Chute de al-Assad : pourquoi la France veut stopper l'arrivée de migrants syriens sur son sol

Chute de al-Assad : pourquoi la France veut stopper l'arrivée de migrants syriens sur son sol Avec la chute du régime al-Assad en Syrie, plusieurs pays européens ont gelé le traitement des demandes d'asile en cours. La France pourrait faire de même.

Bachar al-Assad a été chassé du pouvoir en Syrie par le groupe de rebelles islamistes Hayat Tahrir al-Sham. En Europe, ce changement de situation politique questionne sur l'accueil des migrants syriens. Dès le 9 décembre, l'Allemagne, premier pays européen d'accueil des Syriens, a décidé de suspendre l'examen des demandes d'asile en cours. Des pays comme le Royaume-Uni, le Danemark, l'Autriche, la Suisse, la Suède, la Belgique ou encore la Norvège ont également opté pour ce choix. De son côté, la France est encore en réflexion, mais devrait faire de même.

Depuis 2014, l'Hexagone a accordé le droit d'asile à plus de 30 000 Syriens, selon l'Office français de protection des réfugiés et apatrides. Environ 700 demandes sont actuellement en cours de traitement. L'Ofpra a indiqué suivre "avec attention la situation en Syrie", ajoutant que "cela peut conduire à suspendre provisoirement la prise de décision sur certaines demandes d'asile émanant de ressortissants syriens, en fonction des motifs évoqués".

Si 8 millions de Syriens sont déjà partis sous le régime de Bachar-el-Assad, "il est possible qu'il y ait des départs de gens qui étaient proches du régime, qui peuvent se sentir, à juste titre, menacés par les islamistes" tout comme "certaines minorités", a expliqué Mustapha El-Miri, enseignant-chercheur à Aix-Marseille Université, sur BFMTV. Malgré l'absence de gouvernement en France, le ministère de l'Intérieur démissionnaire a annoncé "travailler sur une suspension des dossiers d'asile en cours provenant de Syrie", selon une source proche du dossier au Figaro, avec une décision prise "dans les heures qui viennent".

Une décision hâtive ?

Si cette décision peut être prise en estimant que la dictature qui a fait fuir les Syriens est tombée, c'est surtout l'incertitude face au nouveau régime qui se met en place qui pourrait pousser à une telle suspension. Cette république islamiste qui s'érige fait craindre que ceux qui quitteront le pays soient, pour certains, des terroristes. Ce serait alors une mesure de précaution.

Cette possible suspension ne fait pas l'unanimité, étant jugée précoce. L'ONG Médecins du monde estime même que cela serait "indécent", sonnant comme une "instrumentalisation politique". Le haut-commissaire de l'ONU aux réfugiés, Filippo Grandi, a, pour sa part, appelé à faire preuve "de patience et de vigilance" sur le sujet.

Concernant le renvoi en Syrie des réfugiés déjà en France, Jean-Noël Barrot, ministre démissionnaire des Affaires étrangères, a indiqué que "leur retour ne pouvait être envisagé que s'ils pouvaient rentrer dans leur pays en sécurité". Ce qui n'est pour le moment pas le cas.