Nadine Morano livre sa conception du racisme, sans convaincre son camp

Nadine Morano livre sa conception du racisme, sans convaincre son camp NADINE MORANO - Alain Juppé, NKM, Jean-Christophe Lagarde... Les cadres de la droite et du centre ne sont pas tendres avec Nadine Morano, accusée d'avoir dérapé avec ses propos sur "la race blanche". L'eurodéputée ne compte pas se laisser faire.

[Mise à jour le 29 septembre 2015 à 18h58] C'est en invoquant le général de Gaulle que Nadine Morano persiste et signe sur sa conception de la France, "pays à majorité de race blanche". "Dans quel pays vit-on quand on ne peut plus dire que la France est un pays aux racines judéo-chrétiennes et que sa population est en majorité de couleur blanche ?" s'est-elle indignée sur Facebook, dans une lettre adressée à tous ses détracteurs. L'eurodéputée a préparé sa défense. Elle s'appuie d'abord, pour se justifier, sur des propos qu'aurait tenus le Général de Gaulle en 1959. Des propos rapportés, en 1994, par Alain Peyrefitte, dans sa biographie "C'était de Gaulle".

Selon l'ex-ministre, l'ancien président aurait eu ces mots, en privé : "C’est très bien qu’il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu’elle a une vocation universelle. Mais à condition qu’ils restent une petite minorité. Sinon, la France ne serait plus la France. Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne". Mais jamais l'ancien président n'a tenu de tels propos publiquement et n'en a fait un leitmotiv politique.

Nadine Morano et les "bien pensants"

Nadine Morano estime par ailleurs, en substance, que pour parler de racisme, et le condamner, il faut parler de race. Et de condamner l'hypocrisie de ceux qui s'y refusent : "Que les bien-pensants ne nous parlent plus de racisme, puisque selon eux les races n’existent pas, qu’ils ne nous parlent plus de discrimination positive puisque les minorités n’existent pas non plus", écrit-elle dans son communiqué, ajoutant : "Quand je vais en Côte d’Ivoire on parle bien d’Afrique noire et cela ne choque personne. François Fillon, ancien premier ministre de la France, demande des statistiques ethniques, je n’entends pas le même tollé". L'eurodéputée rappelle par ailleurs qu'elle n'a "jamais parlé d’une supériorité de race". Ce qui lui aurait valu, évidemment, plaintes, procès et condamnations.

EN VIDEO - Nadine Morano dénonce une chasse aux sorcières :

"Morano et la "race blanche": elle dénonce un "procès en sorcellerie""

Condamnations en série de ses propos

Si elle n'a pas tenu de propos racistes, Nadine Morano doit cependant faire face à une vague de critiques provenant de son propre camp. Sur Europe 1, Nathalie Kosciusko-Morizet, numéro 2 du parti, - personnalité peu appréciée par l'eurodéputée du reste -, a fermement condamné la sortie de Nadine Morano : "Je trouve la tonalité de cette déclaration exécrable. La République française ne fonctionne pas sur les bases idéologiques de l'apartheid". Et d'ajouter : "La race, ce n'est pas le fondement de l'humanité. Le fond du propos est absurde". La vice-présidente du parti n'y va d'ailleurs pas par quatre chemins, puisqu'elle considère que des sanctions devraient être prises contre celle qui portera les couleurs du parti lors des régionales, dans la région Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine. "Si la question était posée au bureau politique, je la voterai. Elle peut difficilement ne pas l'être".

De fait, lors du bureau politique, le "cas" posé par Nadine Morano a été évoqué, rapporte l'AFP. Lors de la réunion des cadres dirigeants, "la déclaration de l'ancienne ministre a été "unanimement condamnée", mais Nicolas Sarkozy, qui regrette que l'affaire prenne de si amples proportions dans les médias, ne souhaite pas de sanctions à son encontre.

Alain Juppé a choisi, lui, d'être moins silencieux que le président de LR et de s'immiscer dans la polémique. Un tweet posté ce mardi matin se passe de commentaire. Sauf de celui de Nadine Morano : 

 

Un front d'indignation à l'UDI, son investiture pour les régionales remise en cause

Plus virulent encore, le patron de l'UDI, Jean-Christophe Lagarde sur iTélé : "Je voudrais surtout que Nadine Morano ne lise pas le gérénal de Gaulle avec une traduction de Tixier-Vignancour. Parce que le général de Gaulle a aussi dit que quand on faisait un bon musulman, on faisait un bon Français. [...] Si elle veut être candidate à la primaire, j’espère que la primaire n’aura pas en son sein une porte-parole du Ku Klux Klan". Chantal Jouanno, invitée de #DirectPolitique, a jugé elle "surréalistes" les propos de l'eurodéputée, qui est aussi tête de liste en Meurthe-et-Moselle pour les régionales. Nadine Morano doit donc désormais faire face à un front de consternation de l'UDI, parti allié à LR pour les élections de décembre. Pour Laurent Hénart porte-parole UDI du Grand Est, les choses doivent être posées simplement : "soit elle retire ses propos, soit elle n'est pas chef de file départementale" a-t-il réclamé sur BFM TV.