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Sujet illustré

Se protéger lorsque l'on est visible et que l'on ne peut ni changer de couleur, ni de forme, devient un peu problématique. Heureusement la Nature a recours à d'autres stratagèmes pour permettre aux plus faibles de se maintenir. Par exemple, leurrer son adversaire ou encore l'effrayer pour survivre.

 

Tromper de différentes façons

En trompant son ennemi, on essaie de passer du statut de proie potentielle à celui de prédateur. En gros, il faut faire peur à sa propre menace, se faire passer pour plus fort que l'on ne l'est. Dans ce cas le mimétisme revêt des formes très diverses et s'organise selon de grands modèles établis par les naturalistes.

Le premier est celui d'une espèce inoffensive qui imite une espèce toxique. Cette ressemblance peut être morphologique et même comportementale. On connaît des papillons inoffensifs qui ressemblent à s'y méprendre des espèces toxiques et qui en plus adoptent les mêmes techniques de vol que leur modèle. Ainsi, le prédateur, qui sait que telle espèce est mauvaise pour lui, ne parvient pas à les distinguer et les plus faibles ne sont pas décimés. Mais cette technique n'est que relativement efficace puisque si le modèle n'est plus présent, la supercherie ne marchera plus.

On connaît aussi le cas d'une espèce elle-même toxique qui va calquer le comportement d'une autre espèce toxique. C'est bien connu, l'union fait la force et la mémoire des animaux n'est pas expansive. Même les prédateurs n'y échappent pas. Après une bonne intoxication alimentaire, l'ennemi ne va pas piocher une proie dans un groupe apparenté à celui qui l'a déjà rendu malade.

Le modèle à copier n'est pas obligatoirement à chercher au sein d'une autre espèce. Le mimétisme peut même être intra spécifique, c'est-à-dire s'opérer au sein d'une même espèce. Cela est vrai surtout chez les végétaux. Par exemple, une fleur mâle va ressembler à sa fleur femelle, et la surprise est assurée pour l'animal qui va venir la butiner : seule la femelle aura du nectar (on constate parfois l'inverse notamment chez certaines orchidées).

Et même effrayer

Certaines petites créatures vivantes ne manquent pas d'aplomb et vont même jusqu'à effrayer leur ennemi. Un serpent inoffensif qui imite le crotale, un papillon qui prend des allures de chats pour faire fuir les oiseaux… S'il est vrai que l'adaptation ne doit pas forcer notre admiration on peut tout de même sourire face à cette apparente harmonie où même les plus faibles se jouent de leurs prédateurs. Bien entendu, le piège ne fonctionne pas à tous les coups.

Leurre sournois : Duper par les molécules

Beaucoup moins connu, le mimétisme moléculaire est exclusivement un mimétisme parasitaire. Qui trompe-t-il ? Son hôte bien entendu, et plus précisément ses globules blancs. Ce mimétisme peut s'opérer de deux différentes manières.
» Le parasite reproduit les antigènes de son hôte : Les antigènes sont toutes les substances moléculaires qui vont provoquer chez l'hôte, une réponse immunitaire spécifique, comme la formation d'anticorps circulants telle l'immunoglobuline ou encore l'activation de lymphocytes T, des globules blancs qui aident à la production d'anticorps. Ainsi, les globules blancs du parasité sont bluffés et ils ne fabriquent pas d'anticorps, le parasite peut donc s'installer et se développer. La salmonellose suit ce schéma de mimétisme moléculaire.
» Le parasite contamine une très jeune victime et se transforme constamment : Là, le parasite trouve une très jeune victime chez qui se loger, entraînant chez cette dernière la production d'anticorps. Plus le temps passe et moins la réaction immunitaire de l'hôte gène le parasite, il devient donc de plus en plus fort et surtout de moins en moins soupçonnable. Mais sa force réside surtout dans sa capacité à renouveler sa membrane superficielle qui peu à peu s'habille de protéines du sang de l'hôte, d'antigènes etc. Pour se faire encore mieux oublier, il leurre les globules blancs de son hôte en leur envoyant de faux messages. Les lymphocytes suivent alors une fausse piste, et attaquent injustement les innocents. La réaction de l'organisme est rapide, le corps parasité se fatigue énormément. Le plasmodium, agent du paludisme, agit de cette manière.

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