Une motion de censure contre Gabriel Attal ? Qui va la voter ?
Ce mardi 30 janvier, Gabriel Attal prononcera son discours de politique générale (DPG) devant l'Assemblée nationale sur les coups de 15 heures. Sous le feu de la colère des agriculteurs depuis une dizaine de jours, le Premier ministre est également très attendu au Parlement. Ses 14 ministres devraient être de la partie pour le soutenir face à l'hémicycle. En l'absence de majorité absolue, le discours ne sera pas suivi d'un vote de confiance. En effet, sur 577 députés, 329 font partie de l'opposition.
Traditionnellement, le DPG est suivi d'un vote de confiance au Parlement. Ce vote est remporté si le Premier ministre obtient la majorité absolue. Dans le cas inverse, le gouvernement doit en principe remettre sa démission. Cette procédure n'est pas obligatoire. Pour rappel, Élisabeth Borne n'avait pas engagé la responsabilité de son gouvernement après son DPG, faute de majorité suffisante en juillet 2022.
La gauche déposera une motion de censure ce mardi après-midi
La gauche est déjà dans les starting-blocks, prête à déposer une motion de censure. En effet, cette motion de censure, "signée par LFI, écologistes, PC, PS, sera déposée mardi dans l'après-midi" selon les informations de France Info. Pour l'heure, elle n'a pas été actée formellement en réunion de groupe, même si un texte est déjà monté avant même que Gabriel Attal ne monte à la tribune.
La gauche veut notamment sanctionner le fait que le Premier ministre n'engage pas la responsabilité de son gouvernement après son DPG. "La Nupes compte en faire une motion de défiance. Elle table sur un examen dans l'hémicycle jeudi" rapporte France Info. En effet, un certain délai doit toujours être respecté entre le dépôt et l'examen.
Il est "envisageable" que le RN dépose sa "propre motion de censure"
Mais la gauche n'est pas la seule dans ce cas de figure. Le Rassemblement national se réserve également le droit de déposer une motion de censure à l'issue du DPG de Gabriel Attal. "Il est envisageable que nous déposions notre propre motion de censure" indique Laurent Jacobelli, porte-parole du RN ce mardi sur France Info.
Le député de la Moselle n'a pas souhaité indiquer si le RN s'associera, ou non, à la motion de défiance qui sera déposée par la gauche. "Voter une motion de censure de la gauche ne revient pas à s'associer à la gauche" a-t-il toutefois déclaré. Alors, faut-il s'attendre à une motion de censure propre au Rassemblement national ? Une fois de plus, Laurent Jacobelli tempère. Les députés du RN "écouteront le discours de politique générale". Après "l'allocution, nous déciderons de ce que nous ferons".
Les Républicains restent en retrait
Du côté des Républicains, il n'existe pas de réelle intention de voter cette motion de censure. Ils ne voteront "ni confiance ni censure" avait affirmé le président du parti Éric Ciotti, le 15 janvier dernier. Entre temps, le Conseil constitutionnel a censuré près de 40 % de la loi immigration, dont de nombreuses mesures estampillées LR et imposées à la majorité jusqu'alors. De quoi changer la donne ? Pas vraiment. "On se réserve pour la suite" indiquait cette semaine un dirigeant LR à France Info. "La réponse à ce qu'ils ont fait viendra à un moment ou à un autre" poursuit-il. "Je préfère encore Attal que Mélenchon Premier ministre" confiait même un député LR à nos confrères de France Info ce mardi.
En réalité, le gouvernement a peu de chances d'être renversé par la gauche malgré le dépôt d'une motion de censure de sa part. Pour être adoptée, elle doit forcément être votée par le RN et LR. En revanche, si Les Républicains ne semblent pas enclins à voter une motion de censure après le discours du Premier ministre, une réponse franche à l'épisode de la loi immigration, qui a largement heurté la droite, pourrait intervenir dans les prochaine semaines.