Ils manquent d'eau à leur domicile depuis que le data center de Facebook s'est construit près de chez eux

Ils manquent d'eau à leur domicile depuis que le data center de Facebook s'est construit près de chez eux La construction d'un data center de Meta, maison mère de Facebook, inquiète une famille vivant juste à côté.

Essentiels à Internet, les data centers (centres de données) stockent les applications et données de milliards d'utilisateurs. Ces installations physiques sont principalement construits aux États-Unis, qui en comptent à eux seuls 5 381, contre seulement 521 en Allemagne, selon des données Statista de mars 2024. Et leur développement s'accélère partout sur la planète.

Or, ces installations sont extrêmement gourmandes en ressources, surtout en eau et en électricité, afin de faire fonctionner les serveurs (2% de l'électricité mondiale selon ADEME). Elles utilisent chaque jour des millions de litres d'eau pour refroidir les serveurs et produire l'électricité nécessaire à leur fonctionnement. Ceux de Meta (groupe éditant Facebook) consomment, à eux seuls, environ 2 millions de litres par jour. Une pression qui se fait ressentir jusque dans les maisons voisines, comme le rapporte le New-York Times.

Beverly et Jeff Morris vivent à 300 mètres d'un centre de données flambant neuf construit par Meta dans le comté de Newton, en Géorgie. Après que l'entreprise a rasé la forêt de chênes au bulldozer en 2019, le quotidien du couple a basculé : leur lave-vaisselle, machine à glaçon, lave-linge et toilettes ont cessé de fonctionner. En l'espace d'un an, la pression de l'eau, provenant d'un puit, s'est affaiblie jusqu'à n'être plus qu'un filet. Aujourd'hui, seulement une salle de bain est utilisable, qu'ils partagent avec leur fils adultes atteint de trisomie 21, et certains robinets ne fonctionnent plus du tout.

Un problème que Jeff Morris, 67 ans, attribue à l'accumulation de sédiments dans l'eau, exacerbé par la construction de Meta. Résultat : appareils électroménagers remplacés trois fois et sédiments au fond de la piscine. "On a l'impression de mener une bataille perdue d'avance, une bataille que nous n'avons pas engagée", a déclaré Mme Morris, 71 ans au journal. Le couple a déjà emprunté 5 000 dollars pour régler ses problèmes d'eau, mais ne peut pas financer les 25 000 nécessaires pour remplacer le puit. "J'ai peur de boire notre propre eau."

M. Morris a dû retarder sa retraite. Ils ont essayé de vendre la maison, sans succès. "Notre agent immobilier nous a dit : 'Il n'y a qu'une seule personne qui pourrait être intéressée par ce terrain : Facebook', raconte-t-elle. Trois voisins ont eux aussi eu des soucis d'eau depuis l'arrivée du data center. En mai, après la diffusion d'un reportage du média More Perfect Union, Meta a envoyé un représentant sur place. L'entreprise a proposé d'analyser l'état du puits et d'installer un éclairage pour limiter les nuisances visuelles, mais n'a reconnu aucune responsabilité. Lorsqu'elle a évoqué sa peur de cuisiner avec l'eau du robinet, l'un des employés lui aurait suggéré de la faire bouillir. Une affirmation que Meta dément.

Le cas des Morris illustre une crise plus large dans le comté de Newton (120 000 habitants). Attirés par le faible coût de l'électricité, les géants du numérique s'y installent massivement, même en période de sécheresse, car l'eau reste bien moins chère. Mais depuis, les puits se détériorent, indique le New York Times, la facture d'eau grimpe et la pénurie guette. Le data center de Meta représente 10% de la consommation quotidienne du comté, selon Mike Hopkins, directeur de l'Autorité locale de l'eau. Selon un rapport publié en 2024, Newton est en passe de connaître un déficit hydrique d'ici 2030. Le rationnement de l'eau pourrait devenir la seule solution.