Manuel Valls : "C'est important, l'entraineur", ce qu'il a dit sur TF1

Manuel Valls : "C'est important, l'entraineur", ce qu'il a dit sur TF1 Invité du 20 heures de TF1 ce mercredi soir, Manuel Valls a reconnu que l'équipe gouvernementale qu'il venait de mettre en place n'était que peu renouvelée. Et qu'il n'y avait "pas de rupture" avec le remaniement.

Pour sa première interview de Premier ministre, Manuel Valls a fait le choix du 20 heures de Gilles Bouleau sur TF1 ce mercredi 2 avril. Pendant près d'une demi-heure, entrecoupée de reportages sur le remaniement, les nouveaux ministres, ou encore la situation économique, le chef du gouvernement est venu expliquer ses choix de casting et son cap pour les mois à venir. Manuel Valls reconnait que le gouvernement n'a été que peu renouvelé. "C'est comme garder la même équipe et changer d'entraineur", lui a par exemple fait remarquer le présentateur de TF1. Affirmation à laquelle le nouveau locataire de Matignon a vertement répondu : "C'est important l'entraineur !" Sur le remaniement comme sur le fond, Manuel Valls a en revanche annoncé la couleur : il n'y aura pas de "rupture".

Ventant les "hommes et femmes d'expérience" qui composent son gouvernement, avec une mention spéciale à Benoît Hamon, le grand promu de ce remaniement ("un vrai talent que je connais depuis longtemps"), Manuel Valls a tout de suite mis les points sur les "i". Il se place dans la continuité de Jean-Marc Ayrault. Un autre "entraineur", qui a "fait beaucoup pour redresser nos comptes publics, stabiliser la situation que nous avons trouvée en 2012". Et quand la question de l'équilibre de la nouvelle équipe entre droite et gauche du PS ou entre "hollandais" et non "hollandais", lui est posée, il répond sans détour : "Nous sommes tous hollandais". D'ailleurs, c'est "ensemble", avec François Hollande, que les choix des ministres ont été faits. "C'est le Président de la République qui fixe le cap", a plusieurs fois martelé Manuel Valls durant l'interview. Quitte à donner la vague impression de rejeter d'entrée la responsabilité d'un éventuel échec sur François Hollande...

Un peu de droite, un peu de gauche

Manuel Valls a aussi tracé les grandes lignes qu'il suivra dans les prochains mois. Rien de révolutionnaire : le Premier ministre a fait vœux d'"efficacité", "parce que les Français nous ont dit que ça n'allait pas assez vite", et a clairement placé le pacte de responsabilité au centre de ses priorités pour lutter contre le chômage. C'est alors le Valls libéral qui parle : "Nous avons perdu des parts de marché [...]. Nous devons dire que les entreprises, les entrepreneurs, les salariés, sont indispensables pour créer de la richesse". Le chef du gouvernement parle aussi de "libérer des énergies". Un lexique inhabituel dans la bouche d'un socialiste. Mais selon lui, "quand on est de gauche, on ne peut pas accepter cette fiscalité, ces impôts qui pèsent sur nos concitoyens".

Mais ce discours sera immédiatement compensé par un autre, plus social. Valls veut "créer un climat de confiance, car sans confiance, il n'y a pas de croissance". Et s'il faut en passer par la réduction des déficits, cela se fera "sans mettre en cause les services publics fondamentaux". Sur la crise aussi, Manuel Valls a gauchisé son discours : "Il y a une demande très forte dans notre pays de protection, face à la mondialisation, la globalisation économique, qui détruit aussi des emplois, l'Europe qu'on ne comprend pas toujours". "Les Français savent aussi que cette mondialisation a fait des dégâts considérables", a dit le Premier ministre un peu plus loin. Puis, comme pour ménager la chèvre et le chou : "La France elle n'est forte que si elle est compétitive, mais elle ne peut être forte que si elle est juste."

Et pour donner plus ostensiblement encore des gages à la gauche du PS, qui a pu sembler désarçonnée par sa nomination, Manuel Valls a même joué la carte de la France terre d'accueil et d'intégration à la fin de son intervention, en faisant appel à son parcours personnel. "Je suis né dans un pays voisin, l'Espagne. C'est pour cela que je tiens à l'Europe", a rappelé le nouveau chef de gouvernement avant de lancer qu'il était "merveilleux d'être Français". De vivre dans un Etat où "vous pouvez être né à l'étranger et servir votre pays".

Et la fin des 35 heures ?

Quid des positions iconoclastes d'un Manuel Valls qui voulait revenir sur les 35 heures, la retraite à 60 ans, être ferme sur l'immigration, ou encore supprimer le mot "socialiste" de son parti quand il était encore candidat à la primaire ? Le Premier ministre, encore une fois, a trouvé l'esquive : "C'est François Hollande qui a été élu. Je suis là pour mettre en œuvre sa politique. C'est lui qui fixe le cap". Tout est dit.

Le reste de l'intervention de Manuel Valls se résumera à une succession de bonnes intentions : le Premier ministre à de nombreuse fois utilisé le mot "énergie" dans son discours, une énergie qu'il faut "mobiliser" ou qu'il faut redonner", c'est selon. Son souhait personnel ? "Réussir au service des Français", "servir le pays". Sa seule ambition ? "[Son] pays, la France". Son souhait pour la France ? "Qu'elle réussisse"...

Reste un engagement tout de même sur lequel il pourra être jugé à la fin de sa mission : "Qu'à la fin du quinquennat de François Hollande, les Français vivent mieux". "Je veux servir mon pays pour que les Français soient demain davantage fiers de leurs pays et de leur gouvernement", a-t-il aussi avancé dans un contexte guetté par la "division" et la "morosité". "Il est temps de redonner une espérance [...]. Je pense que nous pouvons réussir", a ajouté Manuel Valls dans sa conclusion.