L'homme se serait mis à parler grâce à ce petit détail, une découverte majeure
Comment les humains ont-ils appris à parler ? Cette question fascine la communauté scientifique depuis de nombreuses années. Pour l'instant, aucune théorie ne fait consensus dans le milieu. Il en effet bien difficile de remonter aux origines du langage. Si l'Homme moderne a longtemps été considéré comme le premier détenteur de cette capacité, des arguments en faveur d'une apparition plus lointaine ont émergé au fil du temps.
Et pour cause : les Homo sapiens modernes possèdent un appareil vocal unique et des circuits neuronaux dédiés à la production et à la compréhension du langage. Mais certains chercheurs avancent que l'usage de la parole chez les Néandertaliens, apparus il y a 250 000 ans, est également possible. "Ils auraient notamment eu la capacité de prononcer les voyelles 'a', 'i' et 'ou', ce qui revient à dire qu'ils auraient pu prononcer autant de voyelles que nous", souligne le Musée national d'Histoire naturelle.
Mais l'Homme moderne et son ancêtre néandertalien partagent surtout une variante du FOXP2, considéré comme le gène de la parole. En revanche, nul ne sait pourquoi les Homo sapiens sont les seuls à avoir développé des langues complexes et diversifiées. Jusqu'à une récente étude.

Ces scientifiques ont mené des recherches sur le rôle essentiel de la protéine FOXP2. NOVA1, l'un des gènes qu'elle contrôle, est associé à un trouble profond de l'expression orale lorsqu'il est muté dans certaines familles. Pour comprendre l'influence de cette mutation, l'équipe a introduit une variante humaine de la protéine NOVA1 chez des souris. Résultat : "Les appels des souris nouveau-nés à leur mère et des souris mâles adultes aux souris femelles avaient changé en tonalité et en complexité", explique Yoko Tajima, l'une des autrices de l'étude.
Mais ces observations prouvent-elles que le gène de FOXP2 est à l'origine de l'apparition de la parole chez l'Homme ? Pas vraiment. Cette protéine est en réalité la même chez tous les mammifères. Malgré tout, cette molécule a provoqué deux changements chez les humains, signe d'une évolution accélérée de l'espèce. Ce lien direct entre le FOXP2 et la communication vocale ouvre donc la voie à l'hypothèse selon laquelle le NOVA1 a pu jouer un rôle clef dans l'évolution du langage humain. D'autant plus que l'émergence des premiers Homo sapiens modernes en Afrique - il y a environ 250 000 à 300 000 ans - coïncide avec son apparition.