L'appartement de 96 m2 de Taubira, un parfum de scandale

L'appartement de 96 m2 de Taubira, un parfum de scandale La ministre dispose d'un appartement de fonction. Mais elle a préféré emménager dans un espace plus grand, bénéficiant d'un traitement tarifaire avantageux. Marianne parle même de "logement social".

[Mis à jour le 7 janvier 2016 à 18h51] Nouvelle épine dans le pied de la ministre de la justice : l'hebdomadaire Marianne assure dans son dernier numéro que Christiane Taubira occupe depuis la mi-décembre un grand appartement de quatre pièces, dans le 17e arrondissement de Paris, dont le loyer serait inférieur au prix du marché, puisqu'il s'agirait d'un "logement social". Marianne, manifestement bien informé, donne de nombreux détails sur ce logement de 96 mètres carrés : situé dans le quartier des Batignolles, près du futur palais de justice, il dispose d'une belle terrasse de 14 mètres carrés et d'un parking. Le tout pour 2 196 euros charges comprises (1 920 euros hors charges), alors qu'il faut compter, selon la Fnaim, au moins 2 600 euros pour un tel bien, sans compter les charges. Toujours selon l'hebdomadaire, l'appartement est géré par l'organisme immobilier de la SNCF. Marianne s'interroge sur une potentielle "fraude" dans la constitution du dossier effectué pour la location du logement quant aux revenus pris en compte : le bailleur aurait enregistré les revenus de 2013 au lieu de ceux de 2014.

L'entourage de la ministre a nié en bloc le caractère social de l'appartement auprès de l'AFP. "La ministre n'est en rien dans un logement social. Tout est légal", a par ailleurs déclaré au Parisien une collaboratrice ce jeudi après-midi, qui parle ouvertement de "diffamation". A l'AFP, un proche de la garde des Sceaux a reconnu que la ministre avait emménagé dans cet appartement le mois dernier, mais qu'elle l'avait quitté lorsqu'elle s'était rendu compte qu'il lui était loué à un prix inférieur à celui du marché, tout en assurant que le traitement tarifaire était avantageux compte tenu des réductions fiscales prévues par la loi Borloo.

Logement controversé : Christiane Taubira dégaine un communiqué

Reste que l'affaire a de quoi embarrasser une ministre fragilisée politiquement, très impopulaire auprès d'une partie de l'opinion. Est-ce pour se prémunir de toute suspicion d'avantages liés à sa fonction qu'elle a préféré quitter ce 4 pièces au bout de quelques semaines ? Sentant la polémique prendre de l'épaisseur, le ministère de la Justice a en tout cas publié un communiqué : "Le logement en question n'est pas un logement social. Il relève d'un dispositif locatif ouvert à tous qui permet aux propriétaires particuliers ou aux bailleurs qui le souhaitent de bénéficier d'une réduction fiscale en contrepartie d'une politique locative modulée en fonction des ressources des locataires. [...] Dès qu'elle a pris connaissance précisément du dispositif, Christiane Taubira a immédiatement résilié le bail qu'elle a signé le 15 décembre 2015".

La garde des Sceaux bénéficie d'un logement de fonction de 60 mètres carrés, mais elle ne s'y est jamais installée, préférant vivre dans un endroit plus spacieux. L'entourage de la ministre assure qu'elle est actuellement à la recherche d'un autre appartement.

HLM ou pas HLM ?

Y a-t-il donc vraiment matière à polémique ? Pour Libération, qui prend la défense de la ministre, pas du tout. Le quotidien rappelle que les prix des loyers des logements sociaux sont bien inférieurs à celui de l'appartement payé par Christiane Taubira, puisqu'il faut compter 1200 euros par mois pour un HLM "PLS", destiné aux classes moyennes. Les journalistes de Libé ont passé du temps sur des sites d'annonces et ont trouvé des appartements situés dans le même quartier, à surface équivalente, pour des prix compris entre 2 000 et 2 200 euros. Selon l'observatoire des loyers de l'agglomération parisienne, le prix médian dans la zone est  de 23,4 euros par mètre carré, ce qui situerait l'appartement de Christiane Taubira autour de 2 250 euros hors charges.

Crédit image - NICOLAS MESSYASZ/SIPA