Procès de l'attentat de Nice : l'accusé choque avec des propos "de lâche"

Procès de l'attentat de Nice : l'accusé choque avec des propos "de lâche" Brahim Aouissaoui, Tunisien de 25 ans est jugé à partir de ce lundi pour l'assassinat de trois personnes en octobre 2020 à Nice. Ce dernier assure ne se souvenir de rien. Un neuropsychiatre parle lui d'une "amnésie utilitaire".

Le procès du Tunisien Brahim Aouissaoui, 25 ans, auteur présumé de l'attentat de la basilique de Nice le 29 octobre 2020, s'ouvre ce lundi 10 février 2025 devant la cour d'assises spéciale de Paris. Il comparaît pour assassinats et tentatives d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste et encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Sa défense, elle, a de quoi surprendre : il ne se souvient de rien. 

"Une telle défense ne peut pas tenir"

En octobre 2020, il avait presque décapité Nadine Vincent, blessé une mère de famille franco-brésilienne âgée de 44 ans : Simone Barreto Silva de 24 coups de couteau. Il avait également égorgé le sacristain Vincent Loquès, 55 ans. Les trois sont décédés. Mais lui l'assure, il n'a aucun souvenir de ces épisodes. Pourtant, plusieurs éléments vont pour l'instant contre cette version. D'abord, l'écoute de conversations téléphoniques en prison révèlent que "sa prétendue amnésie était pour le moins très exagérée". De leur côté, les avocats des parties civiles dénoncent une "amnésie fictive", et même une "supercherie". Enfin, le neuropsychiatre parle même d'amnésie utilitaire, servant un système de défense.

Un autre élément joue contre lui, son examen médical. En effet, ce dernier n'a révélé aucune lésion cérébrale et l'expertise psychiatrique a conclu une absence d'altération ou d'abolition de son discernement au moment des faits, malgré ses blessures par balles subies pendant l'interpellation des policiers en 2020. Durant les investigations, avant son procès, l'accusé a maintenu ne se souvenir de rien, jusqu'à l'oubli du prénom de ses parents.

Si Joffrey Devillers, le mari de Nadine Vincent, tuée cinq ans plus tôt dit ne pas "attendre grand chose de l'accusé", il dénonce "une défense de lâche", de la part du meurtrier présumé. "Ne pas assumer ses actes, c'est étrange (...) Il y a forcément de l'appréhension, mais c'est un processus important pour notre aspect psychologique", assure-t-il dans les colonnes d'Ici Azur.

L'avocat du mari de Nadine Vincent, Me Soussi estime lui qu'une "telle défense ne peut pas tenir, il dit même ne pas se souvenir de son enfance. Le rapport du neuropsychiatre est sans appel. La première journée peut vraiment être déterminante. Si l'accusé reste sur sa position, il n'en variera plus". Un avis partagé par l'Association française des victimes du terrorisme (AFVT).

L'accusé dit "ne pas connaître le nom de son avocat"

Ce lundi 10 janvier, Brahim Aaouissaoui est apparu "calme dans le box des accusés", révèle Ici Azur. Après avoir décliné son identité "d'une voix fluette", il a répondu "ne pas connaître le nom de son avocat, qu'il a montré d'un signe de la main", poursuit le média local. De son côté, son avocat Me Martin Méchin a annoncé qu'il allait "certainement demander de nouvelles expertises" de Brahim Aouissaoui. "Je suis incapable de vous dire si mon client comprend les enjeux du procès", a-t-il concédé chez Ici Azur.

"Après plus de quatre ans de détention à l'isolement total, la question qui va se poser à l'ouverture de l'audience sera celle de son état de santé mentale actuel, de sa capacité à comprendre les charges qui pèsent contre lui, et donc de sa capacité à pouvoir se défendre comme tout accusé a le droit de le faire", a-t-il également fait savoir. Le verdict devrait être rendu le 26 février.