Affaire Karine Esquivillon : l'arme retrouvée, le mari auditionné
[Mis à jour le 21 juillet 2023 à 23h07] Le dénouement tragique de l'affaire du meurtre de Karine Esquivillon, survenu le 27 mars dernier à Maché (Vendée), a pris une tournure décisive avec la découverte de l'arme du crime. En effet, les enquêteurs ont réussi à mettre la main sur le fusil de Michel Pialle, ex-compagnon de la victime, suite à de longues semaines de recherches et de mystères qui ont maintenu l'opinion publique en haleine. Michel Pialle, âgé de 51 ans, a fini par avouer son implication dans cette tragédie. Cependant, sa version des faits laisse perplexes les autorités. Il prétend que le coup de feu fatal est parti par accident alors qu'il nettoyait une carabine 22 long rifle, ignorant qu'elle était chargée. Ses aveux, après des semaines de mensonges et de mises en scène, ont été confrontés à des éléments accablants, forçant le suspect à révéler la vérité.
L'enquête a été particulièrement complexe, avec la découverte en juin de deux chargeurs et un silencieux dans une rivière à proximité du domicile familial. Michel Pialle a reconnu avoir démonté l'arme du crime et en avoir dispersé les morceaux dans deux endroits distincts du cours d'eau, dans une tentative évidente de faire disparaître les preuves compromettantes. Récemment, le mis en examen a été soumis à une nouvelle audition par le juge, afin d'approfondir sa version des événements. Cette confrontation a permis d'établir la responsabilité du suspect dans la disparition tragique de son épouse. Le contexte de la garde à vue prolongée semble avoir joué un rôle déterminant dans le dénouement de cette sombre affaire.
Dès le début des investigations, Michel Pialle avait essayé de brouiller les pistes en multipliant les apparitions médiatiques. Il avait ainsi affirmé que sa femme avait quitté le domicile familial de son plein gré. Ces déclarations faisaient partie d'un stratagème visant à dissimuler sa culpabilité et à éloigner les soupçons. Cependant, la vérité finit toujours par émerger, et dans ce cas, elle a été tragiquement révélée lorsque le corps sans vie de la victime a été retrouvé dans un bois, à 10 kilomètres de chez eux. Ce sombre événement a plongé toute une communauté dans le deuil et la consternation, tandis que la justice tente de faire toute la lumière sur ce drame.
Les aveux du mari de Karine Esquivillon
Michel Pialle, le mari de Karine Esquivillon, qui soutenait l'hypothèse d'un départ brutal mais volontaire de sa femme, avec qui il vivait encore malgré une séparation, a finalement avoué avoir tué la mère de famille et permis aux enquêteurs de retrouver la dépouille. Au moment de passer aux aveux, Michel Pialle a qualifié la mort de Karine Esquivillon d'accident. Selon sa version des faits, la quinquagénaire aurait pris une balle tirée involontairement alors qu'il était en train de nettoyer une de ses armes à feu. L'homme est un tireur sportif et détient à ce titre cinq armes à feu, précise Le Parisien.
Ces aveux ont mené Michel Pialle devant un juge d'instruction au tribunal de La Roche-sur-Yon pour une comparution durant laquelle le suspect pourrait faire de nouvelles déclarations. Mais les aveux ne signent pas la fin de l'enquête, au contraire le parcours judiciaire de cette affaire va pouvoir progresser.
Michel Pialle a-t-il prémédité le meurtre de Karine Esquivillon ?
Les enquêteurs qui ont accumulé des éléments incriminants Michel Pialle ces dernières semaines ne sont pas convaincus par la version des faits déroulée par le suspect sur la mort de Karine Esquivillon. La thèse d'un meurtre accidentelle est possible, mais fragile. L'activité de tireur sportif du suspect sous-entend que Michel Pialle sait manœuvrer une arme et est au fait des mesures de sécurité nécessaire notamment lors du nettoyage des armes. D'autres éléments peuvent être considéré comme des signes de préméditation du meurtre, en particulier des messages effacés retrouvés sur le téléphone de Karine Esquivillon.
Le téléphone de la victime retrouvé le 9 avril a révélé aux enquêteurs plusieurs éléments : il a été allumé à plusieurs reprises entre le 27 mars et le 9 avril et l'objet activé les mêmes relais téléphonique que le portable de Michel Pialle à chaque utilisation, signe que le suspect devait être en possession du téléphone. C'est lui qui aurait envoyé, de la part de sa femme tuée, des messages et des photos notamment de la dune du Pilat à ses enfants, pour dissimuler la mort de la victime. Des messages supprimés ont aussi attiré l'attention des enquêteurs rapporte BFMTV : le SMS justifiant le pseudo départ de Karine Esquivillon envoyé au numéro du suspect le 27 mars, a été envoyé une première fois le 14 mars avant d'être effacé.
Si le meurtre de Karine Esquivillon s'avère prémédité, alors se posera la question du mobile. Aucune piste n'est encore privilégiée, mais la peur d'une éventuelle séparation est évoquée par Le Parisien. D'après Michel Pialle, le couple vivait sous le même toit mais était séparé depuis plusieurs années. Pourtant, cette séparation n'est pas mentionnée par les proches du couples, une amie de Karine Esquivillon a au contraire décrit un "couple formidable que tout le monde aimerait avoir" sur BFMTV. Est-ce que Karine Esquivillon envisageait de quitter le domicile ? Une telle décision aurait-elle poussé le suspect à s'en prendre à son ex-femme ?
Pourquoi Michel Pialle a menti sur la disparition de Karine Esquivillon ?
Durant les deux mois et demi de recherches après la disparition de Karine Esquivillon, Michel Pialle a multiplié les prises de parole dans les médias soutenant la thèse du départ volontaire. Un comportement qui interroge après les aveux du suspect. L'étude du profil de l'homme de 51 ans a révélé des tendances mythomaniaques, le suspect aurait donc pu mentir sur la mort de sa femme pour dissimuler le meurtre survenu, selon lui, par accident.
Le passé de Michel Pialle qu'il soit amoureux ou judiciaire montre également la propension au mensonge du suspect. Les archives de la vie de quinquagénaire ont révélé des condamnations pour escroquerie, mais aussi une psychologie caractérisées par certaines fragilités d'après les expertises psychiatriques réalisées lors du divorce de Michel Pialle avec sa première femme.
Le rappel des faits
Pour rappel, Karine Equivillon a disparu de son domicile familial depuis le 27 mars dernier. Après quelques messages envoyés à ses enfants dans les jours qui ont suivi, plus rien. Les gendarmes douteraient que la femme soit l'autrice de ces SMS, car ils auraient été émis dans le secteur de Maché. Comment expliquer qu'elle ait pu les envoyer en étant proche de sa maison, plus d'une semaine après sa disparition ? Les soupçons de l'enquête se portent donc sur Michel Pialle qui pourrait, selon un scénario non établi, en être l'auteur avant de se débarrasser du téléphone qui a été retrouvé sans carte SIM dans un fossé non loin de sa maison par le maire du village.
Le profil de Michel Pialle motive également les soupçons de l'enquête : il a déjà été condamné à de multiples reprises pour des escroqueries liées à son travail de vente à distance, mais c'est surtout un jugement pour divorce qui fait tiquer les enquêteurs. En 2003, il est ainsi décrit comme un homme ayant "un comportement mythomaniaque capable d'inventer des scénarios rocambolesques", selon le Parisien.
L'enquête de la gendarmerie est toujours en cours
Une information judiciaire a été ouverte le 17 avril par la procureure de la République de la Roche-sur-Yon pour "enlèvement et séquestration". Le 14 juin, jour de l'interpellation de Michel Pialle, l'enquête a été élargie au chef de "meurtre". La section de recherches de la gendarmerie de Nantes mène toujours des investigations dans les alentours de Maché (Vendée), commune de la disparue, après avoir sondé un lac et les terres alentours, plusieurs perquisition ont été réalisées au domicile de la victime. Lors de la dernière perquisition, menée le 14 juin, les enquêteurs ont notamment retrouvé la livret de famille avec lequel Karine Esquivillon était censée être partie selon les premières déclarations du principale suspect.
L'enquête sur l'affaire Karine Esquivillon prend un nouvelle tournure avec les aveux faits par Michel Pialle le 16 juin. Les enquêteurs doivent encore déterminer le mobile du meurtre et s'il s'agit vraiment d'un accident ou non. Toutes les circonstances du meurtre doivent être mises au clair et l'information judiciaire pourrait durer encore plusieurs mois.
Les proches de Karine Esquivillon doutaient de Michel Pialle
Avant sa mise en examen pour "meurtre", les proches de Karine Esquivillon avaient émis des inquiétudes quant à la probable implication du mari dans cette affaire. Le premier époux de la quinquagénaire, et père de deux de ses enfants, avait ainsi confié à RTL son manque de confiance pour Michel Pialle : "J'ai eu Thomas et Antoine et je leur ai dit d'aller à la gendarmerie, déclarer la disparition. Ils m'ont dit que Michel l'avait déjà fait." Avant de surenchérir : "Je leur ai dit : 'Vous occupez pas de Michel, vous êtes ses enfants et c'est votre devoir, vous devez le faire aussi'." Dans la même interview, il avait indiqué que le suspect avait donné deux versions différentes à ses enfants : "C'est pas bon. On a commencé à se poser beaucoup de questions." RTL avait également reçu une amie de la disparue qui expliquait que la disparition de Karine Esquivillon était, selon elle, anormale et assurait qu'elle n'avait pas pu partir de son plein gré, "sinon, elle serait partie avec ses enfants".
"Je suis accablée, c'est terrifiant, je suis bouleversée", avait également réagi Adelaïde Esquivillon, la sœur de Karine, au micro de BFM TV. "Je prie le ciel pour qu'il n'ait rien fait", avait-elle également lâché alors que l'information judiciaire, qui avait initialement été ouverte pour "enlèvement et séquestration", venait d'être élargie à des soupçons de "meurtre". Au micro de la chaîne d'information en continu, Adelaïde Esquivillon n'avait toutefois pas cessé de remettre en question la version de Michel Pialle, qui affirmait encore que Karine était partie d'elle-même, en emportant notamment le livret de famille ainsi qu'une grosse somme d'argent et des effets personnels. "Ses enfants, c'était tout pour elle !" avait insisté Adelaïde Esquivillon, ajoutant : "Après, on peut avoir un mal-être profond, mais il y a trop de circonstances bizarres, troublantes. J'ai du mal à croire qu'elle soit partie comme ça dans l'après-midi."
Quels sont les éléments troublants sur le mari de Karine Esquivillon ?
Deux thèses existaient : premièrement, celle d'une fugue, volontaire, défendue par Michel Pialle, lequel avait signalé la disparition de Karine Esquivillon ; deuxièmement, celle d'un enlèvement, infraction pour laquelle une information judiciaire a été ouverte par le parquet de La Roche-sur-Yon. Le conjoint de la disparue a affirmé sur BFM TV qu'elle "est partie volontairement, c'est certain." Mais son récit est troublé par la chronologie des faits.
Une semaine pour signaler la disparition
Selon les informations de Ouest-France, Karine Esquivillon, qui a disparu depuis le 27 mars, aurait échangé des messages avec Michel Pialle jusqu'au 31 mars. Que s'est-il passé durant ces quatre jours ? Mystère. L'homme n'a ensuite signalé la disparition que le 3 avril, soit une semaine jour pour jour après. Un délai qui interroge. "J'étais persuadé qu'elle allait revenir", s'est-il défendu. D'autant que selon ses dires, la mère de famille aurait prévenu de son départ.
Selon lui, la plus jeune fille du couple a reçu un dernier message de Karine Esquivillon le 31 mars : "Elle a dit à ma fille qu'elle ne donnerait plus de nouvelles quelques jours, car elle allait dans un pays chaud." Deux jours plus tard, Michel Pialle signale la disparition de sa femme à la gendarmerie. Un timing troublant pour la justice.
Les forces de l'ordre ont perquisitionné le domicile familial : téléphones et ordinateurs sont saisis, les cendres de la cheminée sont analysées et le puits est sondé. Les armes du mari ont été confisquées le temps de l'enquête : "J'avais des armes chez moi, car je pratiquais le tir, mais elles étaient toutes déclarées, je ne me sens pas accusé, j'ai ouvert ma porte sans crainte" a-t-il expliqué.
L'un des enfants se montre plus inquiet auprès de la gendarmerie
Si une semaine s'est écoulée entre la disparition de Karine Esquivillon et le signalement auprès des gendarmes, un nouvel aspect du dossier a été dévoilé par BFM TV : le site d'infos en continu avance que l'un des enfants majeurs de la mère de famille, issu d'une première relation, a également contacté à son tour les militaires, le 8 ou le 9 avril. Selon les éléments obtenus, il aurait souhaité avoir confirmation que Michel Pialle avait bien signalé la disparition de sa mère. Une vérification qui interroge les enquêteurs, d'autant que l'enfant se serait montré très inquiet.
Un téléphone retrouvé allumé deux semaines après la disparition
Autre élément troublant dans le dossier : le portable de Karine Esquivillon a été retrouvé le 9 avril, 13 jours après que la quadragénaire a été vue pour la dernière fois. Découvert par hasard, sans carte SIM, dans un fossé par le maire de la commune, le téléphone était "parfaitement propre et sec", avec "un niveau de batterie très bon." De quoi laisser entendre que le téléphone n'était là que depuis quelques heures. Impossible de conserver un niveau de batterie élevé durant plusieurs jours, même sans utilisation.
Le mari affirme avoir reçu un mystérieux SMS
Au début de l'enquête, Michel Pialle a détaillé aux forces de l'ordre sa dernière journée en compagnie de Karine. Il est le dernier à l'avoir aperçue : "J'étais tout au fond de mon terrain pour essayer de retrouver mon chat qui s'était enfui, quand je suis rentré dans la maison, il n'y avait plus de trace de Karine." Quelques minutes plus tard, il a reçu ce SMS, comme il en a témoigné dans le Figaro: "Je pars, je n'en peux plus d'être à deux mais plus en couple, on vient me chercher, je passerai prendre des affaires." Le couple avait quitté la région parisienne il y a 18 ans pour s'installer en Vendée.
Michel a alors constaté que sa femme avait disparu avec des habits, des outils d'hygiène et le livret de famille. Le mari est convaincu de son retour : "J'avoue ne pas l'avoir remarquée en train de préparer son départ, mais vu que c'est quelqu'un de peureuse, je me suis dit que dans trois quatre jours, elle serait de retour." Les deux vivaient sous le même toit alors qu'ils seraient séparés depuis quatre ans. Karine ne travaillait plus depuis plusieurs années pour s'occuper de leur maison et des deux enfants les plus jeunes, dont son fils atteint de surdité. Son mari revend des objets anciens depuis leur domicile.
Michel Pialle avait porté plainte pour cyberharcèlement
"Depuis la disparition de Karine Esquivillon, Michel Pialle, son époux, et leurs enfants, sont victimes de nombreux actes de malveillance en ligne susceptibles de caractériser l'infraction de cyber-harcèlement", a expliqué Antoine Ory à BFMTV, l'avocat de Michel Pialle, en annonçant porter plainte pour cyberharcèlement, le 2 juin.
Selon l'avocat de la famille : "Ces faits sont commis par des individus qui, pour certains d'entre eux, sont d'ores et déjà identifiés et seront visés prochainement par une plainte pénale, tandis que d'autres, agissant lâchement sous couvert d'anonymat, devront être identifiés."
Ces messages en ligne affluent au fil de l'enquête et de l'apparition d'éléments en contradiction avec les témoignages du mari. Ils cristallisent ainsi les soupçons des internautes sur la disparition de sa femme. Michel Pialle est le principal suspect dans cette affaire en tant que dernière personne à avoir vu Karine Esquivillon. Il s'était confié aux caméras de TF1 fin avril : "Ça fait pratiquement deux mois qu'on n'a pas de nouvelles. Oui, j'ai plus qu'une crainte. Tout ce qu'on veut c'est avoir des nouvelles de Karine. Juste ça, ça suffira."
Michel Pialle plusieurs fois condamné
Ouest France révélait l'information le 30 mai : Michel Pialle a été mis en cause pour une escroquerie aux faux lingots d'or en 2021. Il a également été condamné à neuf reprises entre 1998 et 2021 pour des affaires "d'escroquerie", "faux et usage de faux" et "contrefaçon". Cet homme fait de la vente à distance à son compte. Il possède sa société depuis 2009.
La justice ne l'a pas mis en cause après plusieurs fouilles avancées dans le domicile familial. Ses armes de chasse et ses téléphones portables ont été saisis pour le besoin de l'enquête. Michel Pialle est donc présumé innocent à ce stade de l'affaire.
Michel Pialle affirmait que Karine Esquivillon est partie d'elle-même
Cité depuis le début de l'affaire, Michel Pialle a répondu à plusieurs médias. Auprès de France 3, il s'est dit "convaincu qu'elle est partie volontairement", énumérant à France Bleu qu'"elle a pris de l'argent, son portefeuille, son sac-à-main... Un tas de choses, qu'elle avait déjà préparé d'avance, je pense." Face aux accusations portées à son encontre, l'homme rappelle que les enquêteurs ont déjà fouillé son jardin ainsi que les puits de la propriété. "Ils ont tout fouillé", assure-t-il. Lui appelle plutôt la disparue à donner un signe de vie : "Ce qu'on veut, c'est savoir si elle va bien. Si elle ne veut plus nous voir, d'accord, mais qu'elle le dise. Au moins, on sera rassuré. Si elle veut refaire sa vie, qu'elle nous le dise. Certes, cela nous prendra des mois, voire des années à s'en remettre, même pour les enfants. On ne la jugera pas, c'est son choix, mais au moins, on sera tous libérés."