Plan de paix à Gaza : ce que contient le projet en 20 points de Donald Trump
La fin de la guerre à Gaza est "très, très proche" a affirmé le président des Etats-Unis. Donald Trump a annoncé avoir proposé un plan de paix en 20 points pour Gaza lors d'une conférence de presse à la Maison Blanche aux côtés du Premier ministre israélien, le lundi 29 septembre, et il en a dessiné quelques contours. Plusieurs pays ont salué la démarche du républicain, y compris l'Autorité palestinienne qui a évoqué des "efforts sincères et déterminés" et a accordé "sa confiance" en la capacité américaine "à trouver un chemin vers la paix" dans un communiqué publié lundi soir. Huit pays arabes, mais aussi plusieurs nations européennes ont eu des réactions similaires.
Une engouement en partie expliqué par le fait que Benyamin Nétanyahou a dit accepter le plan de paix depuis Washington DC. "Je soutiens votre plan pour mettre fin à la guerre à Gaza, qui nous permet d'atteindre nos buts de guerre", a-t-il déclaré lundi soir tout en se gardant le droit de poursuivre la guerre et de "terminer le travail" "si le Hamas rejette [le] plan" de Donald Trump "ou s'il dit l'accepter, mais fait ensuite tout pour le bloquer". Le mouvement islamiste palestinien qui a reçu la proposition de plan de paix entame "une série de consultations au sein de ses cadres politiques et militaires, à la fois à l'intérieur de la Palestine et à l'étranger" pour prendre une décision. Celle-ci pourrait intervenir dès le mercredi 30 septembre selon une source de CBS News selon laquelle le Hamas serait "enclin" à accepter le plan de paix.
Mais sans attendre la réponse du Hamas, le Premier ministre israélien a nettement fait évoluer sa position par rapport au plan de paix dans une allocation diffusé ce mardi 30 septembre, seulement quelques heures après les annonces américaines. Il remet en cause plusieurs conditions du projet trumpien dont le retrait des forces israéliennes à Gaza. "Nous récupérerons tous nos otages, vivants et en bonne santé, tandis que Tsahal [l'armée israélienne] restera dans la majeure partie de la bande de Gaza", a-t-il assuré. Et Benyamin Nétanyahou d'ajouter : "On nous dit : vous devez accepter les conditions du Hamas [...] Tsahal doit se retirer, et le Hamas peut se renforcer, contrôler la bande... Non, non, cela ne se passe pas ainsi".
Fin de la guerre "immédiate" et démilitarisation du Hamas comme de Gaza
La première étape du plan de paix porte sur la fin du conflit armé dans l'enclave palestinienne qui devra être "immédiate" selon Donald Trump. Cela passera pas le retrait progressif des forces israéliennes et le désarmement complet du Hamas. Le président américain n'a pas précisé les différentes étapes du retrait militaire d'Israël, ni si ce dernier interviendra simultanément ou après le désarmement, mais il laisse entendre que celui-ci doit être total. Le plan prévoit également la libération de tous les otages israéliens dans un délai de 72 heures après un feu vert de l'Etat hébreu. En contrepartie, Israël relâchera 250 prisonniers palestiniens condamnés à perpétuité et environ 1 700 Gazaouis capturés après l'attaque du 7 octobre 2023. Des conditions acceptées, puis en partie critiquées par le Premier ministre israélien qui a affirmé le mardi 30 septembre que l'armée israélienne "restera dans la majeure partie de la bande de Gaza".
La démilitarisation du Hamas devra se fondre dans une démilitarisation de la bande de Gaza selon le plan. "Toutes les infrastructures militaires, terroristes et offensives, y compris les tunnels et les installations de production d'armes, seront détruites et non reconstruites. Un processus de démilitarisation de Gaza sera mis en place sous la supervision d'observateurs indépendants", précise le projet. Quant aux membres du Hamas, ceux qui rendront les armes et accepteront une "coexistence pacifique" avec Israël pourront être "amnistiés". Parmi ceux-là, ceux qui voudront quitter Gaza bénéficieront d'un droit de passage "protégé vers les pays de destination".
La bande de Gaza contrôlée par des tiers avant une gouvernance palestinienne
Une fois la paix instaurée, la question de la gouvernance se pose. A ce sujet, le plan de Donald Trump prévoit un comité de paix présidé par ses soins et chargé de superviser un comité palestinien "apolitique et technocratique" qui devra gérer les affaires courantes dans la bande de Gaza. Le texte ne précise pas combien de temps durera cette gérance.
Comme l'enclave ne disposera pas de forces militaires, du fait de la démilitarisation, les Etats-Unis travailleront avec des "partenaires arabes et internationaux pour mettre en place une Force internationale de stabilisation qui doit être immédiatement déployée à Gaza". C'est cette force qui fournira un soutien au quelque "forces de police palestiniennes" qui auront été "approuvées".
L'Autorité palestinienne sera donc mise en retrait au profit de ces forces de transition pendant un temps indéterminé, mais le président américain assure dans son plan que cette autorité pourra "reprendre le contrôle de Gaza de manière sûre et efficace", à plus long terme. Une mesure à laquelle s'oppose le Premier ministre israélien qui souhaite que l'Autorité palestinienne ne joue "aucun rôle" tant qu'elle n'a pas subi "une transformation radicale et authentique".
La reconstruction de Gaza et la reconnaissance d'un Etat palestinien
Le dernier pan du plan de paix porte que la reconstruction de Gaza après presque deux ans de guerre continue. Donald Trump, qui avait évoqué l'idée de créer un "Riviera du Moyen-Orient", a prévu dans son plan de "reconstruire et dynamiser" l'enclave palestinienne. Le plan ne fait pas explicitement mention du projet immobilier précédemment envisagé, mais charge un groupe d'experts ayant contribué à la naissance de "certaines des villes modernes florissantes du Moyen-Orient" de rebâtir la bande de Gaza. Et a la différence de ce que prévoyait le projet de la "Riviera du Moyen-Orient", cette reconstruction n'entraînera pas une obligation de quitter le territoire opposée à tous les Gazaouis : "Personne ne sera forcé à quitter Gaza. Nous encouragerons les gens à rester et leur offrirons l'occasion de construire un Gaza meilleur", est-il écrit dans le texte. A noter que la quasi-totalité des deux millions de Gazaouis a été déplacéé par la guerre.
La bande de Gaza sera donc reconstruite, mais un Etat palestinien sera-t-il reconnu ? Donald Trump ne ferme par la porte à cette idée, malgré l'opposition ferme de Benyamin Nétanyahou, mais il ne l'envisage pas dans un futur proche. "A mesure que le redéveloppement de Gaza progresse et quand le programme de réforme de l'Autorité palestinienne est fidèlement mis en œuvre, les conditions pourraient enfin être réunies pour ouvrir une voie crédible vers l'autodétermination et la création d'un Etat palestinien, que nous reconnaissons comme l'aspiration du peuple palestinien", promet le texte proposé par les Etats-Unis. Une déclaration qui est déjà un peu de côté par rapport à la réaction américaine à la reconnaissance de la Palestine par le France et d'autres pays occidentaux le 22 septembre dernier.
Le Premier ministre israélien a toutefois nié avoir accepté le principe de création d'un Etat palestinien à l'issue du plan de paix dans son allocution diffusée sur ses réseaux sociaux. Il assure que "ce n'est pas écrit dans l'accord" et qu'il n'a "pas du tout" accepté une telle proposition : "Une chose a été clairement dite [au cours des discussions avec Donald Trump] : nous nous opposerons fermement à un État palestinien", a-t-il insisté.
14:45 - Une réponse du Hamas possible dès mercredi
D'après le média américain CBS News, le Hamas pourrait donner sa réponse au plan de paix proposé par Donald Trump ce mercredi. Toujours selon cette même source, le mouvement islamiste palestinien serait "enclin" à accepter ce projet de paix.
13:29 - Le plan de paix est un "échec retentissant" selon un ministre israélien
Le plan de paix pour Gaza proposé par Donald Trump est "un échec diplomatique retentissant" pour Israël selon le ministre des Finances israélien, Bezalel Smotrich. Le ministre qui est une des principales figures d'extrême droite du gouvernement de Benyamin Nétanyahou a fustigé le projet de paix en égrenant un certain nombre des dispositions. Il a qualifié l'ensemble de "mélange indigeste [...] démodé". C'est "un raté historique de la chance la plus légitime au monde de se libérer enfin des chaînes d'Oslo", a-t-il ajouté sur X.
12:32 - Le Hamas étudie le plan de paix et consulte avant de donner une réponse
"Le Hamas commence aujourd'hui une série de consultations au sein de ses cadres politiques et militaires, à la fois à l'intérieur de la Palestine et à l'étranger", a indiqué une source palestinienne sous couvert d'anonymat. Le mouvement islamiste doit notamment prendre position vis-à-vis du plan de paix pour Gaza. Selon la même source, le Hamas fournira une réponse "représentant le Hamas et les mouvements de la résistance", mais les discussions pourraient "plusieurs jours en raison de leur complexité, notamment pour coordonner la communication entre les membres de la direction et les mouvements après l'agression israélienne à Doha".
12:10 - Benyamin Nétanyahou dément le retrait des forces israéliennes à Gaza
Alors que le plan de paix de Donald Trump prévoit un retrait par étapes des forces israéliennes au sein de la bande de Gaza, un retrait qui semble devoir être total et définitif, en parallèle d'une démilitarisation du Hamas, le Premier ministre israélien ne compte pas respecter cette mesure. S'il a dit accepter l'accord lundi soir aux côtés de Donald Trump, ce mardi 30 septembre il a diffusé sur ses réseaux sociaux une allocution filmée durant laquelle il assure que "Tsahal [l'armée israélienne] restera dans la majeure partie de la bande de Gaza".
"On nous dit : vous devez accepter les conditions du Hamas [...] Tsahal doit se retirer, et le Hamas peut se renforcer, contrôler la bande... Non, non, cela ne se passe pas ainsi", a ajouté Benyamin Nétanyahou dans cette vidéo en hébreu publiée sur ses réseaux, dont X et Telegram.