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 INTERVIEW 
Avril 2006

Sébastien Bourdais : "Le triplé est un beau challenge"

Aux Etats-Unis, il est le roi du Champ Car. Le Français Sébastien Bourdais a été sacré champion en 2004 et 2005 dans cette compétition monoplace. Désormais, il vise un triplé historique.
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A 27 ans, Sébastien Bourdais a déjà un beau palmarès en sport automobile. Le Français, originaire du Mans, a été champion de France en Formule 3 puis champion du monde en Formule 3000. En 2003, il part aux Etats-Unis pour évoluer en Champ Car, compétition où il a été sacré en 2004 et 2005.

Après vos deux titres consécutifs en Champ Car, comment abordez-vous cette saison 2006 ?
Sébastien Bourdais : Il y a une certaine pression. Je sais que tout le monde m'attend au tournant. L'écurie Newman-Haas pour laquelle je cours est la référence en ce moment et nous avons du très bon matériel. Mais malgré mes deux victoires en championnat, c'est loin d'être gagné d'avance, et heureusement ! La saison est longue, il y a beaucoup d'impondérables et c'est ça qui est excitant.

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Vous avez démarré la saison 2006 sur les chapeaux de roues en gagnant la 1ère course de la saison à Long Beach, le 9 avril. Vous pensez que le triplé est accessible ?
Cette 1ère victoire est évidemment encourageante. C'est la manière idéale de débuter une saison. Jamais, depuis 1979, un pilote n'a gagné trois fois de suite le championnat. C'était arrivé aux origines du Champ Car en 1946, 47 et 48 mais les voitures n'avaient vraiment rien à voir ! Le triplé est donc un beau challenge, c'est toujours sympa de chercher à établir un record. Mais je ne cours pas seulement pour avoir mon nom dans les livres d'histoire du sport automobile.

Qu'est-ce qui différencie le Champ Car de la Formule 1 ?
Les voitures se ressemblent mais l'un des avantages du Champ Car, c'est d'être une compétition plus équitable, plus serrée que la Formule 1. Tous les pilotes ont la même voiture. On peut bien sûr la développer ensuite pour augmenter ses capacités mais le Champ Car fait la part belle au pilotage. Savoir que l'on va partir à chances égales, c'est sympa. Sinon, il y a beaucoup moins de technologies : pas de direction assistée, pas de boîte automatique au volant... Et le Champ Car se dispute sur des circuits urbains, pas tellement sur des "ovales".

"L'acteur Paul Newman est plus que mon patron d'écurie. On partage la même passion et c'est en quelque sorte mon grand-père spirituel"

L'ambiance qui entoure cette compétition est-elle différente aussi ?
Disons que le Champ Car est plus "open" que la Formule 1. Pour 30 ou 40 dollars, les spectateurs peuvent avoir accès aux paddocks. Tout est fait pour que les gens voient tout : la course mais aussi les coulisses, les voitures, les ravitaillements... Des séances d'autographes sont aussi systématiquement organisées un jour avant la course.

Après avoir commencé le sport automobile en France, vous vous êtes exilé aux Etats-Unis en 2003. Comment êtes-vous arrivé en Champ Car ?
En 2002, après des essais concluants en Formule 1, j'avais signé un pré-contrat dans l'écurie Arrows. Malheureusement, celle-ci a fait faillite. J'ai effectué d'autres tests chez Renault mais ça n'a pas abouti.
Dès que l'écurie américaine Newman-Haas a su que je ne courrais finalement pas en Formule 1, elle m'a fait faire un essai en Champ Car. Ça s'est bien déroulé et comme je souhaitais rester en monoplace, j'ai décidé de partir aux Etats-Unis.

L'écurie pour laquelle vous courrez appartient notamment au célèbre acteur Paul Newman. Quel lien entretenez-vous avec votre "patron" ?
Je ne peux pas dire que Paul est mon patron. Il est plus que ça. On partage la même passion et c'est en quelque sorte mon grand-père spirituel.
La première fois que je l'ai vu, c'était en 2003, à Sebring, après les premiers essais de la saison. J'étais le "petit nouveau" en Champ Car mais ce jour là, j'ai réalisé le meilleur temps. J'ai vu que ça l'avait bluffé. Ensuite, on s'est revu lors d'un repas avec l'équipe. Je ne le connaissais pas beaucoup mais on s'est mis à parler de tout : de l'actualité, de la France, de la Formule 1... Le courant est très bien passé. Depuis, on ne rate pas une occasion d'aller se faire des courses de karting ensemble.

"Le titre 2004 a été très intense. Il a fallu attendre la dernière course pour gagner le championnat"

Quel est, jusqu'ici, le meilleur souvenir de votre carrière?
Ouh là ! Il y en a plusieurs. Mon 1er titre majeur, en 1999, en Formule 3,a été un grand moment. L'équipe Elf n'avait encore jamais gagné et du coup, c'était magique. Et puis c'est à partir de ce moment là que j'ai su que je pourrais vivre du sport automobile.
Il y a eu la course de Denver en 2004. Je suis parti quasiment dernier à cause d'un incident en tout début de course et j'ai remonté les autres pilotes un par un pour finalement m'imposer. Le titre 2004 a aussi été très intense. Il a fallu attendre la dernière course pour gagner le championnat. Une 1ère victoire en professionnel, c'est beaucoup d'émotion. Le titre 2005 avait un peu moins de saveur : j'ai été sacré une course avant la fin.

En France, deux chaînes de télévision retransmettent le Champ Car. Vous n'y êtes pas pour rien... Etes-vous satisfait de promouvoir ainsi votre sport ?
Bien sûr. Je crois que les médias ont besoin de parler de pilotes français qui brillent, même si ce n'est pas en Formule 1. Les Français cherchent quelqu'un à supporter et ça me fait plaisir que ce soit moi. Mais il ne faut pas se voiler la face. Aujourd'hui, le Champ Car n'intéresse que les passionnés de sport automobile, le grand public n'est pas encore au rendez-vous.

"Les places en Formule 1 sont chères. Il n' y a
pas que le côté "performances"
qui joue"

Vous espérez encore intégrer la Formule 1 ?
Oui, mais je sais que c'est difficile. Les places sont chères. Il n'y a pas que le côté "performances" qui joue. C'est très politique aussi : il faut que cela cadre avec les stratégies des constructeurs. Mais j'étais au courant des règles dès le début, alors je ne me plains pas. Je remporte des courses, je gagne ma vie en faisant ce que j'aime, je vis en Floride où le soleil brille toute l'année ! Je crois qu'il y a plein de gens qui aimeraient être à ma place !

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Sébastien Bourdais, un champion précoce
Né au Mans, d'un père pilote (Patrick Bourdais a participé de nombreuses fois aux 24 heures du Mans), Sébastien était prédestiné au sport automobile. "Mon père m'a acheté ma 1ère Yamaha à trois ans. J'ai fait de la moto avant même de savoir faire du vélo !" plaisante le champion. Il commence le karting à l'âge de 10 ans. Deux ans plus tard, il termine 4ème du championnat de France Cadets. Après un titre de champion de France de Formule 3 en 1999 puis de champion du monde de Formule 3000 en 2002, Sébastien Bourdais fait ses 1ers essais en Formule 1. Malheureusement, les portes de la compétition phare lui restent fermées. Il part alors pour les Etats-Unis en 2003 pour évoluer en Champ Car, compétition qu'il remporte en 2004 et 2005.

En savoir plus
» Le site officiel de Sébastien Bourdais
 
 Marie Rialland, L'InternauteSport
 
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