Tchernobyl : la centrale pourrait devenir un "site écologique"

Tchernobyl : la centrale pourrait devenir un "site écologique" A Tchernobyl, 30 années après l'accident nucléaire, une arche de confinement gigantesque sera bientôt achevée. Pour un expert, c'est un premier pas vers une transformation radicale du lieu...

[Mis à jour le 26 avril 2016 à 11h49] Il y a trente ans, le 26 avril 1986, personne n'aurait cru à une telle perspective. Pourtant, le 26 avril 2016, on évoque bel et bien la transformation de la centrale de Tchernobyl, en Ukraine, en "site écologique". C'est Michel Chouha, expert des réacteurs des Pays de l'Est à l'IRSN, qui donne cette vision de très long terme de l'évolution du site contaminé. Alors que la cité de Tchernobyl, qui borde la centrale, comme le village de Pripiat, où elle est installée, sont devenus des villes fantômes, ce spécialiste, interrogé par Linternaute.com, indique que le sarcophage en cours de construction pourrait régler le problème de la radioactivité de manière durable.

Un chantier pharaonique est en effet en train de s'achever à Tchernobyl. Mené par Bouygues construction, il vise à construire une arche de confinement suffisamment grande pour abriter la cathédrale de Notre-Dame de Paris. Cette arche surplombera le réacteur numéro 4 détruit, ainsi que le sarcophage construit à la hâte dans les années 1980 pour tenter de contenir la radioactivité qui s'en échappait. Ce sarcophage arrivera en fin de vie théorique à la mi-mai 2016. Et pour Michel Chouha, "des faiblesses commencent à se faire sentir, notamment des fissures importantes laissant s'échapper de plus en plus de radioactivité sous l'effet du vieillissement et des agressions climatiques".

EN VIDEO - Les employés qui construisent la nouvelle arche cachent leurs maladies.

"Tchernobyl : les employés qui construisent la nouvelle arche cachent leurs maladies"

Tchernobyl : une arche pour le confinement, puis le démantèlement

Mais selon l'expert de l'IRSN, l'arche en construction permettra à la fois de protéger ce vieux sarcophage et d'assurer une  étanchéité parfaite entre les matières toujours radioactives se trouvant à l'intérieur et l'environnement extérieur. "L'ambition ultime reste, à terme, la transformation du site de Tchernobyl en site "écologique"." "Un bel exploit humain", termine-t-il, affirmant que des décisions importantes suivront la livraison de l'arche, fin 2017. Il s'agira alors d’inventer une méthode pour démanteler le vieux sarcophage et l'enlèvement de toutes les matières radioactives qu'il renferme. Ce qui ne sera pas une mince affaire...

En attendant, le scénario de science-fiction n'en est qu'à sa situation initiale. Pour l'instant, c'est une "armée de travailleurs", tous protégés des radiations grâce à des dalles de béton épais, qui s'agite dans le décor désolé de Pripiat. Et sur place on peut déjà contempler l'énorme arche, de 110 m de haut et plus de 160 m de large, qui pèsera à terme 30 000 tonnes. Celle-ci est assemblée à côté du réacteur et, une fois achevée, sera "glissée" au-dessus du sarcophage, dans un an et demi. Enorme (elle pourra contenir 12 terrains de football, soit 86 000 m²) et ultra moderne, l'arche de Tchernobyl sera équipée de panneaux anticorrosion et d'un "sas" d'air sec dépressurisé pour éviter la rouille et les émissions de particules radioactives. Elle pourra résister au climat extrême du lieu pendant au moins 100 ans. Mais le chantier a pris du retard : de la date de livraison initiale en 2005, on est passé à 2016 puis "fin 2017" aujourd'hui. les travaux, menés par le consortium Novarka (Bouygues et Vinci), auront coûté 2,1 milliards d'euros, en partie financés par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd).

>> Lire l'interview de Michel Chouha sur notre page spéciale Tchernobyl