Pape François : la polémique de la dictature

Pape François : la polémique de la dictature Le nouveau pape François est déjà au coeur d'une polémique : il aurait par le passé été "complaisant" avec la dictature en Argentine. Le Vatican juge ces accusations "calomnieuses et diffamatoires".

[Mis à jour le 15 mars à 14:55] Si assez peu de fidèles dans le monde connaissaient Jorge Mario Bergoglio lorsqu'il n'était que simple cardinal, désormais, les 1,2 milliard de catholiques vont s'intéresser de près au passé de celui qui est considéré comme le "pape des pauvres". Pour l'heure, les premiers signes que le pape François a donnés, notamment lors de son apparition place Saint-Pierre, semblent indiquer que son pontificat sera celui de l'humilité, de la simplicité et du recueillement. Pourtant, l'image de celui qui se revendique de Saint-François d'Assise est déjà écornée... Et pour cause : il aurait été bien complaisant avec le régime dictatorial dans son pays à la fin des années 1970.

Dans un ouvrage, "Le Silence", écrit en 2005, le journaliste argentin Horacio Verbitsky, expert en actualité religieuse, a révélé quelques éléments troublants à l'encontre du nouveau pape. Lorsque la dictature s'en est pris à deux jésuites qui refusaient de s'arrêter de travailler dans les quartiers pauvres de Buenos Aires, le cardinal Bergoglio aurait fermé les yeux et laissé oeuvrer la police. Toujours selon ce journaliste, qui s'appuie sur le témoignage du prêtre Orlando Yoro, mort en 2000, l'ensemble des autorités ecclésiastiques de Buenos Aires aurait aidé le régime à cacher des prisonniers politiques aux enquêteurs des associations des droits de l'Homme.

Le Vatican a réagi vendredi 15 mars à ces accusations qui se propagent dans la presse. Un communiqué officiel, lu par le père Frederico Lombardi, qualifie de "calomnieuses et diffamatoires" les suspicions de connivence avec la dictature argentine. Selon le Vatican, ces "rumeurs" viennent "d'éléments de la gauche anticléricale pour attaquer l'Eglise". Pour le père Lombardi, il "existe en revanche des preuves selon lesquelles il fit beaucoup pour protéger les gens pendant la dictature".

Les historiens argentins ont déjà mis en lumière le "silence" et "l'indifférence" de l'Eglise pendant la dictature. Si le cardinal Bergoglio nie ces accusations, les évêques argentins ont dû reconnaître en 2012 qu'ils avaient "échoué" à protéger les Argentins du régime dictatorial. Selon "La Croix", une juge française aurait fait savoir qu'elle souhaitait entendre Jorge Mario Bergoglio au sujet de l'assassinat d'un prêtre français, survenu pendant les sombres années de la dictature, afin de mettre la main sur les dossiers de l'affaire.

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