpital de Manille durant à peu près trois, quatre jours à la suite de mon départ de l'île. En tout, j'ai passé une petite semaine à l'hôpital à l'étranger. Ensuite, une fois que tout est rentré dans l'ordre et que je pouvais prendre l'avion, je suis revenu en métropole. J'ai passé deux, trois examens supplémentaires pour remettre tout dans l'ordre et voilà, maintenant tout va bien. Je suis reparti comme en 40.

En dehors de l'abandon, qu'est-ce qui a été le plus dur pour vous dans l'aventure ?

Je vous coupe tout de suite, je suis désolé d'être autant désagréable, mais pour moi l'abandon ne fait pas partie de mon vocabulaire. Je dirais plutôt une contrainte technique qui a fait que je ne continue pas l'aventure. Je bannis presque le mot parce qu'il me dégoûte. Pour moi, un abandon c'est quand on choisit volontairement d'arrêter quelque chose à laquelle on avait pris engagement de base, comme Franck par exemple. Mais moi, c'est pas un abandon. J'ai été contraint d'arrêter, mais je n'ai pas abandonné. En tout cas, pas volontairement, ça c'est sûr.

Du coup, en dehors de ce départ contraint - excusez-moi - qu'est-ce qui a été le plus dur dans l'aventure ?

Clairement, c'est la pluie. Ça fait 20 ans que l'émission existe et je pense que c'est la première année où il y a autant de pluie tous les jours. Quand la caméra a la chance de pouvoir shooter quelques éclaircies et brins de soleil, ça ne dure pas très longtemps parce que je peux vous assurer que les éléments étaient contre nous cette année. C'est aussi ce que je venais rechercher donc ça tombait très très bien.

Comment vous sentiez-vous dans l'équipe rouge ?

Dans l'équipe verte comme rouge, je me sentais hyper épaulé, encadré, soutenu, aimé, respecté et je trouvais vraiment ma place. J'avais compris que j'étais leader dans l'équipe verte mais j'avais l'impression de ne pas avoir perdu ce fil conducteur qui nous liait même dans l'équipe rouge.

L'équipe rouge a connu de nombreuses difficultés. Comment les analysez-vous ?

Ça a toujours été un mystère pour moi parce que, ce qui est dingue c'est que physiquement on avait les plus gros bestiaux dans l'équipe et on avait le moral qui était tout le temps gonflé à bloc. Et pourtant, ça ne nous permettait pas de gagner. Il faut croire que l'affaiblissement dû au manque de nourriture était certainement la clé de ces échecs constants. On n'a jamais gagné de confort et on n'a jamais mangé. Il faut savoir qu'en terme de nourriture, on mangeait au début l'équivalent d'une cuiller à café et, ensuite, quand on a gagné le riz, on a gagné un peu plus de confort humain et on avait le droit à une cuiller à soupe de riz par jour. Malheureusement, malgré toute la bonne volonté qu'on voulait mettre sur les épreuves, on n'arrivait pas à gravir ces échelons qu'on voulait faire ensemble. Fort heureusement, et j'insiste là-dessus, on avait la chance de rester au moins unis et soudés humainement donc ça c'était formidable.

Quel est le souvenir que vous garderez le plus de votre parcours ?

Le meilleur souvenir que j'ai, c'est lors de la première épreuve, quand j'ai été désigné comme chef d'équipe. J'avais cette chance et ce pouvoir de constituer l'équipe avec laquelle les premières heures seraient déterminantes pour le reste de l'aventure et le reste de ma vie parce que finalement c'est l'aventure d'une vie Koh Lanta. Et j'avais la chance d'être l'élément moteur pour pouvoir constituer cette équipe. J'en étais très fier.

Il doit y avoir beaucoup de frustration de ne pas avoir pu vivre une aventure complète. Vous repartiriez à Koh Lanta si on vous le reproposait ?

Vous savez, le sac est déjà prêt, le téléphone est toujours chargé à bloc parce que je n'attends qu'une chose c'est pouvoir repartir. Ce que je veux, c'est pouvoir aller me reconfronter et fermer toutes les bouches des détracteurs qui ont été contre moi, qui n'ont pas cru dans mon potentiel à la victoire. J'étais persuadé de pouvoir briller et faire briller mon équipe encore plus haut et encore plus fort que tout. J'aurais aimé me prouver ça et prouver aux autres et à mes fils. Ils ont compris qui j'étais, au quotidien ils me connaissent par cœur. Ils étaient déjà fiers de moi avant le départ. Le fait que j'ai été sélectionné était, pour eux, une victoire en soi. Le fait de ne pas avoir eu son nom inscrit sur le moindre bout de papier est déjà une victoire. Le fait d'être le premier homme capitaine était une victoire. Finalement, je ne tire que des victoires de cette aventure. Evidemment, de la frustration qu'il n'ait pas été possible d'aller porter ces couleurs encore plus haut. La frustration est encore sévère à vivre aujourd'hui et je n'ai qu'une envie, c'est d'y retourner.

Vous parlez de détracteurs. La diffusion a été difficile pour vous du côté des réseaux sociaux ?

Bien sûr, il faudrait être aveugle, sourd ou faire la politique de l'autruche pour ne pas voir qu'au début on est quasiment un des candidats les plus détestés ou les plus refoulés. A l'instar d'un Matteo qui était ultra réservé, timide et pas forcément enjoué d'être là. Je me disais "mais merde, moi j'arrive certes peut être un peu fort en gueule en disant qu'on va gagner et qu'on va tout faire pour déchirer tout le monde et que j'ai envie de gagner." Je pensais que c'était des candidats comme ça qui allaient être presque idolâtrés par les téléspectateurs et finalement ça n'a pas été le cas. Après, fort heureusement pour moi, les téléspectateurs et les internautes se sont rendus compte que j'avais peut être été un peu mal jugé et le jour où mon portrait complet a été diffusé et qu'on m'y voit en tant que papa poule avec un côté plus sympa, plus rigolo et plus enjoué, ils se sont peut-être dit "bah OK, peut être que le mec finalement n'est pas à juger que pour les trente premières secondes où on dit qu'on l'aime ou qu'on le déteste." Dans l'absolu, je pense que ça a été plus facile de me détester dès le départ parce que c'est aussi humain. Les chefs, on les aime jamais, c'est comme ça. Finalement, ils se sont aperçus que j'avais un leadership en moi mais que je n'ai eu besoin d'écraser personne pour pouvoir réussir en individuel comme en équipe. Ils ont peut être aussi vu que je n'étais pas mauvais comme ils pouvaient le penser et qu'au final j'étais plutôt sympa. Et là, les critiques ont été à l'opposé, car les critiques peuvent être bonnes comme mauvaises. Elles ont été complètement renversées parce que j'ai reçu beaucoup de messages de soutien, de gentillesse et d'empathie. Ça m'a fait plaisir. J'ai été content d'avoir été tout blanc et tout noir sur cette aventure pour pouvoir aussi donner les deux facettes de ma personnalité et ainsi pouvoir dire "vous m'avez mal jugé, vous avez été trompés par vous-mêmes et je n'ai pas été mauvais comme vous le pensiez et je suis très heureux d'avoir fait mon aventure comme bon me semblait."

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