Tendances des législatives 2017 : ce qu'on sait sur le 2e tour

Tendances des législatives 2017 : ce qu'on sait sur le 2e tour Au soir du 2e tour des législatives 2017, de grandes tendances se dessinent déjà. Voici 5 points à retenir de cette élection, avec le résultat...

[Mis à jour le 18 juin 2017 à 19h30] Si le président a de grandes chances de décrocher une majorité absolue à l'Assemblée nationale, des pôles de résistance seront tout de même aux rendez-vous. C'est là sans doute le principal enjeu du second tour des élections législatives 2017. Le taux de participation au 2e tour et à 17h de ces législatives 2017 est tombé, sans appel : avec seulement 35,33% de participation à quelques heures de la fermeture des derniers bureaux de vote, selon le ministère de l'Intérieur, cette estimation représente un record "vers le bas". A 20 heures, la participation finale pourrait à nouveau s'établir sous le seuil symbolique des 50%, comme cela avait été le cas au 1er tour, peut-être de façon encore plus criante. 

Les élections législatives en sont en tout cas arrivées à leur 2e tour ce dimanche. Le coup d'envoi de ce second round a été donné à 8 heures, avec l'ouverture des bureaux de vote dans l'Hexagone, bien qu'on vote déjà depuis hier dans les territoires d'outre-mer et chez une partie des Français de l'étranger. Après le succès de La République en Marche au premier tour, le chef de l'Etat attend "une confirmation" qui lui permettrait d'appliquer clairement sa politique, à commencer par les ordonnances controversées sur la réforme du Code du travail ou la loi de moralisation politique qui seront au programme du Parlement dès juillet.

Les premiers résultats de ces législatives sont attendus à 20 heures. On saura alors si les plus de 47 millions d'électeurs appelés aux urnes ont apporté cette majorité absolue à Emmanuel Macron, tant espérée par l'exécutif et crainte par ses opposants. Mais une semaine après le premier tour, l'élection est déjà riche en enseignements. On peut d'ores et déjà dessiner de grandes tendances de ce qui va sortir des urnes ce soir.

1- Un intérêt faible pour l'élection

La campagne des élections législatives 2017 semble avoir suscité beaucoup moins d'intérêt que l'élection présidentielle. Le 11 juin, l'abstention a atteint un niveau record depuis 1958, à 51,29%, signe d'une démobilisation des électeurs après le scrutin pour l'Elysée. Plusieurs indices concordaient bien avant d'en faire le constat, somme toute logique compte tenu de la nature des deux scrutins, mais aussi du calendrier électoral qui les a placés l'un après l'autre. Les instituts de sondages ont consacré beaucoup moins d'énergie aux législatives, proposant deux à trois fois moins d'enquêtes d'opinion que lors du rendez-vous précédent. Autre détail parlant : selon les données du moteur de recherches Google, les volumes de recherches effectuées par les Français sur les législatives sont largement plus faibles que ceux de la présidentielle il y a un mois. C'est bien simple : dans la dernière semaine de campagne, les recherches sur les législatives atteignaient à peine celles de la fin février pour la présidentielle. Pour le dimanche du premier tour, Google rapportait aussi une "intensité" de recherches bien inférieure.

2 - Une seule triangulaire

Particularité des législatives et de quelques élections locales, les triangulaires et les quadrangulaires sont quasiment absentes pour le second tour. Une seule triangulaire a en effet lieu ce dimanche, sur la première circonscription de l'Aube, dans le fief de François Baroin. La cause est à chercher du côté de la participation très faible. Il faut en effet obtenir 12,5% des inscrits (et non pas des voix) pour se qualifier au second tour. Un critère qui est plus que difficile à atteindre pour les candidats arrivés en troisième ou quatrième position dimanche dernier, compte tenu de la mobilisation médiocre. Ce phénomène aura sans doute été amplifié par la profusion de candidats qui a provoqué mécaniquement une dispersion des voix. 7882 candidats étaient sur la ligne de départ au premier tour (ils ne sont plus que 1146), pour 577 sièges de députés. Un record depuis 2002, année où 8444 candidats s'étaient présentés. Il y a cinq ans, en 2012, on en dénombrait "seulement"  6500. En moyenne, ce sont 13,6 candidats qui étaient en lice par circonscription, mais beaucoup d'entre elles dépassaient les 20 candidats au départ, avec un record à 27 dans la 9e circonscription des Français de l'étranger... Autre conséquence : seuls quatre députés ont été élus dès le premier tour.

3- La percée d'En marche au premier tour 

Au premier tour, le mouvement d'Emmanuel Macron a obtenu 32,3% des voix. Loin derrière, les deux familles politiques, droite et gauche, qui structurent la vie politique française depuis des décennies. Avec 21,56% des voix au premier tour, LR allié à l'UDI sait déjà que le nombre de ses élus sera drastiquement réduit ce dimanche soir. Il en va de même du PS, qui avait envoyé près de 300 députés au Palais Bourbon en 2012, mais n'en aura que quelques dizaines à l'issue du second tour. Quant au Front national et à La France insoumise, ils n'ont pas réussi à capitaliser sur leurs bons scores à la présidentielle. Avec 13,74% au premier tour, LFI et le PCF devront peut-être s'allier pour atteindre les 15 sièges nécessaires pour constituer un groupe. Le FN, avec 13,3% dimanche dernier, a perdu tout espoir d'incarner la première force d'opposition en nombre d'élus. Ainsi, La République en Marche présente 454 candidats pour ce second tour, devant Les Républicains (264), le FN (120), La France insoumise (67), le Parti socialiste (65) et le MoDem (62).

4- Une assemblée renouvelée

C'est un chiffre important : 211 députés sortants ne se représentaient pas pour ces législatives, soit 39% de l'Assemblée élue il y a cinq ans. Les raisons sont connues : la nouvelle législation sur le non-cumul des mandats en a poussé beaucoup à préférer leur fonction de maire, de président de département ou de président de région. Mais il y a d'autres raisons. Pour certains, parmi les "jeunes" élus du PS en 2012 notamment, le quinquennat a été trop éprouvant pour rempiler. Pour d'autres, sans doute plus âgés, c'est la peur du "dégagisme" ambiant qui a poussé au retrait. Certaines figures s'en vont comme François Fillon, Bernard Accoyer, Jean-François Copé, Patrick Devedjian, Luc Chatel ou Patrick Balkany à droite. A gauche, le président sortant de l'Assemblée Claude Bartolone, Jean-Marc Ayrault, Bernard Cazeneuve, Bruno Le Roux, Michel Sapin, Marylise Lebranchu, ou encore Noël Mamère jettent l'éponge. L'effet "En Marche" joue aussi à plein avec l'arrivée de nombre de candidats de la société civile, parfois totalement novices.

Ajoutons à cela 144 députés sortants éliminés dès le premier tour dimanche dernier. On arrive donc à seulement 222 députés sortants qualifiés pour le second tour, dont beaucoup en ballotage défavorable. Mais l'Assemblée ne sera pas seulement renouvelée dans ses visages. Elle le sera aussi dans sa structure, avec la fin des deux blocs historiques (gauche et droite). Le Palais Bourbon sera le lieu d'une nouvelle confrontation entre un groupe "présidentiel" totalement recomposé et une opposition hétéroclite. Car Les Républicains, le Front national et la France insoumise se disputent tous les trois la place de premier opposant.

Avoir un groupe à l'Assemblée nationale revêt une importance capitale pour les partis espérant incarner l'opposition lors du quinquennat. Il faut ainsi avoir 15 députés pour accéder à certains postes clés du Palais Bourbon, comme la présidence de la Commission des finances, dévolue ces dernières années à un membre de l'opposition. Le groupe permet aussi d'obtenir un temps de parole égal à celui de la majorité lors des débats. Le président du groupe peut aussi demander une fois par an la création d'une commission d'enquête. Outre les 15 députés nécessaires à la constitution d'un groupe, il faut aussi un nombre suffisant d'élus pour déposer une motion de censure (58) ou pour saisir le Conseil constitutionnel (60).

5- Une Assemblée plus jeune et paritaire 

L'âge des candidats aussi a changé, avec une moyenne de 48,5 ans contre 50 ans en 2012. Mais il y a 20 ans, en 1997, cette moyenne d'âge des candidats était de 42 ans, et rien ne dit que ce sont les plus jeunes qui seront élus ce soir. La moyenne d'âge de l'Assemblée pourrait donc évoluer, mais à la marge. Quant à la parité, elle ne devrait pas non plus s'imposer d'un coup d'un seul ce 18 juin. Un peu plus de 40% des candidats étaient des candidates lors du premier tour, soit loin des 50% que chaque parti devrait respecter. PS et LR restent des élèves moyens avec 44% et 39% de femmes dans leurs rangs quand le PRG et La République en Marche parviennent peu ou prou à la parité. Reste que les femmes, quand elles sont candidates, sont toujours investies dans des circonscriptions où elles ont peu de chances de l'emporter selon une enquête fouillée du Monde publiée pendant la campagne... Résultat : elle ne représentent déjà plus que 40% des candidats lors de ce second tour.

Mais d'après les calculs du Parisien, sur les 577 candidats arrivés en tête du premier tour, 245 sont des femmes.  Si elles sont élues, il s'agirait d'un record historique pour l'Assemblée, qui serait alors composée à 42,5% de députées explique Libération de son côté, qui souligne que La République en Marche a grandement participé de cette évolution avec 192 femmes en tête au second tour pour 207 hommes. 

Une participation en berne qui a même touché la présidentielle

L'abstention est en croissance depuis des années et touche toutes les élections, qu'elles soient nationales ou locales. Mais jusqu'à aujourd'hui, la présidentielle a pourtant été relativement épargnée. L'élection présidentielle, à l'inverse des législatives, est en effet l'un des scrutins qui mobilisent historiquement le plus d'électeurs, avec les municipales, les Français ayant une relation particulière à leur président mais aussi à leur maire. Les records d'abstention ont été observés ces dernières années lors des référendums, celui de 2000 au sujet de la réforme du quinquennat ayant atteint près de 70% de non-votants (69,8% d'abstention). La présidentielle de 2017 aura été, comme les autres, préservée dans une certaine mesure. Car entre un quart et un tiers des électeurs ne se sont pas déplacés le mois dernier.