La nationalité américaine achetée par des oligarques russes ? Le projet de "carte dorée" de Trump
Il y a la carte verte et il y aura bientôt la carte dorée pour obtenir le statut de résident permanent aux Etats-Unis. La différence entre les deux dispositifs ? Le prix. Mardi 25 février, Donald Trump a présenté ce projet censé attirer les grandes fortunes aux Etats-Unis et de fait renforcer l'économie américaine. La carte dorée, ou "gold card" en anglais, est décrite comme "une sorte de carte verte à un niveau plus élevé de sophistication" qui sera vendue "environ cinq millions de dollars", a précisé le président américain. Elle sera disponible d'ici deux semaines, soit autour de la mi-mars.
Cette carte dorée permettra, comme sa petite sœur, de s'installer, de travailler et d'investir légalement aux Etats-Unis sans avoir besoin de visa. Sauf qu'à la différence de la carte verte, seuls les plus riches pourront y prétendre. "Les gens riches arriveront dans ce pays en achetant cette carte. Ils seront riches, et ils auront du succès et ils dépenseront beaucoup d'argent et paieront beaucoup d'impôts et emploieront beaucoup de monde", a déroulé Donald Trump. Mais non seulement de bénéficier des privilèges de la carte verte, les détenteurs de cartes dorées pourront "accéder à la citoyenneté américaine", a ajouté le locataire de la Maison Blanche. Il a précisé dans la foulée qu'il ne s'agissait pas d'une attribution automatique de la nationalité américaine, mais plutôt d'un "chemin vers la citoyenneté" à long terme.
L'objectif est affiché et il est purement économique. Donald Trump a d'ailleurs estimé que la carte dorée aller contribuer à l'attractivité professionnelle des Etats-Unis : "Je pense que les entreprises paieront pour amener des gens", notamment des personnes "dans l'informatique qui créent des emplois, des gens de très haut niveau". "Apple et toutes ces entreprises qui veulent que des gens viennent travailler pour eux pourront acheter une carte", a-t-il souligné en encourageant les grands groupes à recourir à son futur dispositif. Le président américain avance que les Etats-Unis pourraient bénéficier des recettes de "la vente d'un million de ces cartes, peut-être plus que cela". A coup de cinq millions par carte, les recettes en question pourraient atteindre les 5 000 milliards de dollars, à condition que les objectifs de vente fixés soient tenus.
Des oligarques russes éligibles à la carte dorée
Si elle s'adresse aux industries, la carte dorée pourra aussi et surtout être demandée individuellement par les personnes qui seraient intéressées et qui auraient les moyens de se l'offrir. Parmi elles, plusieurs oligarques russes paraissent en mesure de l'obtenir alors même qu'ils ont été sanctionnés par la précédente administration américaine en raison de la guerre en Ukraine causée par l'invasion du pays par la Russie. "Je connais certains oligarques russes qui sont des gens très bien", a déclaré le président américain avant d'indiquer qu'il "est possible" que ces derniers soient éligibles au programme.
Des déclarations qui confirment le rapprochement initié entre les Etats-Unis et la Russie ces dernières semaines sur fond de négociations pour mettre fin à la guerre en Ukraine. Elles renforcent aussi le changement du positionnement américain vis-à-vis de la Russie entre le mandat de Joe Biden et le second mandat de Donald Trump.
La notion d'éligibilité évoquée par le locataire de la Maison Blanche, y compris pour les oligarques russes, sous-entend qu'une simple demande ne suffira pas à obtenir la carte dorée, mais les critères d'accessibilité à cette dernière n'ont pas été précisés. Seront-ils purement financiers ou d'autres restrictions seront-elles prises en compte ? Pour rappel, Donald Trump a fait campagne sur le renforcement de la lutte contre l'immigration. De plus, le dispositif de la carte dorée doit "remplacer" la procédure EB-5 qui permet actuellement aux ressortissants étrangers d'obtenir une carte verte après avoir effectué des investissements d'un certain montant aux Etats-Unis. Un "moyen d'obtenir une carte verte à bas coût" selon Howard Lutnick, ministre américain du Commerce, qui va être remplacé par un achat direct de la carte à un prix nettement plus élevé.