Le Pen : affaires, hypocrisies et homosexualité... Ses derniers secrets révélés
La dernière enquête de Pierre Péan et de Philippe Cohen sort dans les librairies cette semaine et risque de faire du bruit. Dans "Le Pen, une histoire française" (Robert Laffont), les deux journalistes reviennent sur le "menhir", Jean-Marie Le Pen, un homme qui aura divisé la classe politique pendant plus de 50 ans. Tout ou presque a déjà été dit sur ce monument controversé de la politique française et sur la famille Le Pen. Mais dans un livre de 550 pages, les deux enquêteurs ont décidé d'aller encore un peu plus loin, quitte à verser dans le micro détail ou à avancer des hypothèses "abracadabrantesques" pour trouver du nouveau. Plusieurs critiques soulignent déjà le manque d'intérêt de l'ouvrage, d'autres pointent une sorte de complaisance des auteurs vis-à-vis du personnage, comme Patrick Cohen, auteur d'un billet virulent sur France Inter.
Parmi les révélations du livre, dont les bonnes feuilles ont été publiées ce jeudi par l'hebdomadaire Le Point, plusieurs anecdotes soulignent d'abord l'hypocrisie de la classe politique vis-à-vis de Jean-Marie Le Pen. On accepte de parler avec le "monstre", dès lors que la poignée de mains ne se fait pas face caméra. François Mitterrand, Jacques Chirac ou Bernard Tapie, ennemis affichés du personnage, l'ont plusieurs fois rencontré selon les auteurs et auraient même trouvé par le passé des arrangements politiques avec le patron du FN. Jean-Marie Le Pen aurait par exemple échangé plusieurs fois avec Jacques Chirac en 1988. Selon Péan et Cohen, ce dernier aurait même demandé timidement le soutien du FN entre les deux tours de l'élection présidentielle, mais un soutien discret. En 1994, des proches de Jean-Marie Le Pen et de Bernard Tapie auraient arrangé à l'avance le déroulement du célèbre débat entre les deux hommes, face à Paul Amar. Le but : s'écharper sans vraiment mettre son adversaire en difficulté.
Dans le même temps, "Le Pen, une histoire française", confirme que le FN a été plusieurs fois au coeur d'intrigues politiques déjà maintes fois analysées : François Mitterrand aurait volontairement ouvert la porte aux députés frontistes en instaurant une dose de proportionnelle en 1985, pour embarrasser la droite. Le même Mitterrand aurait plus tard instrumentalisé SOS Racisme et un certain Harlem Désir pour lutter contre un Jean-Marie Le Pen devenu encombrant. Le Pen aurait quant a lui choisi une ligne politique d'extrême droite par opportunisme plus que par conviction au sortir de la guerre d'Algérie... Mais les principales révélations du livre sont ailleurs.
Philippe Cohen et Pierre Péan étonnent surtout pour deux thèses qu'ils défendent dans le livre. La première veut que Jean-Marie le Pen, malgré ses propres déclarations (notamment dans la revue Combat en 1962), n'aurait pas pratiqué la torture pendant la guerre d'Algérie. Révélée par un article de Libération en février 1985 et par plusieurs témoins interrogés depuis, la ,torture qu'aurait utilisé Jean-Marie Le Pen pendant cette époque a toujours été sujette à débat. Mais cette fois les auteurs rappellent qu'il n'a jamais perdu un seul procès sur la question et délivrent leur vision des faits : Le Pen aurait "sans doute brutalisé" des révolutionnaires algériens en tant que soldat, mais pas pratiqué la "torture institutionnelle". Il aurait ensuite, toujours selon Péan et Cohen, exagéré les faits par esprit de provocation.
Second passage croustillant mais peu crédible : l'hypothèse d'un passé homosexuel de Jean-Marie Le Pen est rapidement évoquée dans le livre. Les deux auteurs se basent cette fois sur une courte phrase du fondateur du FN lors d'un échange de courriers avec l'ancien ministre socialiste André Labarrère, qui n'a jamais caché quant à lui son homosexualité. "En souvenir de nos délicieux moments passés ensemble", aurait écrit le leader nationaliste sur sa lettre. Selon un homme politique "estimable", mais dont l'identité n'est pas dévoilée dans le livre, Labarrère aurait même déjà confié de son vivant des anecdotes sur Jean-Marie Le Pen, dans lesquelles il était question de "tendre initiation au plaisir entre hommes". De quoi échafauder une théorie tangible sur sa vie privée ? Evidemment non. L'intéressé a d'ailleurs confié aux auteurs que c'est sans doute Labarrère qui aurait "fantasmé" sur lui...
EN VIDEO - Jean-Marie Le Pen a fêté dernièrement les 40 ans du Front national et tiré le bilan de quatre décennies de politique.