Un effet inattendu est constaté sur les fumeurs en France depuis l'augmentation des prix

Un effet inattendu est constaté sur les fumeurs en France depuis l'augmentation des prix Alors que le prix des paquets de cigarettes ne cesse d'augmenter, Santé publique France n'avait pas anticipé ce phénomène plutôt inattendu.

A la veille de la Journée mondiale sans tabac, l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), en partenariat avec Santé publique France, a publié ce mardi 20 mai ses données sur la consommation de tabac par région en 2023 dans l'Hexagone. Et le constat est plutôt encourageant : le tabagisme quotidien est en baisse. 

23,1% des adultes fumaient quotidiennement en 2023, contre 25,1% en 2021. Il s'agit là de la proportion la plus basse enregistrée depuis la fin des années 1990. Cette baisse intervient alors que le prix des cigarettes manufacturées ne cesse de grimper. Le paquet de 20 cigarettes, qui coûtait trois euros il y a quelques décennies, est désormais vendu 12,50 euros en 2025. Pourtant, un phénomène inattendu attire l'attention de l'OFDT : ce sont les personnes les plus précaires qui continuent de fumer le plus.

En effet, la part de la population gagnant moins de 1160 euros par mois fume deux fois plus que celle percevant plus de 2510 euros mensuels. L'écart est tout aussi marqué entre les diplômés de l'enseignement supérieur et ceux n'ayant pas obtenu le baccalauréat. De plus, les personnes au chômage sont celles qui fument et vapotent le plus : en 2023, 35,7% des demandeurs d'emploi fumaient et 8,3% vapotaient, soit les proportions les plus élevées parmi l'ensemble des adultes.

Etonnamment - et c'est un effet inattendu dans ces proportions -, l'augmentation du prix du tabac n'a donc pas vraiment eu d'impact sur les Français les plus précaires, ceux qui font pourtant le plus attention à leur budget. Comment expliquer un tel écart ?

Pour Leontine Goldzahl, enseignante-chercheuse à l'IESEG, les premiers facteurs déterminants du tabagisme chez les plus précaires sont le milieu d'origine et le tabagisme parental : "On a vraiment une reproduction sociale du tabagisme. Dès lors que vos parents fument, vous avez plus de chance vous-même d'être fumeur à l'âge adulte", a-t-elle affirmé auprès de Brut Media en janvier 2023. 

La consommation de tabac chez les plus précaires "force nécessairement les ménages à faire des arbitrages de dépenses en défaveur d'autres dépenses telles que l'alimentation ou d'autres loisirs qu'ils pourraient souhaiter s'offrir", d'après la spécialiste. Hervé Martini, secrétaire général d'Addiction France, met quant à lui en avant le rôle de l'environnement : "Tous les facteurs qui peuvent perturber finalement l'équilibre financier, l'équilibre social, l'équilibre mental d'une personne, ce sont des points de fragilité", a-t-il détaillé auprès de RTL.

Autre facteur : le manque d'accessibilité aux dispositifs de prévention et de soins. Pour les publics précaires, "ce n'est pas la priorité" selon Hervé Martini, secrétaire général d'Addiction France. "La priorité, c'est se loger, c'est chauffer, c'est manger à sa faim", a-t-il affirmé.