Renault : 7 500 postes supprimés, tous les détails

Renault : 7 500 postes supprimés, tous les détails Le constructeur automobile a annoncé la suppression de 7 500 postes en France, l'une des pires réductions d'effectifs de son histoire. Pourquoi ? Comment ? Qui sera concerné ? Les détails.

Après PSA qui a annoncé en décembre 8 000 suppressions de postes et la fermeture de l'usine d'Aulnay-sous-Bois, les chiffres calamiteux de l'industrie automobile française vont faire d'autres victimes collatérales. Renault, qui se trouve pourtant en meilleure santé que son principal concurrent dans l'Hexagone, vient d'annoncer la suppression de 7 500 postes en France, l'un des pires "plans sociaux" de son histoire. Les syndicats ont été les premiers informés de ce plan qui prévoit 5 700 départs naturels (départs en retraite non remplacés). Entre 2013 et 2016, la direction envisage également 1 800 départs supplémentaires. Des départs qui se feront principalement par le biais des "carrières spécifiques" : une dispense d'activité rémunérée à 75 % qui était jusqu'à présent réservée aux salariés en fin de carrière ou soumis à des conditions de travail particulièrement pénibles.

Il s'agit d'un des pires régimes de l'histoire de la marque au losange qui perd 15 % des effectifs actuels. L'accord devrait être soumis à l'adoption des syndicats sur lesquels la pression est déjà montée très vite. Selon Gérard Leclercq, l'un des cadres de Renault en France, un accord éviterait en effet les "fermeture de site, plans de sauvegarde de l'emploi, et autres plans de départ volontaire". La direction promet également en contrepartie des embauches sur des postes "critiques" pour faire avaler la pilule aux représentants des salariés.

La crise de l'automobile française en France

Le but de ce régime drastique du constructeur est simple : en réduisant drastiquement ses effectifs, aujourd'hui composés de 44 642 personnes en France, Renault ferait une économie de 400 millions d'euros sur ses frais fixes et retrouverait ainsi des "marges de manœuvre pour investir et développer ses activités", selon ses dirigeants.

Début janvier, les chiffres des ventes de voitures en 2012 se sont révélés catastrophiques, la chute du marché des voitures neuves atteignant 14 % et ramenant le nombre d'immatriculations à 1,9 million. Un niveau correspondant à un bond de 15 ans en arrière, ce chiffre correspondant peu ou prou à celui de 1997. En valeur, le chiffre correspondait à une baisse de 300 000 véhicules vendus en moins par rapport à 2011. La faute principalement à la crise, mais aussi à la maturité du marché français, le taux d'équipement en automobile étant élevé (600 véhicules pour 1000 habitants contre 40 pour 1000 en Chine ou en Inde, selon un analyste cité par Europe 1 récemment).

Les constructeurs français souffrent en outre d'une concurrence accrue. Renault et PSA ne représentaient "que" 53 % des ventes au premier semestre 2012 contre 57 % l'année précédente. A l'inverse, les constructeurs allemands comme Volkswagen et les marques low-cost sont parvenues à se maintenir, les premiers par l'image et la qualité, les seconds par le prix. De nombreux experts pointent le manque de stratégie des constructeurs français dans ce marché très concurrentiel. Le pays ne produit plus de modèle mythique comme la DS et manque d'image de marque, préférant se spécialiser dans le milieu de gamme depuis les années 1990, avec par exemple la Clio. Un véritable handicap dans un marché de plus en plus bipolarisé entre le haut de gamme et le low-cost.

Les surcapacité de production, l'outil de production vieillissant et le coût de la main d'œuvre sont aussi parfois pointés pour expliquer la situation actuelle.

Une succession de plans

Si le chiffre (7 500 départs) est l'un des plus élevés jamais atteints chez Renault, ces suppressions de postes arrivent après plusieurs plans sociaux déjà importants chez le constructeur ces dernières années. En 2008, Renault annonçait coup sur coup un plan de départs volontaires de 4 000 postes en juillet sur ses sites français, dont 1 000 à l'usine de Sandouville, puis un plan de suppressions de 2 000 emplois en septembre dans ses filiales européennes, dont 900 en France.