Egypte : les touristes rapatriés, les séjours à Taba annulés
Le groupe islamiste radical Ansar Bayt al-Maqdis a demandé via Twitter à tous les touristes de quitter l'Egypte d'ici le 20 février. Point sur la situation avec Gérard Guerrier, directeur général d'Allibert-Trekking.
Le 16 février dernier, 4 pélerins sud-coréens décédaient dans une attaque dans le Sinaï, tout près de la station balnéaire de Taba. Cet attentat marque un tournant dans les actions du groupe islamiste Ansar Bayt al-Maqdis qui, jusqu'à présent, s'en prenait aux représentants du gouvernement égyptien.
Les terroristes ont ainsi directement menacé les touristes, exigeant via Twitter, qu'ils partent "d'ici le 20 février". Certains tours-opérateurs ont déjà commencé à rapatrier leurs clients, c'est le cas notamment de FRAM qui a fait revenir 9 voyageurs avec deux jours d'avance. D'autres comme FTI ou Thomas Cook Belgique ont décidé de reporter les séjours à Taba vers d'autres stations balnéaires égyptiennes.
Gérard Guerrier, directeur général d'Allibert-Trekking fait le point sur la situation.
Linternaute.com : comment la situation en Egypte et le tourisme en sont arrivés là ?
Gérard Guerrier : attention, on ne peut pas parler de toute l'Egypte. Il s'agit essentiellement du Sinaï qui est un cas particulier dans l'histoire et la géographie du pays. Cette région a été rattachée à l'Egypte relativement tard, et les Bédouins n'ont jamais accepté ce rattachement. A cela s'ajoute, la radicalisation de certains groupes ces dernières années.
Nous, chez Allibert, ça fait 4 ans qu'on n'envoie plus personne dans le Sinaï, et nous ne sommes pas les seuls. Nos contacts là-bas sont très clairs sur la situation. Déjà en 2005, les attentats à Charm-el-Cheikh avaient donné le ton.
Il est important de comprendre la géographie du terrain : le Sinaï est un territoire difficilement contrôlable pour l'armée égyptienne. A l'inverse, le reste du pays est une plaine, la vallée du Nil est particulièrement bien urbanisée, ces territoires se prêtent beaucoup moins aux actions terroristes. Le contrôle de ces zones se fait en profondeur.
Quelles sont les menaces qui pèsent actuellement sur les touristes ?
Je ne crois pas aux menaces d'enlèvements. Par contre les menaces d'attentats sont réelles. Ces groupes radicaux veulent mettre le gouvernement actuel en difficulté.
Que doivent faire les voyageurs qui envisagent ou ont déjà prévu un séjour en Egypte ?
Hors Sinaï, pour moi, il n'y a pas de raisons d'annuler. A la place des voyageurs, je me mettrais en contact avec mon tour-opérateur. Il faut savoir que les autorités locales ont particulièrement renforcé la sécurité sur place.
Comment la situation en Égypte peut-elle évoluer ces prochains mois ?
De nouvelles élections présidentielles auront lieu d'ici l'été. Même si les résultats semblent un peu "téléphonés", ils pourraient permettre de stabiliser un peu la situation. La répression tous azimut des frères musulmans est dangereuse, car ils se radicalisent en conséquence. Ce qui est certain, c'est que l'Égypte a les moyens d'assurer sa sécurité.
Les conseils du Quai d'Orsay.
Le 20 février 2014, le ministère des affaires étrangères a mis la fiche de l'Égypte à jour déconseillant plusieurs régions (Charm-el-Cheikh, Taba) et appelant à la vigilance dans d'autres zones.
Les voyageurs ayant prévu une croisière sur le Nil sont invités à s'assurer auprès de leur voyagiste de la présence de protection embarquée.